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Retour d’expérience : comment maximiser ses chances de sortir un baby tarpon ?

Parmi les poissons que j’ai eu l’occasion de pêcher lors de mes différents voyages en Guyane, le tarpon est celui qui demande les nerfs les plus solides ! Entre brèves apparitions et grandes remises en question, j’aimerais dans cet article vous livrer quelques leçons apprises dans le dur pour la traque de ce beau poisson.
Pêche du baby tarpon en Guyane française
  1. Entre finesse et rudesse, quel matériel choisir pour la pêche du baby tarpon ?
  2. Retour d’expérience : comment maximiser ses chances de sortir un baby tarpon ?

Précédemment, j’énumérais avec vous le matériel adéquat pour venir à bout de vos premiers baby tarpons et aborder les combats plus sereinement. Malheureusement, cette liste matérielle ne suffit pas à mettre le plus de chances de votre côté pour faire mordre le « roi d’argent ». Plus que les autres, le succès de votre pêche au tarpon dépend de la fameuse devise « bon leurre, bon endroit, bon moment ». Dans cet article, je vous livrerai donc des conseils concernant les deux dernières composantes de cet éternel triptyque, toujours en lien avec mon humble expérience !

Écaille épaisse et nacrée, perdue par un tarpon dans la bataille

Un poisson lève-tôt

L’histoire de ma première rencontre avec les baby tarpons commence dès la sortie de l’avion. En effet, le décalage horaire combiné à l’excitation des expéditions à venir fait que je me réveille naturellement très tôt la semaine suivant mon arrivée. Les premières lueurs matinales sur les coups de 6h sont alors toutes à moi ! Cela tombe bien, car le gros des marsouinages a lieu à cette heure-là (ainsi que sur les coups du soir) ! Comme explicité dans l’article « Pêche du tarpon dans la mangrove brésilienne : un peu de biologie pour mieux comprendre l’espèce », le tarpon est capable de capter de l’air à la surface, laissant apparaître une fraction de seconde ses flancs argentés et créant une onde facilement repérable.

Ce comportement de « marsouinage » est une aubaine pour le pêcheur, qui pourra en profiter pour repérer et suivre les bancs de ce poisson grégaire. Aux heures les plus matinales et tardives de la journée, le doux balai des nageoires dorsales fendant l’eau s’accompagne souvent de chasses, menant parfois à des frénésies totales. Le silence ambiant est alors troublé par de violentes aspirations, produisant un bruit caractéristique beaucoup plus bref et résonnant. Une explication de ce phénomène pourrait être que les tarpons trouvent, en respirant via leur vessie gazeuse, un apport d’oxygène supplémentaire leur permettant de combler les besoins énergétiques pour chasser. Dans tous les cas, la surface de l’eau retrouve peu à peu sa quiétude pour le reste de la journée, faisant apparaître l’un des facteurs déterminant le plus l’activité des poissons : la luminosité.

Marsouinage en trois étapes dans un dédale de nénuphars au petit matin : notez les deux grosses bulles d’air qui s’échappent des ouïes et remontent à la surface sur la dernière image !

Des conditions météo optimales !

Facteur discutable, la météo peut également faire varier la luminosité indépendamment de l’horaire, et ainsi créer ou prolonger des phases d’activité intéressantes. Si les baby tarpons ne semblent pas apprécier que la pluie trouble la surface de l’eau plus que leurs propres coups d’éclat, il est unanimement reconnu que la grisaille succédant à un court épisode pluvieux crée des conditions idéales ! De la même manière, lorsqu’un vent soutenu engendre trop de turbulences, j’ai tendance à trouver les poissons plus actifs le long des berges abritées, où subsiste le calme.

Averse passée, laissant derrière elle l’arc-en-ciel au pied duquel… les baby tarpons !

Mystérieuse influence de la Lune

Le cycle lunaire entraîne celui des marées par attraction de la Lune sur les océans du globe. Or, la présence et le déplacement de nombreuses espèces estuariennes (proies comme prédateurs) sont au moins en partie conditionnés par les courants de marées. Lors de la nouvelle et de la pleine Lune, les astres sont alignés et les forces d’attraction se cumulent : on assiste à des marées de « vives eaux » aux coefficients plus élevés. La luminosité, précédemment identifiée comme un facteur clé, varie également d’une nuit sur l’autre. Tous les 28 jours, un réverbère naturel projette une faible lumière tamisée sur les poissons aux heures les plus sombres.

Sachant cela, dire que la pleine Lune est un moment phare pour la pêche n’a rien de délirant. Voulant en avoir le cœur net, je me suis levé dix matins d’affilée pour me rendre au même endroit, à la même heure, et observer l’activité des poissons avant/après le jour J. Résultat : d’une session de folie à la bredouille du lendemain, je n’ai constaté aucune tendance systématique et durable. Je pense, en définitive, que le cycle lunaire n’a qu’une influence indirecte sur le comportement des tarpons en modifiant certains paramètres beaucoup plus prégnants.

Belle pêche le 25 avril 2024, un lendemain de pleine Lune (99% visible)

Être au bon endroit

Se lever tôt un jour de pleine Lune après l’averse, c’est bien. Le faire pour se rendre sur un hot spot, c’est mieux ! Des mangroves aux marais, en passant par certains lacs côtiers, les baby tarpons affectionnent les zones encombrées par les nénuphars, moucou-moucous, ou racines de palétuviers. Offrant refuge et ombrage aux heures les plus chaudes de la journée, cette végétation aquatique est également le support d’une biodiversité conséquente. Aux premiers échelons des réseaux trophiques, nous y retrouvons foules d’invertébrés aquatiques, crustacés, larves d’insectes et alevins de poissons en tout genre. Vous l’aurez compris : trouver les zones offrant « le gîte et le couvert » comme le dit l’adage, c’est trouver les baby tarpons !

Tarpon d’estuaire, prédatant les petits poissons emportés par un courant de marée descendante

Une question de précision

Nous y sommes enfin ! Armé du matériel adéquat et sur le pied de guerre de bon matin, nous avons scruté les nénuphars longeant la berge abritée du vent jusqu’à repérer un groupe de baby tarpons s’en donnant à cœur joie au milieu des crevettes. Marsouinage à gauche, chasse à droite, nous lançons ici et là, jusqu’à passer sur le dos de certains poissons. Le banc se décale petit à petit, et nous faisons bien de le suivre à la trace, mais aucune touche ne survient…

Désabusés, nous cessons de lancer frénétiquement pour observer toujours plus de marsouinages effrontés. Soudain, l’un d’eux se produit là, juste devant ! Analysant en une fraction de seconde la vitesse et la direction prise par la nageoire dorsale du poisson qui disparaît à nouveau dans l’eau trouble, il faut lancer le leurre un mètre devant, de sorte à couper sa trajectoire. Trois petits tours de moulinet plus tard, c’est la touche !

Belle envolée, quelques petites secondes seulement, après avoir posé le leurre !

La chasse est ouverte !

L’approche la plus payante a donc tout d’une véritable chasse à vue. Quitte à patienter fil sur l’index et pick-up ouvert pendant de longues secondes à l’affût du premier marsouinage, 1 lancer précis devant le nez d’un tarpon vaudra toujours mieux que 10 au hasard. Notez cependant que les touches réflexes ainsi obtenues sont extrêmement brèves, si bien qu’il est difficile de trouver le temps de ferrer avant que le poisson ne se pique ou se décroche de lui-même ! Gardez autant que faire se peut une tension permanente de votre bannière. Cela améliorera significativement votre ratio poissons touchés / poissons piqués. Pour finir par un exemple, j’ai constaté plusieurs fois que je ratais davantage de touches au poisson nageur en « stop and go » qu’avec un simple leurre souple ramené en linéaire. C’est le jeu, un jeu auquel j’aime rejouer, et gagner de temps en temps !

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