A moins de courir après les chasses comme on peut le faire aux leurres et d’y lancer un vif, il est clair qu’il est compliqué de faire une journée à 6, 7 ou 8 poissons en pêchant en dérive. Toutefois, cela n’enlève rien au plaisir du combat qui est la dimension principale de cette traque et elle revêt d’autres plaisirs et avantages, ne serait-ce que la surprise du départ et de la liesse et l’agitation qui lui sont liées. Cependant, pour réussir il est important de faire les bons choix stratégiques afin d’optimiser ses chances de capture.

Le choix de la zone
Le principe de base de la pêche est d’être au bon endroit quel que soit l’approche envisagée. Ainsi, si le vif semble être la stratégie la plus naturelle pour capturer un thon rouge, encore faut il ne pas le laisser nager dans le désert… A mesure que l’on pratique les zones productives sont connues et se répètent chaque année, mais il faut avoir conscience que les thons sont des poissons mobiles et que du jour au lendemain la donne peut changer. Ainsi il est important de se tenir informé et d’échanger avec de nombreux pêcheurs qui naviguent et pêchent régulièrement le secteur pour définir l’épicentre de l’activité.

Observer l’activité
Aussi bonnes soient les informations recueillies, il est essentiel de faire preuve d ‘observation pour localiser les poissons. Les chasses sont évidemment le meilleur indice observable, mais vous devez aussi vous fier à la présence de fourrage, des oiseaux posés ou qui tournent ou encore des dauphins. La présence de nombreux autres pêcheurs qui traquent eux aussi les rouges doit vous orienter sur le choix de la zone. La multiplication de broumés peut maintenir une forte concentration de prédateurs sur le spot.

Broumé or not ?
Le broumé n’est pas forcément indispensable, notamment lorsque les poissons sont présents en nombre sur zone, néanmoins, l’utilisation d’une amorce multiplie les chances de capture. En effet, en dérive ou au mouillage, le broumé crée une trace olfactive qui permet aux thons de remonter la piste jusqu’au bateau avec une chance certaine de croiser vos vifs.
Dans un secteur où d’autres bateaux utilisent ce subterfuge cela permet de ne pas passer « inaperçu ».
Pour le broumé, vous devez compter une quinzaine de kilogrammes de sardine pour la journée. Pour ma part, je réalise un mélange de morceaux de poissons gras (sardines, maquereaux, chinchards), de sable et d’huile de sardine. Plus que la quantité, ce qui est primordial, c’est la régularité. Ainsi, je lance une petite louche toutes les 3-4 minutes… Il s’agit là du rôle le plus pénible sur le bateau lors d’une journée au vif !
Lorsque je pêche sans broumé, j’amorce toujours un peu en pêchant à la mitraillette et en coupant en morceaux les poissons capturés. C’est moins régulier et efficace mais toujours mieux que rien.

Optez pour plusieurs lignes
Vous partez pour plusieurs heures de dérive, parfois sans aucun signe évident d’activité, alors pour multiplier vos chances il est impératif d’avoir plusieurs lignes à l’eau.
L’Idéal étant d’en avoir 3 ou 4 mais le critère incontournable est que vous ne devez pas en avoir plus à l’eau que de pêcheurs… en cas de départ, il est impératif de réagir vite !
Ainsi, la bonne stratégie consiste à placer :
- Une ligne une 20-30 mètres derrière le bateau en surface
- Une seconde à 50-60 mètres située juste au-dessus de la thermocline (bien souvent autour de 18-20m)
- La dernière au fond, une centaine de mètres derrière le bateau

Gestion du bateau lors le départ
Le départ peut intervenir à tout moment et il y a toujours un temps de latence lié à la surprise. Avec un poisson pouvant réaliser des pointes autour de 90-100 km/h, il est impératif d’être organisé pour réagir le plus vite possible et éviter des se faire vider le moulinet avant d’avoir pu démarrer le bateau et suivre le poisson.
Ainsi, la règle essentielle est de ne pas avoir plus de lignes à l’eau que de pêcheurs sur le bateau… Mitraillettes ou autres comprises !
Par ailleurs, les rôles de chacun doivent avoir été définis en amont et tous doivent les avoir à l’esprit. En cas de départ, un pêcheur défini prend la canne en main, d’autres auront pour rôle de remonter les autres cannes (le plus vite possible) et enfin un dernier doit prendre la barre et démarrer le bateau pour récupérer le fil déjà sorti.
Il est aussi évident que le bateau doit être organisé et rangé pour pouvoir réagir vite et circuler dans le bateau lors du combat !