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Pêche du brochet à la frog dans les nénuphars : 3 cycles biologiques en 1 pattern !

L’éveil printanier et les belles pêches de surface dans les nénuphars ont quelque-chose de magique, presque poétique. Pourtant, l’étude des cycles biologiques met bien souvent en évidence les facteurs permettant d’expliquer certaines de nos expériences de manière tout à fait logique. De la repousse du rhizome de nénuphar à la fringale post-reproduction du brochet, tentons de décortiquer ensemble le pattern de la pêche à la frog (grenouille) dans les nymphéacées !

Les êtres vivants d’un milieu donné (=biocénose) voient leurs cycles biologiques orchestrés par les conditions environnementales. Aussi nombreuses et complexes soient-elles, les interactions biotiques et abiotiques permettent le fonctionnement des écosystèmes. En cela, il n’est pas certain que la nature bien faite ait besoin du pêcheur. L’inverse n’est pas vrai ! Pour améliorer ses résultats, le leurriste a tout intérêt à savoir comment vivent ses partenaires de jeu au fil des saisons. Sans plus attendre, tentons d’expliquer le miracle de la pêche du brochet à la frog dans les nénuphars, en détaillant chronologiquement les cycles biologiques de ces 3 espèces !

Jeune brochet séduit par ma fausse grenouille en une belle journée de printemps

En février, le brochet entre en période de frai !

Le frai du brochet (Esox lucius) est quasi-exclusivement conditionné par la température de l’eau. Lorsque celle-ci est comprise dans la fenêtre des 7 à 11°C, les parades peuvent commencer. Il est alors possible d’observer de petits groupes formés d’un ou deux mâles escortant une femelle souvent plus grosse et pleine de 15 000 à 40 000 ovules par kilo de poids de corps. Ce petit manège dure quelques jours et commence donc, selon les années, dès le mois de février. Dans les régions méridionales, le soleil encore froid de l’hiver découvre le ciel et réchauffe timidement les bordures peu profondes desquelles se rapprochent les brochets. L’arrivée du printemps le 20 mars sonne généralement le début des reproductions les plus tardives dans les régions septentrionales et en altitude.

Grande femelle brochet amaigrie par de longues semaines de reproduction

Le brochet figure aujourd’hui sur la liste rouge des espèces de poissons d’eau douce menacées en France (UICN, 2020). Cherchant les causes de ce déclin, on pense souvent à la surpêche, au dérèglement du climat ou aux pollutions. En réalité, la plus grande difficulté du brochet réside dans la disparition des zones humides indispensables à sa reproduction. L’assèchement, l’artificialisation et la canalisation des cours d’eau en sont souvent à l’origine. Comme introduit précédemment, le bon déroulement du frai exige la présence de zones peu profondes et riches d’une végétation aquatique qui sert de support aux pontes. Cela correspond généralement aux prairies inondées situées dans les lits majeurs des cours d’eau en période de crue, ou aux zones les plus « shallow » des plans d’eau.

En mars-avril, les nénuphars sont fertiles !

Une paire de waders ou une embarcation est toujours utile pour accéder aux meilleures zones !

Heureux hasard ou fruit de l’évolution, les plantes aquatiques partiellement ou totalement mortes durant l’hiver renaissent précisément au printemps, lorsque les eaux se tiédissent. Ainsi, la végétation aquatique propice à la dépose des pontes de brochet se développe. Les stratégies reproductives sont variées : cela va de la fragmentation et du bouturage de l’élodée à la production d’hibernacles par le potamot crépu. Dans ce foisonnement, l’appareil végétatif du nénuphar repousse quant à lui à partir de rhizomes rampants pluriannuels. Ce que l’on nomme communément « nénuphar » se divise en 3 genres ; Nuphar, Nymphaea et Victoria.

Prenons pour exemple le classique nénuphar jaune (Nuphar lutea), largement distribué en Europe de l’Ouest et jusqu’en Amérique du Nord. Particulièrement sensible aux pollutions et à l’acidité, l’espèce est bioindicatrice de la qualité des eaux stagnantes peu profondes (maximum 1,50m). Le nénuphar jaune entame sa repousse dès lors que la température de l’eau passe la barre des 10°C, entre mars et avril selon la région, et avec des niveaux d’ensoleillement suffisants. Ce timing en fait un support de choix au moment où les femelles brochets achèvent d’expulser leurs ovules, non pas dans un nid comme certains poissons, mais sur une surface beaucoup plus grande (dépassant parfois 100m2). Ce n’est pas tout : les nénuphars abritent également une biodiversité aquatique faite de macro-invertébrés, de larves d’insecte, d’alevins de poissons et… de batraciens !

En mai, les grenouilles se mouillent mais…

Grenouille verte sur sa feuille de nénuphar (© Pexels)

C’est à l’approche du mois de mai que le troisième protagoniste de notre histoire sort de son hibernation et effectue sa migration prénuptiale. La petite grenouille verte (Pelophylax lessonae) est présente dans toute la moitié nord du pays. Selon certaines observations, elle regagnerait précisément son lieu de naissance pour se reproduire à l’âge de 2-3 ans. Les mâles se regroupent alors en grand nombre et chantent à tue-tête. Qui tend l’oreille assiste alors à de véritables concerts au bord des plans d’eau, notamment les jours de pluie. Aux alentours de la seconde quinzaine de mai, les femelles de la même espèce finissent de déposer des amas de 800 à 2000 œufs sur la végétation aquatique, proche de la surface.

Brochet mâle portant les stigmates du frai…

Seulement voilà : rien n’est plus paradoxalement beau et cruel que la nature, et la période des amourettes n’étant même pas achevée pour dame grenouille, que la guerre reprend sous l’eau ! Les brochets ayant cessé de s’alimenter et puisé dans leurs réserves des semaines entières ont besoin de compenser le coût métabolique élevé de la reproduction. Malheur aux nageuses trop peu méfiantes encore occupées à se faire une descendance : les brochets demeurent sur les plateaux d’herbiers et profitent du foisonnement de vie pour combler leur appétit.

Manger ou se faire manger, telle est la question !

Sans pitié, il n’est pas rare qu’une grosse femelle brochet s’en prenne à un mâle resté collant un peu trop longtemps. Malheur également aux têtards, dont le nombre compensera la petite taille en guise d’encas. Jusqu’à la floraison des nénuphars au mois de juin, la sélection naturelle s’opère à chaque échelon des réseaux trophiques sous les tapis de nénuphars, paisibles qu’en apparence… Et le pêcheur dans tout ça ?

C’est l’heure : à vos leurres les pêcheurs !

La pêche du brochet à la frog dans les nénuphars est à mon sens l’une des plus belles pêches au leurre imitatives qui soit, permettant qui plus est d’aborder des milieux hyper encombrés. Autre atout de cette approche propre au début de saison : elle permet de capturer des poissons de toute taille sur du matériel léger ! Comme l’avait souligné Gael Even dans le numéro 9 du « Fishing Club », la grenouille (comme l’écrevisse) est une proie de taille standard limitée pour les brochets, y compris les plus gros. On peut donc prétendre à leurrer un beau poisson avec une petite imitation de grenouille, là où l’on aurait tendance à utiliser des imitations de poissons bien plus conséquentes.

Deps Basirisky Hard Belly 70

De nombreuses références de frogs existent sur le marché, pour tous les goûts et toutes les bourses. Vous trouverez bien votre bonheur entre la redoutable Deps Basirisky Hard Belly 70 et l’abordable Kahara Baby Kahara Frog. Le principal défi lorsque l’on pêche à la frog, c’est de réussir à piquer et extraire le poisson en limitant son taux de décroche.

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Quelques conseils pour mettre toutes les chances de votre côté : utilisez si vous le pouvez une canne puissante à pointe souple et une tresse de 4 brins résistante à l’abrasion d’au moins 20 centièmes. Pour finir par le plus important, apprenez à ne pas ferrer par reflexe mais plutôt avec quelques longues secondes de retard ! La pêche à la frog, rageante par moment, est parfaite pour apprendre à gérer ses nerfs et vivre des montées d’adrénaline des plus épiques !

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