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Pêche des silures géants de Loire : bon leurre, bon endroit, bon moment !

Il y a de ces sessions de pêche qui ne s’oublient pas, de ces poissons qui restent gravés dans notre mémoire et dont le souvenir nous accompagne. Retour sur une crue estivale soudaine de la Loire qui créa les conditions propices à une pêche de silures exceptionnelle.

Très loin d’imaginer ce qui nous attendait, je rejoignais lors d’une matinée d’été mon ami Cyprien, au bord du fleuve royal. Les épisodes de pluie prolongés avaient donné une teinte boueuse à l’eau et augmenté le débit de sorte que les bouées d’amarrage se faisaient balloter par le courant. Avec nos âmes d’aventuriers en herbe et notre envie de partager trois nuits sous les étoiles, cela ne suffirait pas à entamer notre détermination. L’objectif était simple : partager une tranche de vie seuls sur notre île, contempler l’horizon depuis nos hamacs et, si possible, couronner le tout par la prise d’un silure record.

Comme deux pirates sur une île !

Un changement de stratégie s’impose !

Une fois notre petit bateau pneumatique plein comme un œuf, nous mîmes le cap sur une plage de sable. Celle-ci bordait un bras mort servant de refuge aux poissons qui ne se tenaient plus dans le lit principal du fleuve, trop agité. La canne feeder tendue dans un contre-courant ne rapportant guère de touche, nous en profitions pour installer notre campement et commencer à faire du feu pour le repas. Quelques gorgées de bière et tranches de saucisson plus tard, une énorme brème vint nous rendre visite et annoncer le début de la nuit. N’ayant pas le cœur à transformer ce vieux poisson en vif, nous décidions alors que notre pêche du lendemain se ferait au leurre !

Un poisson mal aimé qui force le respect et annonce la couleur : tout en grand !

Le silure est un poisson qui me fascine depuis longtemps pour son comportement opportuniste, donnant lieu à des scènes de prédation aussi rares qu’impressionnantes (pensée pour les pigeons d’Albi). Pourtant, contrairement aux idées reçues, ce poisson peut faire preuve de méfiance et n’est pas toujours facile à capturer. De ce que je retiens, le bon leurre à silure est celui qui, tout en gardant une taille raisonnable, va générer de fortes vibrations. Cela est particulièrement vrai en condition de crue, lorsque l’eau est opaque et que le courant s’écoule bruyamment.

Lipless réarmé d’Hameçons Triples Owner ST76 TN – 4/0

Mis en échec par la crue, mais…

Notre approche embarquée consistait à faire de longues tractions verticales au-dessus du fond avec nos gros lipless. Le but était de déclencher une touche d’agressivité sur la phase de redescente lente du leurre. Imaginez notre frustration lorsque nous apercevions sur l’échosondeur des regroupements de gros spécimens posés sur le fond, sans réussir à les aborder proprement. Même dans les zones relativement abritées, le courant faisait dériver le bateau plus vite que n’avançait mon leurre. L’épaisseur de ma tresse accentuait ce phénomène, en plus de créer des vibrations parasites et trop bruyantes. Fous de ce que nous voyions sur l’échosondeur, nous étions mis en échec par les conditions hydrologiques.

Yeux rivés sur l’échosondeur, la touche peut survenir à n’importe quel moment…

Je n’ai pas fermé l’œil la deuxième nuit, repensant en boucle à une stratégie pour extraire les énormes poissons que nous avions vu (et menacé par les saules pliant au-dessus de mon hamac sous des rafales de vent). Le point positif, c’est qu’il n’avait pas plu depuis quelques jours. Au petit matin, nous avions décidé de jouer le tout pour le tout : déménager notre campement sur un îlot de fortune et passer la dernière nuit sous une bâche, pour nous laisser le plus de temps de pêche possible sur la fosse repérée la veille.

Réveil paisible à l’aube d’une journée décisive

Les conditions de pêche deviennent favorables !

Le courant avait un peu ralenti et Cyprien s’était dévoué pour ajuster les dérives au moteur électrique. L’échosondeur indiquait qu’il y avait toujours d’imposants prédateurs tapis à plus de 10m de profondeur. Je m’évertuais déjà à « jigger » depuis une petite heure quand mon leurre tomba entre les moustaches d’un géant. Trois ferrages de bûcheron plus tard, s’engageait le plus gros combat de ma vie de pêcheur d’eau douce. Tantôt inarrêtable en prenant la veine de courant au large, tantôt enclume à l’aplomb du bateau, je finis par remporter mon bras de fer contre un géant après une vingtaine de minutes. Cyprien ayant hissé le poisson à bord au péril de ses doigts, ce fut l’explosion de joie !

Un poisson si grand (2,40m), qu’il m’a fait me sentir petit (1,68m) !

Les silures géants de la Loire se montrent enfin !

Profitant des conditions qui étaient devenues ultra favorables, nous eûmes le temps de récupérer un ami au bord pour lui faire battre son record à son tour, avant la tombée de la nuit. À trois bonhommes et un 2,27m aussi lourd que nous, à bord de notre frêle esquif, nous frisions la folie ! Comme anesthésié par une euphorie et des « shot » de dopamine beaucoup trop intenses, je mis au sec le plus grand poisson de la session au réveil le lendemain : « oh, encore un jeune poisson ! ». Ce troisième silure accusait les 2,42m.

Chaque silure est unique : celui-ci était plus élancé et tacheté avec des reflets bleus

Pour me punir de mon impudence et avoir sa part de mucus, Cyprien me nomma chef de bord et se mit à jigger à son tour. Il réussit l’exploit de dénicher un silure non-atteint de gigantisme, accusant un petit mètre soixante-dix. Si j’avais été taquin, j’aurais presque pu menacer de mettre son poisson en vif ! D’un autre côté, je lui devais reconnaissance pour ces souvenirs impérissables. Et puis, nous avions mieux à faire : une bière fraîche nous attendait pour fêter notre réussite ! Cyprien, cet article t’est dédicacé, mon ami.

Qui a dit que la pêche n’était pas un sport ?
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