Nous avons évoqué dans un sujet précédent (disponible ICI) le fait de jouer davantage sur l’agressivité des poissons que sur leur besoin alimentaire pour tenter de les capturer. Ainsi, pour y parvenir, il est possible de jouer sur différents paramètres du leurre et de l’animation qu’il est bien souvent nécessaire de cumuler.

L’instinct, ce point faible
Les comportements des animaux sont guidés par différents instincts et réagissent ainsi à des besoins mais aussi des stimuli. Il s’agit là des points faibles que nous essayons sans cesse d’exploiter pour réussir à capturer des poissons. Il peut s’agir de la nécessité alimentaire, et on leur propose alors un leurre représentant une proie potentielle, ou bien de la territorialité ou de l’agressivité qui découlent peu ou prou de l’instinct de survie. Quand la première n’est pas exploitable, la seconde représente l’alternative.
Curiosité et agressivité
Lorsque l’on souhaite déclencher des attaques d’agressivité, le recours à des leurres qualifiés d’incitatifs est une base de départ logique mais qui ne suffit pas à atteindre son but.
Le propre de ces leurres repose sur trois caractéristiques que sont la sonorité, les vibrations et la couleur. Ces paramètres ont pour vocation d’éveiller la curiosité des prédateurs, de rendre notre leurre perceptible, voire ostentatoire, dans son environnement. Cependant, ce n’est pas parce que votre leurre véhicule le message « je suis là ! » qu’il déclenchera pour autant l’attaque des poissons.

La surcharge d’informations
Si l’on se laisse aller à un peu d’anthropomorphisme, le pattern déclenchant les attaques d’un poisson contre son gré est fondé sur la surcharge d’informations et sur la provocation.
Comme nous, dans des situations où notre capacité d’analyse est brouillée par notre environnement au point de devenir inopérante, nous perdons nos nerfs. Il s’agit de contextes où l’accumulation de tâches, de bruits et de mouvements conduit à une saturation de nos systèmes visuels, auditifs et finalement réflexifs. Au final, nous nous énervons et nous craquons. Chaque contrainte prise séparément peut être particulièrement désagréable voire irritante, mais ne mène pas nécessaire à la perte de contrôle. En revanche, l’ensemble et la surcharge peut y conduire…
Dans cette logique, notre stratégie pour faire « craquer » les prédateurs est alors de les surcharger d’informations. Ainsi, tous le paramètres qui sont initialement dédiés à susciter la curiosité vont être cumulés, renforcés et exacerbés.

Les caractéristiques du leurre
Les critères que vous devez prendre en compte dans le choix de votre leurre pour entreprendre votre démarche d’agression sont la couleur, la sonorité et les vibrations. Ainsi, vous devrez miser sur des coloris très flashy, à savoir, le jaune, l’orange, le rose et évidemment le fire tiger !
Sans pour autant être une couleur, le scintillement et les flash des palettes constituent aussi des informations particulièrement perceptibles qu’un leurre peut véhiculer à une fréquence élevée.
La présence de bille est un élément important mais pas toujours indispensable. Il peut s’agir d’une seule grosse bille provoquant un son grave ou de nombreuses petites billes qui s’entrechoquent et produisent une série de sons aigus. Ainsi, certains leurres ont été développés dans une logique incitative évidente tant ils possèdent de billes. Les lipless crankbaits, qui sont souvent de véritables maracas, ont un réel pouvoir d’excitation.
Enfin, les leurres capables de produire de multiples vibrations serrées peuvent eux aussi générer des attaques de réaction (spinnerbaits ou chatterbaits associés à des trailers par exemple)
👉 Voir également : Notre guide complet des leurres pour la pêche en mer !

Le rôle de l’animation
Si le choix de vos leurres prend une part non négligeable dans cette stratégie, il ne se suffisent pas à eux-mêmes. Il est donc primordial de les associer à une animation permettant de multiplier les informations et surtout de saturer le système nerveux des poissons.
Ainsi, vos animations vont avoir pour but l’émission de stimuli à une fréquence élevée. Elles doivent donc être rapides et provoquer des comportements erratiques. Le “Burning” (animation vue dans l’article précédent disponible ICI) est évidemment une véritable solution pour déclencher des touches d’agressivité, mais pas que…
Le “Twitching“, à condition d’être frénétique, confère à votre leurre une présentation elle aussi très agressive. Rappelons que cela consiste à imprimer une succession continue de coups de scion secs et extrêmement rapides. Cette animation est possible avec un jerkbait minnow (OSP Rudra, Illex Rerange, Megabass Vision, etc) ou avec des leurres appartenant à la catégorie des Finess et appelés soft jerkbait (Deps Sakamata Shad, Zoom Fluke et Super Fluke, etc).
Une animation propre à la famille des leurres souples se rapproche beaucoup du “Twitching” dans sa réalisation : le “Darting“. Ces “dart”, écarts dans les 3 dimensions sont obtenus par des coups de scions secs sur un leurre souple filiforme (Finess, Slug, Pintail, etc) associé à une tête plombée effilée.
Ces trois présentations, même avec des leurres aux coloris naturels et avec une sonorité discrète, peuvent suffire à déclencher des touches quand rien d’autre ne fonctionne !

L’instinct de territorialité
Par ailleurs, les autres contextes spécifiques pouvant mener à un comportement agressif chez les hommes sont par exemple la provocation, la jalousie ou l’agression ; ces contextes où l’amour propre est atteint ! De là à dire que les poissons ont de l’amour propre je n’oserais pas et dans l’absolu, ils ne possèdent rien ; à part peut-être leurs spots et c’est bien ce sentiment de territorialité qui peut parfois les mener à l’agressivité.
Dans cette logique, nous jouerons sur un paramètre spécifique que constitue la taille de nos leurres. Si les modèles de petites tailles sont évidemment très efficaces et peuvent l’être dans une logique d’agressivité, ceux de taille imposante qui représentent un volume important et déplacent beaucoup d’eau ont un pouvoir unique qui est de simuler un concurrent.
Le simple fait de faire pénétrer, non pas une proie, mais un concurrent dans l’espace proche d’un prédateur peut suffire à déclencher une attaque. L’objectif n’est pas de se nourrir mais bel et bien de corriger ce malotru. Dans cette logique, et contrairement à la précédente, ne misez pas sur la vitesse mais plutôt sur la lenteur et les pauses synonymes dans ce contexte d’insolence ! Les leurres se doivent donc d’être volumineux et de pouvoir nager lentement. Pour le brochet, les gros jerkbaits types Buster Jerk ou Wolfcreek Skinny Wolf ou encore les gros soft et hard swimbaits sont à utiliser en priorité.