Après un début de semaine catastrophique, nous cumulions deux journées de pêche sans le moindre poisson. Il aura fallu attendre le troisième jour pour vivre une journée complètement irréelle, marquée par la prise de 4 énormes truites à deux pêcheurs. La dernière et la plus grosse établissait mon nouveaux record personnel à 71 cm et je raconte sa capture des plus insolites dans l’article précédent. Mais à la fin de ce troisième jour, il nous restait encore beaucoup de choses à vivre.
Météo défavorable
Cette journée mémorable avait été marquée par un ciel couvert et une faible luminosité globale. Les jours suivants le soleil était de retour. Si j’ai souvent constaté que les truites appréciaient les rayons du soleil, ce n’était pas le cas durant ce séjour. La journée qui suivit fut extrêmement difficile pour le moral car nous n’enregistrerons aucune touche avant le coup du soir. Après une journée comme la précédente, pêcher pendant 10h comme des acharnés sans la moindre trace d’une truite était vraiment démoralisant.
Encore une action sans queue ni tête
Le coucher du soleil approche lorsqu’enfin, je prends ma première touche du jour. C’est une petite truite pour la rivière, pas plus de 40cm, mais mon ami pose tout de même sa canne pour la mettre à l’épuisette. Il me demande ensuite si je peux ramener son leurre resté dans l’eau. Je m’exécute et, pour plaisanter, je mouline à fond sur son combo casting en criant « poisson ! »… Au même instant une énorme vague apparait derrière le leurre, je marque une pause et c’est la sanction. Le poisson est piqué et c’est bien plus joli ! Quelques secondes plus tard elle rejoint sa petite sœur dans l’épuisette. Nous éclatons de rire et ca fait du bien d’être enfin récompensé de la sorte même si je n’ai aucun mérite dans cette capture. La grosse truite dépasse les 60 cm et elle vient sauver l’honneur d’une journée vraiment compliquée.
Un constat affligeant
Le lendemain est désastreux, nous finissons encore bredouilles. Mis à part quelques contacts au coup du matin et au coup du soir, rien ne bougera de la journée. Nous sommes désormais presque certains que le beau temps cale les poissons.
Le 6ème jour étant toujours aussi ensoleillé nous décidons d’explorer une nouvelle rivière sans succès. De retour le 7ème jour, nous repêchons les zones que nous connaissons mais rien ne passe jusqu’au coucher du soleil où je prends deux truites coup sur coup. L’une d’elle est un poisson magnifique, pas gigantesque mais je trouve ses proportions et sa couleur de toute beauté.
Changement de stratégie
Depuis notre arrivée nous avons clairement identifié une technique qui sort du lot. Elle consiste à utiliser de gros jerkbaits minnow en les faisant évoluer de façon agressive juste sous la surface, au-dessus des algues.
Nous avons également remarqué que le lever et le coucher du soleil sont les seuls moments où les truites entrent en activité. Le seul point que nous n’arrivons pas à déterminer concerne les zones où se tiennent les gros poissons de manière récurrente. Nous changeons donc de secteur au profit d’une portion de rivière plus calme et profonde pour le coup du matin suivant.
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Un choix payant
Cette décision porte ses fruits puisque nous sortons rapidement quelques truites autour de 45 cm, considérées comme des petites sur ce biotope. Soudain, une touche plus lourde me surprend, je ferre dans le vide, coupé ! Vraisemblablement un brochet qui s’est pris pour une truite. Je peste pour mon leurre perdu et en remets un. Quelques lancers plus tard nouvelle touche brutale dans mes pieds, mais cette fois aucun doute, c’est une grosse truite. Celle-ci me délivrera un combat d’anthologie avant que mon binôme la mette à l’épuisette. Encore un poisson de plus de 65 cm, peut-être avons-nous trouvé une zone à grosses ?
Un spot à gros poissons
A peine 15 minutes plus tard, mon jerk minnow se fait bloquer de nouveau. Je ferre mais le poisson ne réagit pas, il vient vers moi tranquillement, c’est lourd. Alors que je m’attends presque à voir arriver une brème ou une autre curiosité de la sorte, c’est un bécard monstrueux piqué au bout du bec qui se dévoile sous mes yeux ! Quelques coups de tête plus tard le poisson est au sec. Malheureusement, pas de mesure pour celui-ci, il me glissera des mains, mais il s’approchait de la mythique barre des 70 cm. Le coup du matin terminé laissa place à une traversée du désert jusqu’à ce qu’un poisson moyen pointe le bout de son nez au coup du soir.
La truite de mes rêves
C’est cette même zone d’eau calme et profonde qui m’offrira le plus beau poisson du séjour et sans doute la truite de ma vie. Sur un nouveau coup du matin au lever du soleil, nous entamons notre prospection aux leurres durs. Un gros arbre couché en travers de la rivière attire mon attention. Je passe mon minnow le long du tronc lorsqu’un mirage apparait derrière le leurre. La truite n’attaque pas et file se recacher dans les profondeurs. Je n’en crois pas mes yeux. Le poisson que je viens de voir était non seulement énorme, mais la clarté de l’eau m’a permis de voir sa robe en transparence, je suis certain qu’elle était rouge…
Un second passage au jerk ne donne rien, je n’insiste pas plus et change de leurre. J’ai les mains qui tremblent en finalisant le nœud sur mon rubber jig muni d’une petite craw en trailer. Je sais que je n’aurais pas le droit à l’erreur si elle prend, un poisson comme ça je ne peux pas le perdre au risque de passer le prochain mois sans dormir.
Un coup d’attractant et le jig part à l’eau le long du tronc. J’attends qu’il touche le fond, bannière semi détendue, mais c’est plus long que prévu et ma tresse part étrangement sur le coté… L’information est traitée instantanément, je ferre, c’est au bout ! Le poisson monte en surface et mes yeux ne m’ont pas trompé, elle est bien rouge orangée. La truite part sous l’arbre, faisant chanter le frein. Pris de panique à l’idée de la perdre, je saute du haut de la berge à pieds joints sur le tronc qui bouge sous mes pieds. Après de nombreux rushs puissants je parviens enfin à la faire rentrer dans l’épuisette, en équilibre sur mon arbre.
Une merveille de la nature
Cette truite me laisse sans voix, elle est parfaite à mes yeux. C’est un énorme bécard aux proportions aberrantes. La largeur du poisson m’impressionne, mais pas autant que la beauté de sa robe et la pureté de sa forme. Ce n’est pas mon record en longueur puisqu’elle ne passe pas les 70 cm mais ce poisson surpasse tous les autres. Le contour des yeux est bleu vert comme si elle portait du fard à paupières. Les couleurs chaudes de sa robe rappellent un coucher de soleil. Tout chez cette truite me subjugue, elle me parait irréelle. Je la regarde repartir lentement dans les profondeurs, la tache rouge disparaît peu à peu mais elle laisse un souvenir impérissable dans mon esprit. Je souhaite à tout pêcheur amoureux de la nature de croiser un jour la route d’une telle merveille.
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