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La fraie du black bass : le développement des alevins

Dans la première partie, j’expliquais comment j’avais créé chez moi un lieu de vie pour un couple de black bass et comment j’ai pu assister de près à leur reproduction. Je m’étais arrêté au début de la garde des œufs par le mâle et je vais donc poursuivre sur le développement des alevins que j’ai suivi durant plus d’un an. J’illustrerai bien sûr mes propos avec des photos subaquatiques des différents stades de leur développement.
Le cycle de reproduction du black-bass
  1. La fraie du black-bass, de la frayère à la ponte !
  2. La fraie du black bass : le développement des alevins

En effectuant des recherches sur le net, j’ai constaté qu’il existait en fait très peu de documentation visuelle concernant les premières phases du développement des alevins de black bass. J’ai donc essayé de prendre des photos de ces êtres minuscules par mes propres moyens. Évidemment, il m’était difficile d’obtenir des clichés très nets de ces organismes en mouvement d’à peine quelques millimètres. J’espère néanmoins que mes observations et mes visuels vous intéresseront.

Les géniteurs transmettront leurs belles couleurs à leur descendance.

L’éclosion des œufs de black bass

A peine 2 ou 3 jours après la ponte, je constatais que les œufs avaient éclos. L’aspect des alevins était très proche de celui de l’œuf en phase de pré-éclosion. Agglutinés les uns aux autres, les seuls éléments qui les différenciaient du stade précédent étaient l’apparition de petits point noirs, les yeux, et d’un semblant de queue qui ressemble à un flagelle. Ce qui leur donne une allure de têtard, c’est le sac vitellin contenant tous les nutriments dont ils ont besoin pour se développer au début de leur croissance.

Alevins de black-bass tout juste sortis de l’œuf.

Des yeux étonnements gros

5 ou 6 jours après la ponte, la forme du poisson commence à se définir doucement. Le corps, toujours transparent, s’allonge, et ont peut voir apparaître une tâche sombre qui semble être une poche intestinale ou du moins un organe. Mais ce qui m’a marqué le plus durant l’observation de ce stade larvaire, c’est le développement des yeux. Ils sont déjà très aboutis, on distingue clairement la pupille noire ainsi qu’un iris coloré de couleur orangée. Leur taille disproportionnée par rapport au corps de l’alevin ne laisse aucun doute quant à l’importance de la vision dans le développement de ce prédateur en devenir.

A ce stade, les alevins sont encore plaqués au fond mais ils frétillent et se regroupent en masse à certains endroits de la frayère. Le mâle veille toujours sur eux, faisant preuve d’une agressivité redoutable envers les autres habitants du bassin, y compris la femelle black-bass.

Alevins de black-bass quelques jours après l’éclosion des œufs.

La nage libre

Environ une grosse semaine après la ponte je dirais, les premiers alevins se décollent du fond. En moins d’une journée, ils sont suivis par les autres et la totalité de la ponte évolue entre deux eaux au-dessus de la frayère. Ils n’ont presque pas grandi depuis leur éclosion et mesurent 6 ou 7 millimètres à vue d’œil.

En revanche, leur aspect est de plus en plus élancé et la poche vitelline se résorbe de plus en plus. Il est difficile de faire la mise au point sur ces petites créatures mais j’ai quand même essayé pour vous montrer ce à quoi ressemble le premier jour de nage libre.

Après quelques jours au fond de la frayère, les alevins de bass passent au stade de « nage libre ».

Disparition dans la nature

En théorie à partir de ce stade vous pouvez très bien observer les alevins en milieux naturel. Ils se regroupent en une boule compacte évoluant tous ensembles, et le mâle continue de les défendre en restant à proximité. Malheureusement, mes alevins n’auront pas cette chance. Je ne sais pas qu’elle en est la cause, peut-être le courant artificiel dans le bassin, mais au deuxième jour de nage libre les alevins s’étaient dispersés dans les plantes aquatiques et le mâle a fini par quitter son poste de garde.

L’arrivée d’eau qui oxygène le bassin, peut-être trop proche de la frayère, a contribué à disperser les alevins.

Réapparition des alevins

Inutile de vous cacher ma déception face à ce constat. J’étais persuadé que les alevins ne survivraient pas sans la protection de leur géniteur et je n’avais pas vraiment espoir de les revoir. Il n’y a pas d’autres poissons prédateurs comme la perche soleil ou autres juvéniles de carnassiers dans le bassin, ce qui a certainement contribué à leur survie. Mais d’énormes larves de libellules aux mandibules acérées ont probablement fait des ravages parmi ces milliers d’alevins.

Toujours est-il que quelques semaines plus tard, j’observais de nouveau les alevins. Leur nombre était difficile à évaluer mais je dirais qu’une petite centaine d’individus avaient atteint ce stade de développement. A ce moment de leur croissance, ils mesurent environ 2 cm et possèdent déjà toutes les couleurs rappelant celles du black bass adulte.

Ils vivent le long des parois du bassin et ne s’aventurent jamais en pleine eau. Je pouvais les observer se nourrir en aspirant de minuscules particules impossibles à définir. Probablement du zooplancton et autres divers micro organismes aquatiques.

Alevin de black-bass de 2 cm de long.

Perfection miniature

A la fin de l’été, ces petits black bass sont de véritables bijoux de la nature. Ils ont dorénavant la même forme que l’adulte mais en version miniature. Il en reste une bonne trentaine et ils évoluent maintenant dans tout le bassin en restant proches les uns des autres. Ils trouvent encore l’essentiel de leur nourriture sur le fond et ne semblent pas inquiétés par la présence des adultes qui n’y prêtent guère attention. Atteignant 3 cm de long à la fin du mois de juillet, ils mesurent maintenant entre 4 et 5 cm à fin août. Je constate déjà des écarts de croissance d’un individu à l’autre.

Ce juvénile de black-bass a 3 mois et mesure 4,5 cm.

Un an plus tard

A l’été 2024 ces petit black bass ont déjà fêté leur première année. Il n’en reste qu’une vingtaine et je constate indéniablement un sévère retard de croissance par rapport à leurs homologues dans la nature. Les plus gros pèsent 11g pour à peine plus  de 10 cm alors qu’il devrait en faire presque 20. Les différences de croissance ce sont accentuées entre ces juvéniles et les plus gros pourraient presque manger les plus petits. Le bassin manque manifestement de nourriture adéquate pour cette nouvelle génération, car si je nourris les deux adultes régulièrement, je ne m’occupe pas du tout de l’alimentation des petits. J’avais peur qu’ils subissent la prédation de leurs parents mais leur vivacité leur permet d’y échapper.

J’ai du user de stratagèmes pour peser ce black bass.

Un nouveau cycle

Fin mai 2024, une nouvelle ponte a eu lieu et encore une fois ce fut la seule de l’année. J’ai également perdu la trace des alevins qui ont sans doute subit la prédation de leurs grand frères mais certains réapparaîtront probablement. Et puis c’est le cycle de la vie. J’espère que ce retour d’observation unique en son genre vous aura apporté des éléments intéressants dans la compréhension de ce poisson. Il ne s’agissait pas d’écrire un article scientifique mais bien de vous transmettre mes données empiriques, de raconter ce que j’ai vu de mes propres yeux, même si tout ne colle pas toujours avec ce que l’on sait de ce poisson. Si vous avez des questions ou que vous souhaitez des informations complémentaires sur ce sujet, vous pouvez me contacter via Instagram : https://www.instagram.com/kacefisher/.

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