En route pour ce joyau de nos côtes Bretonnes, Belle-Ile. Une semaine pour couper avec le continent, ses pressions du quotidien, avec un mot qui nous est parfois devenu étranger : quiétude. Au programme : tour de l’île, vélo, et camping… avec une petite canne Daiwa Travel sur le côté du sac, parce que l’on ne sait jamais !
Départ pour Belle-Île
Montparnasse, 8h35, en route pour Auray, un court retour en Bretagne. Par la fenêtre, j’aperçois la Vilaine, à Rennes, à Redon, ce qui me rappelle des souvenirs de pêche inoubliables, au silure notamment. J’en parle avec un voisin de wagon facilement identifiable comme collègue pêcheur : casquette Daiwa vissée sur la tête, nez également collé à la vitre.
À midi, ma copine et moi prenons le bus pour Quiberon. De là, nous gagnons en bateau Le Palais, sans oublier bien sûr de passer un leurre souple le long de la digue de Port-Maria, côté océan. La traversée est agréable, l’arrivée sur l’île l’est encore plus. Après avoir loué nos vélos, visité la citadelle de Vauban et nous être baignés sur une plage sublime, bien cachée, « on me laisse quartier libre » pour une heure de pêche. La marée basse proche de l’étale et le vent qui s’est tu ne m’encouragent guère, mais tant pis ! Mon petit Shimano Stradic en 3000 est monté illico sur ma 5 brins, et je me dirige vers le port.

Une veine (d’eau) de touriste
N’ayant aucune idée des profondeurs attenantes, je monte un leurre trop léger et pêche maladroitement au niveau de la balise d’entrée. Un peu décontenancé par un beau panneau “Pêche interdite”, déconcentré par le stationnement d’une vedette de la SNSM, je suis littéralement sorti de ma torpeur par une cartouche sèche entre deux eaux. Poisson, déjà ?!
Un bon ferrage appuyé, et je sens que cela ne se bat pas comme une vieille. Le poisson est correct, se bat furieusement. Ma canne est pliée et j’ai du mal à l’extraire, d’autant qu’il se rue vers la pointe de l’ouvrage, directement vers les pans abrasifs. J’utilise mon positionnement en hauteur et, après une petite frayeur, j’aperçois finalement les couleurs argentées de mon bar, un poisson bien maillé, qui ouvre gracieusement mon séjour. Quelle veine de touriste, je trouve ! Je relâche mon poisson, sous le regard amusé des passants, aux allers et venues de la navette. Confiant, je relance mon shad, en augmentant la plombée à 15 grammes. Deux vieilles, dont un poisson correct, se laisseront prendre peu de temps après. Eh bien ! En moins d’une heure, quelle première session !


Vers les Poulains !
Le lendemain, nous prenons la route de Sauzon et son petit port de pêche, base avancée pour la fameuse pointe des Poulains. Chargés comme des mules, on se laisse porter par une petite brise gonflée de soleil, au milieu des prairies en fleur. L’environnement semble partout très préservé, comme en témoignent les nombreuses Réserves de chasse et de faune sauvage. Je n’ai jamais vu autant de faisans de ma vie, c’est vraiment frappant !
Dans l’après-midi, après quelques atermoiements liés à notre itinéraire cycliste, l’extrémité ouest de l’île s’annonce fièrement, crevant l’océan. Le lieu me laisse sans voix : côté ouest, la compression des flots disperse une écume gazeuse contre les falaises, mise en mouvement par la houle, qui roule inlassablement sous le regard du phare, et du fort de Sarah Bernhardt. À l’est, des tapis de bruyère vagabonde parsèment le plateau, où folâtre un oiseau particulier : le crave à bec rouge, un compagnon de marche fort sympathique.

Là-bas, je ne suis pas surpris de voir des pêcheurs au leurre du bord, tant on accède à des spots formidables depuis l’est, par le sentier. Deux bateaux tentent également leurs dérives dans la zone de compression, à l’ouest, que je considère être l’expression visuelle même de ce qu’est une zone propice pour le bar. Pour moi, pas de pêche : on prend le GR jusqu’au petit Donnant (2,5km – 45m), ce qui nous laisse le temps d’étudier les falaises et… son golf, mitoyen, dont le green a remplacé la bruyère pourtant si préservée aux Poulains.
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Le soir, j’essaie de la digue de Sauzon, sans concrétiser le moindre poisson. A posteriori, il me semblera que la côte sauvage est plus productive pour la vieille. Néanmoins, la quiétude du port m’emplit de tranquillité et accompagne mes lancers, alors que nous profitons d’un coucher de soleil léger, seulement percé par les mâts des navires. À vrai dire, la douceur de l’instant se suffit bien à elle-même et je ne ressens nul besoin d’un poisson.

Bangor et sa côte sauvage hors du temps
Le jour suivant, on se dirige vers Bangor, continuant notre tour de l’île. On traverse des herbages généreux, sous l’œil inquisiteur des races bovines locales, fières d’un héritage plus préservé que celui de leurs homologues continentales. Les faisans sont toujours là, comme convaincus de l’efficacité de leur camouflage. Iris, lys, pivoines et roses bordent les hameaux successifs.
On monte et on descend, pédalant et méprisant les vélos électriques. On va admirer les aiguilles de Port-Coton, javelots rocheux enroulés par les bourrasques, fichus dans une mare d’écume, façon coton. Impossible de descendre pêcher, à moins de s’y rompre les os. De manière générale, la côte sauvage paraît difficilement accessible à cet endroit, bien que la mer ait été particulièrement calme durant notre séjour. Si d’aventure vous souhaitez tout de même vous y risquer, 1,50m de creux finiront probablement de décourager les plus téméraires d’entre nous.

Hot spot en vue : la Pointe du Skeul !
Pendant tout ce temps, ma canne nous suit fidèlement, tantôt accrochée au sac de randonnée, tantôt au porte-bagages de mon vélo. Le format « Travel » n’a jamais aussi bien porté son nom. Enfin, le lendemain, je lui ferai honneur au Sud-Est de l’île ! En effet, nous partons au matin visiter les alentours de Locmaria, suivant les petites routes et les chemins agricoles bordés de haies. Un vent humide venu de la côte indique que nous approchons de la pointe du Skeul.
D’après plusieurs sources consultées auparavant (notamment ces Carnets de pêche), il s’agit d’un haut-lieu de la pêche à Belle-Île. Sans doute est-il possible de descendre la falaise sur les marches escarpées de schiste en feuillet, mais nous préférons un accès plus tranquille : aussi, nous empruntons le GR vers l’Ouest, et atteignons une crique prometteuse. L’eau y est turquoise, cristalline, avec un teint éclatant de soleil, ce qui me rappelle mes endroits préférés, chez moi, dans le Cap Corse. En montant ma canne, je suis impatient de faire mon premier lancer.

Pêcher un spot onirique : un peu d’action !
C’est parti ! Je monte un Reins Rockvibe Shad 4 pouces dans les teintes bleu foncé pétillant, un leurre au profil fin, qui plonge assez rapidement. Je commence avec une tête type texan en 10 grammes, passe-partout, ne connaissant pas la configuration du spot. Mes premiers tours de manivelle constituent un étalonnage visant à déterminer la plombée adéquate. Je souhaite sentir le leurre rebondir délicatement sur les roches, pour qu’il émette un son identifiable par les vieilles, et éviter une approche trop grossière, qui pourrait conduire à des accrochages ou à des touches sèches, manquant de franchise.
Selon moi, une plombée adaptée à ces pêches « à gratter » permet de cartographier rapidement le spot, lorsque la résonance ressentie dans la canne se démarque des interférences générées par le courant, la houle ou le vent. Aussi, j’augmente rapidement ma plombée à 15 grammes, sens peu à peu mon leurre s’infiltrer dans les failles et, après quelques lancers, je me représente beaucoup mieux la morphologie du secteur. Soudain, alors que je suis plongé dans mes réflexions, mon shad se fait happer violemment.
Je ferre, mais la vieille ne bouge pas. Elle réussit à piquer vers le fond, puissante, malgré le serrage de mon 3000, ce qui justifie l’emploi d’une ligne suffisamment costaud pour absorber la tension (j’utilise une tresse en 15/100 et une longueur de canne de fluorocarbone en 40/100, reliés par un nœud FG). Après ce premier rush, je parviens à la décoller en douceur, jonglant avec les frottements de la ligne sur les arêtes rocheuses. Je prends de la hauteur sur les rochers, afin d’ouvrir l’angle de ma ligne et de limiter son abrasion. Lorsqu’elle arrive en surface, je me sers de la houle pour l’approcher de moi, et je l’attrape tant bien que mal. Je peux finalement immortaliser ce moment et relâcher mon poisson, tout sourire devant cet animal aux flans cramoisies, pommelés de vert, de bleu et d’orange crémeux.

Fin du voyage
Le voyage se poursuivit par une remontée à la pointe de Pouldon, où l’eau était étonnement chargée, ce qu’un chasseur sous-marin me confirma. De l’autre côté, nous fûmes à la pointe de Taillefer, en empruntant le GR depuis la citadelle Vauban, au Palais. En marchant une quarantaine de minutes, on accède à des spots très intéressants, un joli cassant se trouvant vers la pointe. J’y ai eu de nombreuses touches que je n’ai pas pu concrétiser, l’heure du retour se faisant sentir, pressante.

C’est par une brume douce, embrassant l’horizon jusqu’à Quiberon, et avec des images plein la tête, que nous quittons Belle-Île, conquis et rassasiés, déjà pressés d’y retourner.
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