Salmonidé exotique par excellence pour les pêcheurs européens, le saumon King est un poisson parfois difficile à appréhender. Des poissons énormes et très puissants ayant un comportement bien spécifique dans des milieux vastes. Toutes les conditions sont réunies pour rendre cette pêche impressionnante et rebuter nombre de pêcheurs qui se contentent amplement des truites autochtones de Patagonie. Pourtant, ceux qui ont gouté à l’émotion de tenir un de ces géants au bout d’une ligne demandent souvent à renouveler l’expérience. Une pêche qui reste très abordable techniquement mais qui demande une bonne connaissance du milieu. Se trouver au bon moment au bon endroit, attelé au poisson d’une vie…
La saison de pêche
La pêche de loisir en Patagonie peut être pratiquée de novembre à mai toutes espèces confondues mais le début des remontées importantes de kings ne se passe généralement qu’en décembre. Selon la hauteur des cours d’eau à leur arrivée en estuaire les poissons entreront plus ou moins massivement dans le système d’eau. Les pluies successives de printemps (le solstice d’été ayant lieu le 22 décembre dans l’hémisphère sud) favoriseront la remontée d’autres vagues de migration. L’entrée des poissons en rivière est généralement freinée par une période plus sèche de fin décembre à mi-février. Les précipitations reprennent le plus souvent en février poussant le reste du cheptel à s’engager en eau douce, constituant souvent la remontée la plus massive de l’année en nombre de poissons.
Comportement au long du cycle de migration
Il est intéressant d’identifier les vagues de poissons frais qui entrent dans les rivières et de pêcher très bas sur le système d’eau quand celles-ci se produisent. Les saumons réagiront notamment par agressivité mais aussi par réflexe de prédation en début de cycle migratoire. N’ayant pas encore perdu leur comportement de prédateur ces poissons sont plus mordeurs que tous les autres et plus puissants également puisque juste arrivés de la mer leurs réserves de gras sont intactes. Pêcher ce genre de milieu n’est pas toujours facile puisque l’aval des rivières avant l’estuaire est généralement très large et difficilement lisible, mais ce sont des espaces ouverts intéressants pour combattre un poisson frais très puissant. Pour optimiser ses chances, la consultation des coefficients de marées est un outil intéressant afin d’anticiper un créneau de pêche idéal.
Une fois en eau douce, les saumons vont commencer leur montaison par paliers dans la rivière, s’arrêtant successivement dans les différents pools. Ils perdent alors en partie leur réflexe de prédation mais conservent une agressivité certaine le temps des déplacements et de la prise d’un nouveau poste.
Des poissons territoriaux
La pêche de la truite est souvent temporairement affectée sur les zones de tenue des saumons puisque ces derniers, très territoriaux, font littéralement le ménage autour d’eux. Cette agressivité n’est pas seulement dirigée vers les truites mais également envers leurs congénères. Des poissons rentrant dans un pool déjà occupé provoquent une réelle agitation avant que chaque individu ne trouve sa place.
Être attentif aux précipitations
Les vagues de migration sont déclenchées par une montée d’eau, il est donc essentiel, tout au long de la saison, de garder un œil sur les précipitations à venir pour prévoir ses sorties.
Il arrive régulièrement que des poissons peu mordeurs stockés dans un pool se réveillent à la moindre petite pluie faisant baisser la température de l’eau. Si la rivière ne monte pas à proprement parler, l’impatience des poissons à remonter les fait réagir et se positionner en tête de courant. Ce phénomène permet la capture de ces poissons par eau basse mais il est de courte durée si la rivière ne finit pas par monter.
Ces évènements constituent des moments privilégiés qu’il est indispensable d’identifier pour optimiser la pêche. Il est possible d’espérer prendre un saumon entre les périodes d’activité lorsqu’ils ne sont que peu agressifs mais il faut s’armer de patience et insister en pêchant d’autant plus précisément sur les zones de tenues qu’il convient d’avoir bien identifiées.
Identifier les zones de tenue
Un pool est généralement une bassine d’eau plus profonde dans une rivière qui retient les poissons qui se reposent entre les vagues migratoires. La bonne oxygénation de l’eau y est essentielle et est assurée par une veine d’eau entrant dans cette bassine où l’eau tourne souvent grâce aux contre-courants qui se forment.
Les saumons King sont des poissons peu discrets de par leurs mensurations mais également de par la nervosité qui les caractérise. Ils ont tendance à venir marsouiner, voire percuter la surface, comme pour manifester l’impatience de monter vers les paliers suivants. Cela donne de bonnes indications de leur présence et de leur zone exacte de tenue.
La tête et la queue de pool (amont et aval) sont toujours des endroits à prospecter minutieusement ainsi que les zones les plus profondes. Ces poissons lucifuges (craignent les luminosités trop fortes) aiment se tenir assez profond, et plus particulièrement pendant les jours ensoleillés au cours desquels les résultats de pêche seront nettement meilleurs tôt le matin ou tard les soir. A ce titre, les zones d’ombre sur le pool seront à prospecter avec attention.
Il arrive que les saumons se tiennent dans des endroits bien moins marqués et évidents. Une gosse pierre au milieu d’un courant soutenu ou une anfractuosité dans une berge causant une contre-courant suffisent parfois à tenir quelques poissons. Ils peuvent dans certains cas se coller au fond d’une grosse veine d’eau sans qu’il n’y ait d’obstacle notable pour trahir leur présence.
Chercher le fond
En règle générale, il vaut mieux chercher le fond pour espérer leurrer un King. Ils n’hésiteront pas à bouger sur un leurre qui les agace mais avec moins de dextérité que les saumons atlantiques. Cela implique évidemment de nombreux accrocs jusqu’à connaitre les secteurs parfaitement et éviter les pièges, mais c’est un mal nécessaire à la réussite.
