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Pêcher le snook l’hiver, le rockfishing à la brésilienne !

Dans des spots de mangroves et d’estuaires au Nordeste du Brésil, en plein hiver, j'ai découvert une pêche très intéressante: la pêche du snook au slow jig. Des techniques lentes et fines, qui ne sont pas sans rappeler les pêches de percidés de nos eaux douces françaises. Passons en revue le matérial adéquat pour ce rockfishing Brésilien !
Pêche exotique dans le Nord-Est du Brésil
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  3. Pêcher le snook l’hiver, le rockfishing à la brésilienne !

Des poissons au ralenti, s’alimentant proche du fond, dans des milieux très encombrés: non, on ne parle pas pêche du brochet ici, mais de celle de son « cousin » marin, sous les tropiques: le snook ! En alternant entre des leurres Brésiliens old school et nos propres références, la pêche est d’autant plus intéressante. Je vous livre quelques conseils sur le matériel et les techniques pour aborder le snook en hiver, discipline qui n’est pas sans rappeler la pêche du sandre en fleuve…

Point Taxonomique

Il existe dans le Nordeste du Brésil deux espèces désignées par le terme de « robalo » (bar en portuguais), dont Centropomus undecimalis, qui est notre snook, et Centropomus parallelis, une espèce d’eau saumâtre-douce beaucoup plus petite.

Le robalo peva (Centropomus parallelis) se retrouve en bancs compacts et mordeurs dans les eaux saumâtres

La canne : le choix du blank

La résonnance de votre blank est essentielle pour ressentir un jig de 20 grammes dans un fort courant de marée, dans 10 mètres de fond. On recherche le poisson dans des conditions où il s’alimente et se déplace au ralenti, il ne se saisira d’une proie que si elle passe à quelques décimètres de lui. Vous allez donc devoir jongler entre les veines de courant pour faire évoluer votre leurre avec précision. A vrai dire, j’avais vraiment l’impression de pêcher le sandre en crue sur la Seine ou le bar sous les ponts en estuaire.

Avec une canne résonnante, vous serez en mesure de cartographier l’environnement et de téléguider votre leurre jusqu’à votre cible sans vous accrocher. Que ce soit pour sentir les chocs de votre TP sur un banc de sable, où la descente papillonnante d’un jig équilibré au gramme près, tous vos sens devront être en éveil.

Une frénésie sous les piles de pont, comme en Seine : pas le temps d’enlever les émerillons !

L’action de la canne

Vous n’avez accompli qu’une partie du travail après le ferrage d’un snook. En plus d’avoir une bouche fragile, c’est un poisson sauteur qui fera tout pour se décrocher. Ma canne Brésilienne, avec son action de pointe dure et marquée, n’absorbait pas les coups de tête amples et n’accompagnait pas les mouvements du poisson lorsqu’il sautait. Au contraire, une canne dotée d’une action douce et progressive, sera beaucoup plus à même de contrôler un tel poisson. Une longueur de 2m20 à 2m50, une puissance minimale de 25 lbs, et une plage de lancer de 10-40 gr, seront idéales.

Moulinets et fils

Pour ce qui est du moulinet, une taille 4000 est un bon compromis et vous permettra de spooler des tresses PE2 en fonction de vos cannes. Le snook est un poisson qui se défend bien et, bien qu’il ne vous mette pas les mêmes rushs qu’une carangue (sauf un gros), pourra très bien vous casser sur le fond sur les obstacles. C’est pour cela qu’il est préférable de le pêcher un peu plus lourd que le bar.

Pour le bas de ligne, je vous conseille le Shock Leader plutôt que le fluorocarbone, pour son élasticité. Une longueur de canne en 50/100 n’entravera pas la nage de votre leurre, à moins d’utiliser des leurres de 10-15 grammes (ou à défaut, misez sur un excellent Leader). Au jig, on pourrait apprécier de baisser le diamètre du bas de ligne pour que le leurre gagne en liberté. C’est un compromis à trouver avec la taille des poissons présents, l’encombrement du spot et les caractéristiques du Leader. Il reste que le snook peut rapidement vous casser si vous pêchez fin, on y reviendra ensuite.

Je pensais à un gros snook sur ce petit mérou goliath : d’où le 50/100 !

Les assists hook

L’hameçon reste une pièce maîtresse de notre arsenal et on ne peut en aucun cas le négliger. Sa solidité, son piquant, sa forme ou encore son épaisseur sont des paramètres intiment liés aux espèces que l’on cible, et aux chances de les capturer.

Comme la bouche protractile du snook est assez large, il peut être intéressant d’utiliser des assists avec des tailles d’hameçons assez grandes. La qualité de la tresse du support est primordiale, car en plus de vivre dans un milieu très encombré, le poisson possède un opercule extrêmement coupant et abrasif. Avec l’amplitude des coups de tête, si le poisson est piqué sur l’extérieur, il est tout à fait possible qu’il arrive à couper le lien. Donc, privilégiez des assists de bonne qualité, avec des tressages incluant du kevlar par exemple. En particulier, on se méfiera beaucoup des assists équipant des jigs de petite taille, faits pour le rockfishing.

Monter en taille d’assist peut vraiment s’avérer déterminant

Pas n’importe quel jig, le slow micro jig 

Le jigging en ascenseur est beaucoup pratiqué en bateau, mais il apporte de très bons résultats multi-espèces du bord. C’est fondamentalement du shorejigging, même si cette technique est souvent liée à des pêches plus rapides avec des casting jigs effilés. Voyez ça comme un genre de rockfishing exo (on parle d’ailleurs de rockfishing au Brésil). On utilise des jigs de 15 à 40 grammes, qui présentent des profils comprimés sur la hauteur. Ces leurres ont la particularité de « travailler sur place » tout en restant péchant, ce qui vous permet d’insister sur des spots prometteurs en arrêtant de mouliner. On fait en sorte de travailler le leurre lentement et proche des obstacles où peuvent se tenir des poissons. Par exemple, on peut lancer 35-40 degrés amont (en fonction du courant), pour que le leurre se retrouve 45 degrés aval, pêche une zone vaste et qu’il descende en planant, porté par le courant.

On doit jongler avec les masses des jigs pour avoir la meilleure présentation (courant-profondeur). Certains jours, une modification de 4 grammes a suffit pour commencer à déclencher les poissons. Faites en sorte que le leurre ait le temps de travailler à la descente lors de votre dent de scie.

Jonglez aussi avec les formes de jig. Schématiquement, sur des spots peu profonds, on peut préférer les slow jigs classiques papillonnant selon un axe droit, qui ont une amplitude de travail plus faible, compatible avec une durée de descente courte. Au contraire, lorsque la hauteur d’eau est supérieure, alors les jigs type feuille morte, seront très intéressants car plus facilement repérables.

Un madaï prometteur ?

A mi-chemin entre un slow jig et un madai, la Candy Shrimp de Fiiish a la particularité de s’accrocher par la queue. Elle laisse ainsi un trailer incitatif traîner comme des antennes, ajoutant au côté vibration, et dissimulant un simple orienté vers le haut. Ce leurre pourrait donc se distinguer sur des spots encombrés, et profonds, car il travaille plutôt en feuille morte à la descente. En 30 grammes, dans les coloris marron-gris, ce leurre aurait pu être un excellent candidat à ce test.

Les leurres souples : la crevette artificielle, un leurre imitatif ?

Le rendu de ces camarões artificiais montées sur TP est convaincant

De Belém à Porto Alegre, on pratique le rockfishing avec des imitations de crevette, les camarões artificiais (crevettes artificielles) Brésiliennes. Pour nos collègues auriverde, la réussite de leur joujou réside dans le caractère imitatif du leurre. Pour certaines références élaborées, cela paraît crédible, mais pour d’autres, non, du point de vue esthétique. Comment savoir si le poisson s’y trompe ? Le snook attaque-t-il ce qu’il a identifié comme une crevette, ou réagit-il seulement à un instinct de prédation, éveillé par les stimuli vibratoires et visuels ?

Certes, la passion nous pousse à croire que l’on peut tromper un poisson prédateur visuellement. Pourtant, on se doit bien d’admettre que si on a piégé le poisson en stimulant son instinct de prédation, on ne peut pas l’avoir confondu sur la nature exacte de sa proie. Des millions d’années de sélection naturelle ont affuté admirablement les sens de ces animaux pour en faire des machines à détecter et à tuer. Le leurre souple attire la curiosité et l’agressivité, oui, mais ne manipule pas les sens des prédateurs à ce point. Ceci étant dit, l’aspect visuel des leurres joue certainement un rôle en ce sens : certains jours, des fausses crevettes attireront plus l’attention que des faux calmars par exemple.

Un snook de plus de 2 kilos en plein cœur de Recife, constitue déjà une prise correcte !

Les shads, les grubs, les worms, les créatures (dont les crevettes)

L’intérêt de ces crevettes artificielles est dans la complémentarité qu’elles offrent par rapport aux leurres souples classiques que nous utilisons, par leur profil vibratoire (de la même manière qu’un black minnow n’a rien à voir avec un rockvibe, au sein des shads, et sont donc complémentaires). Donc, en conclusion, emmenez des leurres aux vibrations et aux coloris variés pour jouer sur un panel de stimuli le plus vaste possible !

J’ai aussi remarqué que les snooks pouvaient se nourrir d’espèces de petits poissons de fond évoquant nos blennies. J’aurais aimé tester des leurres ayant des profils comprimés dans la largeur, glissant sur le fond de manière planante. Dans ces conditions difficiles, ces leurres permettent de passer « devant la bouche du poisson », qui n’a pas à couvrir une longue distance pour s’en saisir. Le Dark sleeper de Megabass, par exemple, aurait pu être très intéressant à tester dans ces milieux encombrés !

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