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Printemps et gros chevesnes : une pêche instructive et rafraîchissante !

Au printemps, les berges inondées lors des crues se découvrent enfin, en même temps que l’eau se réchauffe. Les premières journées ensoleillées annoncent le regroupement de gros chevesnes en amont des cours d’eau, en tête des bassins versants. C’est alors l’occasion d’essayer une pêche aussi rafraîchissante qu’instructive, dans le but de tromper la vigilance des poissons les plus éduqués !

À la belle saison, les chevesnes quittent les fosses les plus profondes pour venir affleurer juste sous la surface. En balade le long d’un quai en ville ou au détour d’un petit ruisseau, il n’est pas rare d’observer un gang de deux ou trois « papas » chevesnes se mouvant lentement ou patientant à l’ombre des frondaisons. Pêchable à vue sur du matériel léger, combatif et atteignant des mensurations intéressantes : le chevesne coche sur le papier toutes les cases du poisson de pêche sportive par excellence !

Le chevesne (ou chevaine) Squalius cephalus est un poisson omnivore se nourrissant aussi bien de baies sauvages que de larves d’insecte et d’alevins de poisson. Il peut vivre plus de 10 ans et atteint des tailles records de plus de 60cm dans certains cours d’eau (dans les grands fleuves notamment). De nature grégaires, le nombre d’individus composant les bancs tend à diminuer à mesure que la taille des poissons augmente.

La beauté dans les détails, le reflet métallique dans les écailles…

Le chevesne, un poisson sous-côté mais pas arriéré !

Pourtant, le constat est sans appel : les pêcheurs français ne portent pas le « chub » dans leur cœur de manière générale. Les moucheurs préfèreront de loin la robe élégante et délicate d’une truite fario sauvage aux écailles argentées plutôt banales du chevesne. Les leurristes se dédieront plutôt au black-bass, même si certains d’entre eux gagnent des points précieux en compétition grâce au chevesne ! Les carpistes seront quant à eux un peu tristes de se faire réveiller en pleine nuit pour ce qu’ils considèreront comme un faux espoir. Finalement, peut-être que les siluristes sont les premiers fans de ce poisson, qui le doit à son statut de vif ! Montant volontiers dérober les bouts de pain lancés par papi et mamie aux canards du coin, le chevesne souffre d’être assimilé à la blanchaille et son image de « bouffeur de pain » qui lui colle à la peau !

Poisson pris au pain pendant la fermeture, avec mon ami Tim Fish !

Malgré tout, je ne peux m’empêcher de penser que ce mal-aimé en ait vexé plus d’un : on a tous déjà été frustré de passer toute une panoplie de leurres sous le nez d’un gros chevesne qu’on pensait mettre au sec facilement, sans résultat ! Comme d’autres poissons au mode de vie surfacique, le chevesne se rend particulièrement vulnérable vis-à-vis des dangers extérieur (cormorans et pêcheurs, essentiellement). Il développe alors tout au long de sa vie une extrême prudence, s’éduque rapidement lorsqu’il est pêché, et sera mis en alerte au moindre bruit, la plupart du temps avant même que vous ne l’ayez aperçu. Relevant le défi et mettant de côté notre ego, partons ensemble pêcher le chevesne !

Différentes configurations, un seul objectif !

Regroupement de gros chevesnes, quelques dizaines de mètres en aval d’un barrage

Présents dans les eaux stagnantes et amortis en aval d’obstacles à l’écoulement (piles de pont, ruptures de quais, embâcles naturels…), les chevesnes se retrouvent également dans des zones de courant maintenu à rapide. Ainsi, les radiers, déversoirs, barrages, écluses ou tuyaux d’évacuation des eaux usées sont autant de spots particulièrement prisés par les chevesnes, offrant une source de nourriture et créant un « débit d’appel ».

Ce type de milieu agité et bruyant est un avantage pour le pêcheur car il permet d’être moins facilement repéré par le poisson. Équipé de vos plus belles lunettes polarisantes, vous pouvez alors vous rapprocher lentement, sans faire le moindre geste brusque. Votre ensemble canne, moulinet, tresse et bas de ligne – dépendant de l’encombrement du milieu, de l’intensité du courant et de la taille des poissons ciblés – devra répondre à la règle suivante : le plus léger et fin possible, mais suffisamment résistant pour ne pas casser !

Choisir ses leurres pour des poissons de plus en plus capricieux

Ouvrons sans plus attendre notre boîte de leurres et listons ceux qui conviennent le mieux à la pêche du chevesne, du moins au plus éduqué ! En premier lieu, les cuillers (Cuiller Tournante Smith AR-S) et tail-spinners (Illex Deracoup) permettent de pêcher rapidement pour déclencher des touches réflexes, y compris dans de forts courants.

Assez vite, les poissons ne se laisserons plus berner, et ces leurres à palette cèderont la vedette aux crankbaits de petite taille (Illex Chubby 38). Souvent flottants, ceux-ci sont souvent happés dès la tombée, et parviennent à prendre de court certains chevesnes en leur passant rapidement sous le nez. À ce petit jeu-là, les jerkbaits minnow (Duo Ryuki 50 SP Spearhead) sont encore plus efficaces et imitatifs, fendant l’eau tels des alevins en fuite.

Un sujet de 56cm décidé par un crankbait heurtant les enrochements des bords du Rhône !

Lorsque les choses se corsent enfin, les leurres souples de type shad, montés sur des têtes légères, font leur entrée (Reins Rockvibe Shad 2’’). Silencieux et émettant des vibrations plus douces dans l’eau, ils permettent de se tirer d’affaire dans des situations compliquées.

Bien connues, les imitations d’insectes flottantes et quasiment inanimées demeurent incontournables (Illex Magic Woodlouse 1,18’’). Ces pêches « weightless » sont à essayer prioritairement pour aborder des chevesnes déjà éduqués, ou de manière générale lorsque le courant est faible ou nul. Si les poissons sont capricieux au point qu’aucun des leurres cités précédemment n’a suffi à les décider, les imitations de mûres peuvent être un joker en attendant la fin de l’été.

Illex Chubby 38 coloris vairon

Rituel annuel et astuce personnelle

Depuis une petite dizaine d’années déjà, je rencarde mes gros chubs le dernier dimanche d’avril. Loin du tumulte que génère l’ouverture de la pêche aux carnassiers, des mises à l’eau bondées et des vas et viens de pêcheurs déterminés à « casser des dents », je suis heureux de retrouver mes chevesnes grassouillets.

Souvenir d’enfance avec ces chevesnes qui m’ont vu faire mes premières armes !

L’eau ruisselant et se vaporisant à l’approche d’une cascade, sous les rayons d’un soleil de printemps qui parviennent à pénétrer le couvert végétal, je peux faire mes premiers lancers. Depuis tout ce temps, je commence à bien connaître ces poissons souvent délaissés, et le problème, c’est que c’est réciproque ! Plus malins chaque saison que la précédente, je suis forcé de me réinventer pour prétendre encore les mettre au sec, les bougres ! Dernièrement, le coup du crankbait flottant lancé par-dessus une ortie et ainsi retenu dans le courant sur la berge d’en face, a fait mouche à chaque fois… je dis ça comme ça !

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