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Truites record en début de saison, osez pêcher avec de gros leurres !

Le début de saison est une période excellente pour leurrer une grosse truite car les températures croissantes, la faible activité des insectes ou la reprise alimentaire post fraie, constituent des conditions optimales. C’est la période de tous les possibles où, par exemple, ayant fait découvrir cette pêche à un ami, je lui ai fait prendre sa première truite, un poisson record. Laissez-moi vous raconter ce mémorable week-end de pêche !
Pêche des truites fario normandes
  1. Pêche de la truite à la craw, une technique très efficace en fin de saison !
  2. L’hydrologie de nos cours d’eaux nous renseigne-t-elle sur la présence de grosses truites ?
  3. Truites record en début de saison, osez pêcher avec de gros leurres !
  4. Pêche des grosses truites farios normandes : retour d’expérience sur une approche big bait !

Après quelques saisons assidues sur les cours d’eau de mon enfance, j’ai vu la taille moyenne de mes prises augmenter au fur et à mesure que ma connaissance des bonnes périodes s’affinait. S’il y en a bien une que je préfère, c’est le début de saison (de mars à début mai).

Une période optimale pour la pêche au leurre

La période de fraie varie selon les milieux. Elle se situe chez moi autour de décembre, et se prolonge jusqu’à la fin janvier. Profitant des crues hivernales, les géniteurs colonisent les petits affluents voire les zones humides, en tête de bassin versant. Lorsque la pluviométrie diminue et que les rivières reprennent des lits inférieurs, l’eau s’éclaircissant, l’activité alimentaire des truites reprend.

En parallèle, la hausse des températures à partir de la mi-février font qu’à l’ouverture, si la nourriture abonde déjà, les poissons sont très mordeurs. De plus, la végétation épineuse sur les berges n’est pas encore très développée. Cela permet une approche du bord, compatible avec l’interdiction de marche dans l’eau. Elle vise à protéger les frayères d’ombres communs, jusqu’à l’ouverture de sa pêche, en avril ou mai selon les fédérations – ce dont ils ont bien besoin, par ailleurs.

Avec les premières émergences, la pêche au leurre devient plus irrégulière

En outre, comme la pression de pêche sur les secteurs normands est relativement faible, je peux vraiment observer l’évolution de l’activité depuis la mi-mars jusqu’à la mi-mai, où les coups commencent à devenir rares. On a vraiment une très bonne fenêtre pour faire des belles truites au leurre, qui se situe dans les premières semaines après l’ouverture. Ensuite, les éclosions démarrent, les premières mues aussi, et elles se rabattent sur d’autres proies (diptères, odonates, gammares, écrevisses…). La pêche au leurre laisse alors place à la pêche à la mouche (ou à la craw !).

Des milieux particuliers, cohérents avec une approche « gros poisson »

En effet, comme discuté dans le deuxième article de ce reportage, le taux de grossissement des truites fario dans certaines rivières de l’ouest est très important. Par le passé, sur les secteurs de mon enfance, cela a justifié une évolution locale de la réglementation fédérale sur les tailles de première capture (maille à 30 centimètres).

Appuyées par des études scientifiques, les AAPPMA locales ont et continuent à porter des mesures visant à prendre en compte les spécificités des milieux. En particulier, il a été montré que l’ancienne maille de 25 centimètres ne garantissait pas que les premières maillées se soient reproduites.

L’approche « gros poisson » prend aussi des petits poissons. Que faut-il en déduire ? Ici, un poisson non maillé au Biwaa S’Trout 3.5

Toutes ces informations indiquent que la pêche de ces milieux est très différente de celle pratiquée sur les rivières bretonnes, par exemple, où l’on pratique plutôt l’ultra léger. Durant un week-end de pêche d’anthologie, nous avons mis une approche « big bait » en pratique avec un ami débutant la truite. Si nous n’avons pas fait du nombre, nous sommes en revanche tombés sur une sauvage exceptionnelle, méritant que l’on en raconte la prise.

Un premier coup du soir qui n’est pas à la hauteur de nos attentes

Retour chez moi avec Matteo, au programme : deux jours et demi de pêche sans interruption. A peine arrivés, une présentation familiale rapide et la prise de nos quartiers réalisées, nous partons à pied vers un parcours plein de surprises que je sais renfermant de beaux poissons.

La rivière offre un réseau de méandres boisés, d’aulnes et de chênes, dont les racines plongeantes structurent l’habitat. Sous cette ripisylve de prairie, les plus gros poissons se cachent et sont très territoriaux. Matteo monte un Duo Ryuki, pour exploiter les quelques veines d’eau. Fidèle à mes habitudes, si je commence par un Reins Rockvibe en 3 pouces, je change au bout d’un temps pour une tournante en numéro 3 (pas plus grosse d’abord, dans ce milieu assez petit).

On arrive sur un virage, bordant une fosse assez profonde, surplombée d’un aulne solitaire. C’est le « hot spot » du soir, où j’ai déjà pris depuis l’ouverture deux poissons de plus de 50 centimètres. Il l’est tellement que je donne ma canne à mon ami. Pourtant, rien, pas l’ombre d’une truite. Je change la cuillère, opte pour une palette fluo, vu la luminosité tombante. Rien. Décidément, ce n’est pas pour ce soir. On rentre dépités mais pas inquiets. Une belle journée nous attend le lendemain.

Un dernier regard sur la rivière, nous rentrons bredouilles

On loupe le coup du matin

Effectivement, j’ai souvent tendance à penser que le coup du matin n’est pas si productif, mais peut-être est-ce parce que je me lève rarement le matin. En l’occurrence, après avoir fêté mon anniversaire en famille, nous n’étions pas prêts pour assister au lever du soleil. On opte donc pour un confortable départ à 8h30 vers le parcours de la matinée, sous un ciel déjà bien rayonnant.

Sur cette partie du bassin versant, la rivière serpente au milieu des champs. Elle a été remodelée il y a quelques années, au cours de vastes chantiers de restauration écologique. Des travaux sur les lits sédimentaires, sur le rétablissement de l’hydro-morphologie naturelle et des frayères ont été menés. Sur ce secteur no-kill peu soumis à la pression de pêche, je m’attends à tomber sur de gros poissons. En revanche, il est réputé être très difficile à aborder. Comme la ripisylve n’est pas très développée, la discrétion est de mise. Les pas lourds sont à proscrire, ou bien vous avertirez les postes avant sur plusieurs mètres de linéaire.

Nous pêchons un creux, sous le regard inquisiteur de ces belles Salers.

Quelques kilomètres sans touche, jusqu’à la touche

On marche et on pêche des contres prometteurs, des radiers oxygénés, des fosses sombres et « arborées », et on remarche. Alors que nous avions déjà bien usé nos semelles, j’arrive sur un droit d’une trentaine de mètres, où le courant ralentit. La rivière y est large de quatre mètres, des blocs calcaires parsèment un fond sableux assez peu profond. Alors que je peigne le coup en lançant vers l’amont, je me trouve bloqué net. Ce n’est pas la roche, mais une fario.

Je la bride directement, pour l’obliger à s’extraire, comptant sur un montage relativement lourd (tresse 12/100 et fluorocarbone 22/100). Nous dévoilant ses flancs or et argentés, typiques de la souche locale, une magnifique femelle proche des 50 centimètres apparait. Matteo réussit à la mettre à l’épuisette. Après une brève séance photo nous relâchons ce superbe poisson. Même si j’avais averti mon ami sur la taille moyenne des poissons que l’on risquait de prendre, il n’y était pas préparé. Et pourtant, il ne se doutait pas encore de ce qui l’attendait !

Un dos argenté, des flancs tachetés d’or, une prédominance de points noirs et une tache azur sur l’opercule : pas de doute, une belle femelle de ma rivière.

Des heures durant, on remonte des kilomètres de rivière

L’après-midi, après nous être déplacés de quelques kilomètres, on remonte la rivière, parcelle après parcelle. On traverse des prairies aux couleurs chatoyantes, parsemées du jaune des renoncules et d’un gazon suintant l’humidité normande. Entourés par un troupeau de Charolaises, surpris par un couple de canards sauvages, nous passons un à un mes spots, sans résultat. Ici, un réseau de branches où j’ai déjà pris de grosses perches, là, une accélération abritant de beaux chevesnes. Rien n’y fait, shad, leurre dur, ondulante, créature. Je demande à Matteo de persévérer avec une grosse cuillère, une numéro 4.

Le bocage normand, ses haies, sa rivière et ses pêcheurs passionnés

L’heure tourne et, alors que le soleil est devenu rasant, pas l’ombre d’une truite. On pêche alors tous les deux de la même façon : on attend une fenêtre d’activité, alors que le coup du soir débute et que la vie commence à s’éveiller sur la rivière.

On aperçoit quelques mouchages discrets, en s’enfonçant dans un bois que j’aime beaucoup, pour son calme pesant. La berge marneuse est marron-gris, abrupte, soutenue par des aulnes, aux racines se ramifiant sous la surface. Un grand chêne solitaire nous surplombe et Matteo aperçoit un mouchage discret. Sans y croire, il lance à l’arrivée d’un petit courant. Alors que la cuillère arrive dans ses pieds, une ombre surgit et stoppe net sa récupération. Il ferre ! Le poisson est lourd, la canne plie et il m’hurle que c’est gros. Avant même que je puisse descendre, la truite se décroche.

Un ultime mouchage pour l’éternité

S’ensuivent 15 secondes d’un long silence, alors que nous avons perdu ce poisson que j’estimai proche des 60. Tout à coup, nous voyons un second mouchage en face de nous. Mon ami s’empresse de lancer, ramène, un tour, deux, trois, et c’est pendu à nouveau ! Abasourdis, nous voyons un bloc enragé percer la surface, tentant de regagner sa souche de maison. La canne se charge, encaisse, travaille ce poisson massif. Patient, j’attends le bon moment, et la met dans l’épuisette. Elle est là ! Quel ascenseur émotionnel ! Sa première truite, un poisson de rêve : 58 centimètres avec là encore, une robe typique de la rivière. Notre joie explose, ceux qui ont déjà guidé un ami sur un parcours qu’ils affectionnent, savent de quoi je parle. Deux records viennent d’être pulvérisés, le sien et le mien, au passage, comble du comble, sur sa première fario !

Nous relâchons ce sublime géniteur avec beaucoup de respect

Conclusion d’un week-end de persévérance

Ce week-end dur nous aura finalement gratifié de deux poissons, l’un plus que correct, l’autre exceptionnel. Il a fait naître une passion nouvelle toute naturelle chez ce pêcheur de truite en herbe.

Avec une grande détermination, une certaine intuition et beaucoup d’espoir, nous avons parcouru ces kilomètres de bocages verdoyants. Quelque part, ce n’est pas sans nous rappeler la difficulté de la pêche des grands brochets, que nous avons abordé ces grosses truites normandes…

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