Nous avons évoqué dans un sujet précédent les mœurs du sandre, son appétence pour le fond et la pertinence qui en découlait de le traquer la majorité du temps aux leurres souples. Lorsqu’il faut présenter un leurre à proximité immédiate du substrat, la pêche à gratter est sans aucun conteste la technique reine. Mais avant de ressentir ce fameux coup de fusil attendu et sans laisser trop de leurres au fond, il est impératif d’en maîtriser les bases.
Les bons spots et contextes
S’il est évident que presque toutes les techniques de pêche que nous aborderons dans cette série de sujets consacrés au sandre peuvent être mises en pratique sur toute les typologies des spots rencontrés, il apparaît que certaines sont bien souvent plus pertinentes au regard des caractéristiques de la zone explorée et de son contexte.
Ainsi, la pêche à gratter, dont l’objectif est d’imiter une proie moribonde tressautant sur le fond, prend particulièrement sons sens lorsqu’il s’agit d’exploiter des veines de courants et encore plus si le fond est irrégulier. Le long des berges abruptes, elle est aussi très adaptée et permet alors une bonne présentation de votre leurre.
Par ailleurs, lorsqu’il convient d’animer son leurre très lentement, notamment dans les eaux froides ou avec une turbidité importante, la pêche à gratter se montre particulièrement efficace ; elle répond alors parfaitement à la recherche de lenteur.
L’angle de lancer
Tout d’abord, lorsque l’on pêche une veine de courant, l’angle de lancer est fondamental pour limiter les accrochages et pour maîtriser parfaitement sa conduite de ligne. En effet, votre bannière doit être systématiquement tendue pour conserver un contact permanent avec votre leurre, le situer par rapport au fond et ressentir les touches.
Alors, vos angles de lancers doivent être perpendiculaires au courant ou aval pour que la dérive de votre leurre maintienne votre bannière tendue.
Vos lancers peuvent être légèrement amont, mais à condition que le contact de votre leurre avec le fond soit au minimum face à vous. Dans le cas contraire, la dérive de votre leurre entraînera une perte de tension de votre ligne et par conséquent une mauvaise présentation et des accrochages à répétition.
Le schéma d’animation
- Après avoir lancer il est impératif de fermer votre pick-up, de tendre immédiatement votre bannière et d’accompagner la descente de votre leurre vers le fond en baissant progressivement la canne d’un angle de 60-70° vers 20-30°. Si le fond est très important vous pouvez relâcher du fil en remontant votre canne et prolongez cette descente bannière tendue jusqu’au fond.
Lorsque les sandres sont en activité, les touches, souvent violentes, lors de cette première descente sont très courantes !
- Une fois que votre leurre a touché le fond, reconnaissable à un toc caractéristique et à la perte de tension de votre bannière, vous pouvez entamer votre animation, canne à 45°, avec votre canne orientée perpendiculairement à la veine d’eau.
- Décollez alors votre leurre du fond en réalisant un, deux ou trois coups de scion courts et plus ou moins secs. Votre canne est alors à 60-70°. Il est important de ne pas monter trop haut, car vous manquerez d’amplitude pour ferrer si une touche intervient lors de la bascule du leurre.
- Récupérez très légèrement votre bannière en abaissant légèrement votre canne, puis accompagnez votre leurre vers le fond, bannière tendue, pour ralentir sa descente et la rendre la plus naturelle possible.
- Une fois le leurre au fond, reprenez votre animation.
Le contrôle de la descente
Lors de la mise en œuvre de cette technique, il est très important de maintenir sa bannière tendue lors de la descente du leurre pour ressentir les touches qui interviendront dans 95% des cas lors de cette phase.
D’autres part, il est essentiel, sur un fond irrégulier, d’accompagner la descente du leurre et non de bloquer la canne en haut et de le laisser descendre dans un mouvement pendulaire (qui peut aussi être mis en œuvre et efficace) pour épouser les dénivellations rencontrées.
En effet, dans les veines d’eau, les sandres vont profiter des cassures et obstacles pour se mettre à l’abri du courant et pour pouvoir surprendre leurs proies. Si vous bloquez votre canne scion à 60°, votre leurre survolera la cassure qui constitue véritablement la strike zone, et retombera sur le fond quelques mètres plus loin. Alors en accompagnant la descente de votre leurre en abaissant votre canne, vous lui permettrez de longer cette cassure et de se jeter ainsi dans la gueule du loup !
Du lourd vers le léger
Il existe une multitude de variables possibles pour répondre à l’humeur des sandres, mais la première est sans doute le choix du grammage de la tête plombée.
Ainsi, il est possible de pêcher relativement lourd (par exemple 2 grammes par mètre de profondeur) afin de réaliser une présentation saccadée et agressive. Ce choix est aussi idéal pour les débutants, car les chocs sur le fond seront alors sonores et parfaitement retranscris par la canne ; Il est alors plus facile de situer son leurre et se représenter l’évolution de celui-ci.
Au contraire, il est aussi possible de pêcher très léger (1gr par mètre ou moins) et de présenter son leurre simplement en dérive à la manière de la pêche au toc. Les contacts avec le fond seront plus discrets mais votre leurre dévalera les veines d’eau naturellement en reprenant contact régulièrement avec le fond. Il suffit d’imaginer un poisson moribond qui tressaute de temps en temps sur le fond et coule doucement et naturellement pour comprendre l’intérêt de cette approche.
Ainsi, retenez qu’il faut pêcher le plus léger possible mais suffisamment lourd pour sentir le fond !
Le bon matériel
Vous l’aurez compris, la pêche à gratter est une technique exigeante et précise. Alors votre matériel devra vous permettre d’obtenir un maximum de retour d’informations et de mener des animations les plus précises possibles en termes d’amplitude et de vitesse.
Une canne au minimum Fast et préférablement Extra Fast est tout indiquée pour cette technique. Elle devra être dans un carbone haut module et il est fondamental de ne pas la surcharger pour que votre scion ne fléchisse pas et donc n’absorbe pas vos animations. Par ailleurs, ce type de canne vous permettra de bien faire pénétrer les hameçons dans la bouche dure du sandre lors des ferrages.
En fonction de votre type de pêche (du bord ou embarquée), de la taille de votre plan d’eau ou rivière mais aussi des leurres et têtes plombées que vous utilisez, vous opterez pour un modèle entre 2,10m et 2,50m pour une puissance de 7-21gr à 20-50gr.
Pour l’accompagner, un moulinet en taille 2500 ou 3000 (voire 4000 pour une canne longue et puissante) garnie en tresse fine en 8 brins PE0.8 à PE1.2 sera parfait. Pour finir, une tête de ligne en fluorocarbone de 23 à 32/100 sera l’idéal et évidemment un assortiment de leurre souples variés en termes de tailles, de coloris et de vibrations. Les One Up de Sawamura, les Fin’s de lunker City ou encore les Shad Impact de Keitech sont des incontournables des différentes formes de softbaits.
