Si vous avez lu le sujet précédent sur la pêche du sandre à gratter, vous aurez compris que l’essentiel de l’animation est réalisé à l’aide de votre canne. Cependant il est aussi possible d’avoir recours au moulinet pour présenter son leurre autrement et prospecter de manière différente les spots ciblés. La pêche en linéaire constitue alors un excellent complément de la technique précédente.

Les bons spots et contextes

Une fois de plus, si la pêche en linéaire permet de couvrir quasiment l’intégralité des contextes rencontrés, je préfère néanmoins l’exploiter sur des zones vastes, avec peu de structures ou reliefs marqués et lorsque le courant est plutôt faible. Ainsi, dans ma pratique, la pêche en linéaire est davantage une pêche de prospection car elle permet de couvrir plus rapidement du terrain.

Néanmoins, encore une fois, vous pouvez pratiquer cette technique sur des spots tout à fait différents avec du courant, des cassures, des structures et très lentement.

Au demeurant lorsque l’on aborde des berges abruptes de face en bateau, cette technique est extrêmement efficace grâce à ce fameux mouvement pendulaire de la ligne que nous décrirons plus loin et parce qu’elle permet de cibler plus facilement la profondeur d’évolution des sandres qu’une pratique en verticale par exemple.

Des angles de lancer plus variés

Si vous exploitez une veine d’eau, il est une nouvelle fois important de veiller à vos angles de lancer afin de présenter votre leurre convenablement aux sandres et pour limiter les accrochages au fond. Cependant, si la base d’un lancer perpendiculaire à la veine d’eau ou aval doit être gardée à l’esprit, il est aussi possible de pêcher en descendant le courant (s’il n’est pas trop fort…) en accordant alors une attention particulière au choix de sa tête plombée. Les sandres sont parfois très sensibles à ce type de présentation, mais vous pouvez être certains qu’un leurre accroché sera un leurre perdu !

En plan d’eau, tous les angles de lancer sont possibles et vous devez impérativement les varier pour aborder une même zone, car ils s’avèrent être parfois décisifs.

Le schéma d’animation

La pêche en linéaire se pratique au moulinet et l’animation de base est simple.

• Tout d’abord, après avoir lancé votre leurre et fermé le pick-up de votre moulinet, il est une nouvelle fois important de contrôler la descente du leurre vers le fond, canne à 45°, pour pouvoir réaliser un ferrage efficace en cas de touche.
• Une fois votre leurre au fond, canne basse (de préférence de 0 à 30° et jamais supérieur à 45°), réalisez 2, 3 ou 4 tours de manivelles par exemple, puis stoppez.
• Maintenez votre leurre en tension et laissez-le alors redescendre vers le fond bannière tendue.
• Une fois que votre leurre est au fond ou à proximité, recommencez.

Le pendulier

Lorsque l’on maintient son leurre en « laisse » canne fixe et bannière tendue, cela a pour effet de ralentir sa descente vers le fond, donc d’offrir une présentation plus naturelle aux sandres et d‘augmenter la fenêtre d’attaque. Mais surtout, votre leurre ne coulera pas verticalement vers le fond et décriera un arc de cercle semblable à un mouvement de pendulier qui est particulièrement efficace.

Les cas des berges abruptes

Lorsque l’on prospecte des berges très pentues en linéaire, il est important de bien maîtriser la descente de son leurre pour pouvoir rester relativement proche du fond et ne pas « survoler » les sandres.

Ainsi, il est préférable de commencer par relever votre canne à 45° puis de limiter les tours de moulinet pour rester dans la bonne couche d’eau. Enfin, de la même manière qu’on peut le faire lorsque l’on pêche à gratter, il convient alors d’accompagner la descente de son leurre en abaissant sa canne pour lui permettre de longer la paroi, quitte à tendre le bras en fin de geste si la déclivité est importante.

Quid du cranking pur et dur

Lorsque l’on pêche le brochet par exemple, il est très courant de réaliser un cranking pur au moulinet sans aucune pause. Pour le sandre, cette présentation est possible aussi, mais il est important de soigner le choix de sa tête plombée et son adéquation avec la vitesse de récupération pour rester dans une couche d’eau très proche du fond. Lorsque les sandres sont actifs, c’est une présentation qui est efficace, mais que l’on doit réserver à des zones peu profondes et avec très peu de relief.

Vitesse et grammage

Lorsque l’on pêche en linéaire, le choix du grammage de la tête plombée est conditionné par le leurre souple monté, la profondeur, le vent et le courant… Mais aussi par l’action que l’on veut donner à son leurre. En effet, il est possible de sur-lester son softbait et de l’associer à des récupérations très élevées parsemées d’arrêts brusques pour jouer sur les reflexes d’agressivité du sandre.

Au contraire, il est aussi possible de limiter la charge du leurre au minium pour le laisser planer le plus longtemps et naturellement possible. Les sandres sont extrêmement sensibles à la présentation du leurre et il est déterminant de les alterner pour trouver celle du jour.

Le bon matériel

Comme pour la pêche à gratter, la taille des leurres utilisés et des têtes plombées associées déterminera la puissance de votre canne. Cependant, vous devrez choisir sa longueur en fonction de vos besoins en termes de distance de lancer mais aussi de conduite de ligne. Si la zone prospectée présente une déclivité importante, il vous faudra privilégier une canne longue (entre 2,30m et 2,50m) pour pouvoir parfaitement maîtriser votre bannière sur toute la phase de descente.

S’agissant une nouvelle fois d’une pratique foncièrement tactile, l’usage d’un carbone haut module est essentiel et vous jetterez votre dévolu sur un modèle d’action Fast pour conduire des animations précises et réaliser des ferrages efficaces.

Enfin, un moulinet allant d’une taille 2500 à 4000 garni d’une tresse PE0.8 à PE1.2 et d’une tête de ligne en fluorocarbone entre 25 et 30/100 est idéal.

Des shads mais pas que…

Dans la pratique et dans la représentation des pêcheurs, la pêche en linéaire est associée à l’usage d’un shad, car son paddle se met en activité sous l’effet du moulinet. Cependant, l’utilisation de modèles pintail ou finess (queue en V) est tout à fait possible (et même recommandé) pour varier les vibrations. Il suffira alors d’agrémenter votre récupération de légers coups de scion plus ou moins secs pour donner vie à la queue de vos leurres. Beaucoup sont dubitatifs, mais les premières touches lèveront le doute sur l’efficacité de ces leurres.

Afin de pouvoir varier les vibrations, je vous recommande d’opter pour des shads avec une gomme dure et des paddles importants, d’autres beaucoup plus souples et fins mais aussi des grubs et une  variété de finess et pintail. Du Nitro Shad  d’Illex au Dolive Stick d’OSP en passant par le Shaker de Lunker City, le X Layer Curly ou le Zoom Fluke, vous n’aurez que l’embarras du choix.