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Pêche de la carangue hippos du bord au Nord-Est du Brésil !

Parti en stage cinq mois dans le Nord-Est du Brésil, j’ai essayé de prendre du bord une carangue hippos au leurre. Malheureusement, à la pêche, on ne gagne pas à tous les coups, et ma quête est restée inachevée : une traque infortune dont je vous livre une analyse à travers cet article.
Pêche exotique dans le Nord-Est du Brésil
  1. Pêche de la carangue hippos du bord au Nord-Est du Brésil !
  2. Récit d’une pêche au tarpon mémorable à Recife au Nord-Est du Brésil !
  3. Pêcher le snook l’hiver, le rockfishing à la brésilienne !

Quand on parle carangue hippos au leurre on pense tout de suite à des pêches sur plateformes dans le Golfe de Guinée ou à un séjour paradisiaque dans l’archipel des Bijagos. Seulement voilà, quand vous partez plusieurs mois à l’étranger pour des raisons professionnelles, vous ne choisissez pas forcément vos spots de pêche ou la meilleure saison. Sortir ainsi des sentiers battus n’est pas toujours facile, c’est pourquoi je voudrai vous partager mon expérience !

Point Taxonomique

Illustration tirée de Smith-Vaniz et al. (2007). Review of the crevalle jacks, Caranx hippos complex (Teleostei: Carangidae), with a description of a new species from West Africa. Fishery Bulletin, 105(2).

D’un point de vue taxonomique, l’espèce ciblée ici est Caranx hippos, cousine des Caranx Fischeri d’Afrique de l’Ouest et des Caranx canicus du Pacifique Est (B). Au brésil, on l’appelle le xaréu.

Arrivée à Recife dans le Nordeste, pas une destination pêche a priori

Le Nord-Est du Brésil n’est pas une région connue pour ses poissons records, que ce soit en eau douce ou en mer. Elle l’est bien davantage pour son tourisme, où des villes aux noms célèbres laissent voir leur héritage colonial, baigné d’un soleil généreux. Salvador de Bahia, Fortaleza ou encore Recife. Pour autant, on y observe une activité de pêche artisanale omniprésente qui fait partie intégrante de la culture.

Dès mon arrivée à l’aéroport Guararapes (Recife), je glane les premières informations sur la pêche. La pêche artisanale est multi-spécifique mais les espèces les plus ciblées sont le snook, les snappers, le mulet et la sardine. En outre, les pêcheurs récréatifs capturent des hippos sur des barques dans l’estuaire, où les carangues viennent s’alimenter en nombre. Au passage, notez que l’attraction halieutique principale de la Venise brésilienne reste le tarpon.

Un tarpon qui folâtre près de la place de la République: on peut réaliser du « street-carangue » à Recife !

Rentrer dans le vif du sujet et récolter des informations cruciales

D’abord, pour identifier des spots quand on est seul, on peut s’intéresser à la biologie de l’espèce ciblée, et en particulier à son alimentation et à sa physiologie. J’ai consulté la littérature scientifique disponible à mon labo (contenus stomacaux et régimes alimentaires, lieux des captures, gammes de salinité, etc). Je suis aussi allé aux informations, à la débarque de la pêche. Après ça, j’ai mieux visualisé les spots potentiels et j’ai identifié les premières difficultés (en plus de m’être fait des amis pêcheurs brésiliens).

J’ai donc appris que dans cet estuaire, les carangues se nourrissaient majoritairement de crevettes, tout comme les snooks et les tarpons, et de petites sardines (très peu de gros mulets). Ces poissons, profitant d’une nourriture abondante près du fond, sont donc très sélectifs, axés sur de petites proies difficiles à imiter. D’ailleurs, tous les Brésiliens capturant régulièrement des hippos pêchent à l’appât, et les leurristes ont de mauvais résultats.

Quel matériel aurais-je dû utiliser ?

Un certain nombre de mes leurres sont restés hors-sujet, car j’avais misé sur des pêches plutôt fortes type 40-50 livres (qui auraient pu être excellentes en Afrique par exemple), avec des leurres assez lourds. C’est la spécifité écologique de cet écosystème qui a rendu mes techniques inadaptées. En revanche, au Sud de Recife, il existe plusieurs lieux réputés pour le leurre, comme la praia do xaréu (littéralement la plage de la carangue). Mais je n’ai malheureusement jamais pu y aller.

De très bons leurres auraient été des minnows assez fins, coloris naturel sardine, et assez denses pour être lancés loin et prospecter rapidement ; type jerk à thon (Pintail, Rough Trail Blazin…). On aurait même pu amener son ensemble 30lbs pour la Méditerranée ! Avec le recul, je pense que des pêches lentes au leurre souple auraient pu être excellentes !

Une belle panoplie qui aurait été idéale pour les Bijagos

L’ingratitude de la pêche

Pour ma première tentative au niveau de la grande jetée de Recife, je décide de me faire accompagner par un collègue débutant (vous voyez venir la suite). Construite sur une longue barrière de corail naturelle, elle forme un canal qui constitue un lieu de passage pour les carangues. Je choisis de commencer deux heures après le début de la montante, ce qui m’a paru intuitif pour débuter. Comme je n’ai emmené que deux cannes au Brésil, je laisse ma 40 livres à mon collègue, pendant que je m’amuse à brasser la surface avec mes poppers de 17cm et ma 80 livres (prévue pour un second voyage). Je fais tourner les leurres, et alors que la marée et le soleil sont déjà bien hauts, et que je songe à rentrer, je vois ma canne pliée en deux et mon collègue désemparé. C’est sérieux !

Mais n’ayant jamais tenu de poisson de sa vie, il fait quelques erreurs, et le poisson se décroche. Ni une, ni deux, il relance, et au bout de 10 minutes, c’est pendu à nouveau ! Cette fois-ci, je le guide, et après un beau combat, j’arrive à attraper le pédoncule caudal si caractéristique. La carangue de la photo, un joli spécimen de 7-8 kilos ! Le leurre est, comme prévu, mon Jerkbait Tackle House coloris sardine. Alors, le bon moment ou le bon leurre ? J’aurai beau retourner des dizaines de fois au même endroit et faire plusieurs milliers de lancers, je n’en reprendrai jamais…

Du bord, les jerkbaits type jerk à thon sont ultra efficaces et se lancent très loin sans forcer
Dès le mois de mai, les eaux froides et sales poussent au large les sardines

Une autre explication à mon échec : la saison

Je suis arrivé au début du mois de mars à Recife mais je n’ai vraiment commencé à pêcher qu’à la mi-avril. Or, à cette époque, les bancs de sardine sont déjà un peu décollés de la côte. On est ensuite entré dans le début de l’hiver, avec les premières grosses pluies. Des eaux chargées de déchets, froide, et de faible salinité, ruissellent alors du rio Capibaribe vers l’embouchure. Le gros de la vie pélagique se retire, suivant l’eau chaude. Les carangues restées se nourrissent de crevettes, avec un métabolisme ralenti.

On note au passage que la dynamique est contraire par rapport aux estuaires Africains (Gabon par exemple), où le meilleur moment est justement à la saison des pluies. A Recife, en plein été (décembre typiquement), il y a de vraies opportunités de prendre de la carangue au popper. A partir de mars, la saison est déjà terminée… Donc réservez-vous un séjour novembre-janvier, et cela sera parfait !

Allons les trouver en mer !

C’est en bateau que j’ai pu toucher ma première hippos, sur une belle chasse, au large. Ici encore, c’est avec mon Jerkbait minnow Tackle House que j’ai déclenché le poisson, ayant essuyé des refus au popper. C’est le poisson de la photo de couverture.

Pour les plus curieux, un drôle de leurre que l’on n’a pas encore vu chez nous, la crevette artificielle (poisson pris par un ami Brésilien en été)

Une seule solution : rebondir !

Je n’ai donc jamais réussi à leurrer une carangue avec mes leurres durs du bord. Mais évidemment, je ne pouvais pas rester campé sur mes positions, et passer à côté d’autre chose. Je me suis donc équipé sur place, avec du matériel plus léger. Dans un second article, je reviens donc sur les super pêches au jig que j’ai pu faire, ciblant notamment le snook.

En vérité, j’ai réussi à prendre une autre carangue au jig. Mais ce n’était pas tout à fait le client recherché…

Je ne battrai pas le record IGFA all tackle établi en Angola à 26,5 kilos avec ce poisson
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