Si le concept de réservoir pour pêcher la truite à la mouche fouettée existe depuis longtemps en France, celui de la pêche aux leurres sur ces mêmes poissons issus de pisciculture et présents en forte densité, est beaucoup plus récent. Aussi appelé pêche en Area, ce concept nous vient du Japon. Déjà bien implanté en Italie, il se démocratise de plus en plus en France notamment avec l’apparition de nombreuses manches de compétitions Area.
L’area fishing : késako ?
L’Area n’est en réalité ni plus ni moins qu’un réservoir destiné exclusivement à la pêche des salmonidés aux leurres. Le principe est simple, payer à la journée pour pêcher des parcours et plans d’eau empoissonnés massivement où la règle d’or est le « Catch and release ».
On y utilise des cannes ultra légères pour pêcher en finesse et déjouer la méfiance de ces truites sur-éduquées avec de petits leurres armés d’hameçons sans ardillons.
En France, si certains de ces lieux n’autorisent que les leurres durs et les leurres métalliques, d’autres sont moins stricts et autorisent tous types d’appâts artificiels y compris les leurres souples.
Il existe également des réservoirs mixtes qui associent des parcours destinés exclusivement à la pêche à la mouche et d’autres zones ouvertes à la pratique de la pêche aux leurres. Dans tous les cas, ces milieux fermés nous permettent de continuer à pratiquer notre passion même en dehors des périodes d’ouverture de la pêche, sans risquer de porter préjudice aux populations de poissons sauvages.
Les poissons ciblés
La truite arc-en-ciel est l’espèce la plus emblématique de cette pêche en réservoir. Aussi appelée simplement « arc » ou « aec » dans le jargon du pêcheur, c’est le salmonidé le plus combatif que vous trouverez dans ce type de lieu de pêche. C’est l’espèce la plus représentée avec un grand nombre de truites portions entre 30 et 40 centimètres et aussi de très gros sujets dépassants parfois les 80 centimètres.
La truite fario est souvent présente également. Certes, ces poissons issues de piscicultures n’ont pas la valeur ni la beauté de leur homologues sauvages, mais ils restent de sublimes spécimens à la robe souvent très colorée et d’une agressivité redoutable.
L’omble de fontaine ou saumon de fontaine est aussi familier de ces aires de jeux pour pêcheurs. Sa grosse tête caractéristique et sa mâchoire surdimensionnée en font un prédateur redoutable pour nos petits poissons nageurs.
Le quatrième poisson presque toujours présent en réservoir ou en area est la célèbre « aguabonita », également appelée « truite dorée » ou « truite gold ». C’est un peu le saint graal des pêcheurs de réservoirs car sa couleur jaune la rend très facilement repérable et donc très sollicitée par les pêcheurs, ce qui en fait souvent un poisson particulièrement éduqué.
Enfin, d’autres espèces peuvent êtres présentes comme les magnifiques truites tigres et léopards, issues de croisements entre une truite fario et un saumon de fontaine. Ces espèces sont particulièrement voraces et agressives pour le plus grand plaisir des pêcheurs.
Les cannes à employer
Les pêches en réservoir sont généralement des pêches fines et légères. Une canne light ou ultra light est généralement utilisée. Son action doit être souple pour palier au risque élevé de décroche lorsque l’on combat des truites capables d’enchainer les chandelles (sauts hors de l’eau), sans oublier que la pêche se fait obligatoirement avec des hameçons simples sans ardillons. Le matériel spinning est un choix logique mais si vous êtes adeptes du baitfiness, faites-vous plaisir, le but étant clairement de s’amuser !
Moulinet et fil
En spinning donc, un moulinet de taille 1000 à 2000 est largement suffisant. Un ratio élevé n’est pas nécessaire, au contraire, certaines approches nécessitent une faible vitesse de récupération. Garnissez-le soit de nylon entre 14 et 18 centièmes qui, de part son élasticité, réduira encore le risque de décroche.
Vous pouvez également faire le choix d’une tresse fine en 8/100 suivie d’un long bas de ligne de fluorocarbone entre 14 et 20/100.
Le leurre phare de l’area fishing : la cuillère ondulante
Les cuillères, et en particulier les toutes petites ondulantes, sont les leurres emblématiques de la pêche en area. Elles existent dans un panel de coloris infinis et sont toujours une valeur sûre pour leurrer ces grosses truites de pisciculture.
Les leurres durs
Pour les élitistes, les leurres durs sont assurément les plus nobles dans cette pêche de réservoir. Utilisez de petit jerkbaits minnow entre 40 et 60mm, variez les couleurs, les profondeurs de nage et les animations. Parfois un linéaire lent déclenche tous les poissons et d’autres jours, il faudra le twitcher avec énergie et rapidité, à vous d’essayer.
Toujours dans la catégorie des leurres durs, de tout petit swimbaits sont souvent redoutables sur ces grosses truites. Elles n’en voient presque jamais passer et sont donc naturellement moins méfiantes face à ce type de leurres. Pensez simplement à remplacer les triples par des simples sans ardillons et à rééquilibrer le leurre avec une petite pastille de plomb adhésive si nécessaire.
Les petits crankbaits font également partie de l’arsenal des pêcheurs spécialistes de l’area.
Lorsque le règlement l’autorise, n’hésitez pas à sortir vos leurres souples, ils sont redoutables, en particulier les imitations de larves. Privilégiez des leurres de moins de 3 pouces car les touches sont parfois étrangement courtes.
Il est vrai que l’on retrouve chez ces truites de réservoir une attitude proche de celle des saumons en migration qui pourchassent les leurres à faible vitesse et ouvrent la bouche sans vraiment s’en saisir par instinct de prédation plus que par volonté de se nourrir. Un leurre de petite taille avec un hameçon bien exposé augmentera donc votre taux de réussite.
Micro spinnerbaits
En conséquence de ce dernier paramètre, j’ai remarqué que les micros spinnerbaits étaient redoutables d’efficacité car les poissons se focalisent sur l’avant du leurres avec la jupe et les palettes, et l’hameçon positionné très en arrière du leurre est souvent fatal sur ces fameuses touches courtes.
Micro Jigs
Enfin, les micro-jigs associés à un finess ou à une craw sont encore une fois un véritable sauve bredouille indétrônable selon moi. Ramenés en linéaire au-dessus du fond, ils éveilleront l’intérêt des truites, des que l’une d’elle le prend en chasse, laissez le jig tomber sur le fond et elle viendra fouiller les sédiments pour le cueillir comme une cacahuète.
A retenir
N’oubliez pas vos cuissardes, vos lunettes polarisantes et votre épuisette en maille caoutchouc pour ne pas abîmer les poissons. Écrasez vos ardillons autant pour le bien-être des poissons que pour vous simplifier la vie au moment du décrochage. Et surtout, amusez vous !
