Les images de la Papouasie-Nouvelle-Guinée aperçues sur internet étaient trop intenses, trop hors normes… il fallait vivre tout ça par nous-mêmes. Partir pêcher le papuan bass et les barramundis géants à l’autre bout de la planète, uniquement pour quelques jours et en pleine jungle hostile, relevait clairement de la déraison. Mais nous l’avons pourtant fait et ce voyage vraiment pas comme les autres me marquera à jamais par son dépaysement et sa démesure.

Une destination rare…
La Papouasie-Nouvelle-Guinée n’est clairement pas une destination courante pour un pêcheur européen. Habituellement prisée pour ses pêches côtières exceptionnelles, la pêche en eau douce en PNG reste encore aujourd’hui assez confidentielle.
La plupart des pêcheurs de loisirs qui s’y rendent sont japonais ou australiens. La Papouasie-Nouvelle-Guinée, partie Est de l’île, est bien plus colonisée par l’homme que la Papousie occidentale à l’ouest. C’est pourtant bien en PNG que nous arrivons, non sans difficulté, à planifier un voyage en estuaire qui reste dans notre budget.
…et pas comme les autres
Passants par Doha puis Singapour, c’est au petit matin à 5h00 que nous arrivons enfin, après 36h00 de vol, à Port Moresby, la capitale de la PNG. A peine nous sortons de l’aéroport qu’une rixe éclate juste devant nous en plein milieu de la rue et personne ne bronche… le ton est donné…
Notre accompagnateur sur place nous dit de ne pas traîner dans la rue et de nous dépêcher. On nous emmène dans un loft barricadé et entouré de fils barbelés où nous devrons attendre pendant 2 jours le temps que le reste du groupe arrive d’Australie.

Ces deux jours d’attente sont interminables et nous ne sommes vraiment pas libres de nos faits et gestes. Les risques de kidnapping en PNG sont conséquents et lorsque l’on veut bien nous sortir, on nous parque dans un espace clos pour « blancs » avec commerces réservés… Nous ne pensions pas découvrir une telle ambiance à notre arrivée.
Opportunistes et insistants, nous parvenons toutefois à nous mettre un gardien de la marina du port dans la poche. Il fermera les yeux sur le fait que nous pêchons les quais pendant quelques heures tout en assurant notre sécurité. Nous capturons nos premiers poissons de PNG : des petites carangues GT et même un queenfish.

La pauvreté partout
Le restant du groupe nous a enfin rejoint, il est composé de six pêcheurs australiens habitués à capturer des barramundis chez eux et venus ici battre leur « personnal best ».
Nous n’avons pas le temps de faire vraiment connaissance que nous voilà partis pour de longues heures de route en 4×4 sur une piste. Nous traversons des petits villages très pauvres…

Un hymne à la nature sauvage
Les parcs en pleine ville sont très fréquentés par de très grandes chauve-souris frugivores. Quand le soleil se couche, ce sont des nuées de chauves-souris géantes qui prennent place dans le ciel, un spectacle aussi grandiose qu’anxiogène.
Après une journée de trajet, nous finissons par arriver au bord de la rivière, à quelques kilomètres de la mer de corail. Les locaux se mettent en place pour accueillir les occidentaux que nous sommes, le chef du village compte bien avoir sa liasse de billets.

Durant cette semaine de pêche nous logerons dans une église construite par des occidentaux il y a 40 ans et à peu près préservée grâce au pasteur du village. La jungle jouxte le village, il est fortement déconseillé de s’aventurer loin de l’église…

Gare aux crocodiles de mer
Au cours de notre semaine nous croiserons moultes insectes dangereux et des crocodiles de mer que les villageois redoutent terriblement car ils sont responsables chaque année de plusieurs attaques mortelles sur leurs modestes pirogues taillées dans les grumes.
C’est la première fois au cours de mes voyages que je perçois une crainte aussi prononcé envers les crocodiles. Il faut dire qu’ici ils mesurent jusqu’à 6 mètres de long et aiment bien manger de l’homme.
En ce mois d’octobre, nous sommes censés être en saison sèche mais c’est pourtant un déluge de pluie qui s’est abattu les jours précédant notre arrivée. Le coup de massue tombe. Nous avons fait 15 000km pour pêcher dans une rivière boueuse en crue.
A ce moment précis, il faut être, au choix, soit très fort dans la tête, soit très philosophe…

Les différentes espèces à pêcher
La pêche que nous avons pratiquée est une pêche d’estuaire. Il est donc possible de pêcher à la fois dans l’eau saumâtre et dans l’eau salée. Chaque configuration a ses propres spécificités et offrent ses propres espèces.
Le papuan bass
C’est clairement pour lui que nous avons traversé la planète et nous sommes « jetlagués » de 9h. Réputé comme l’espèce d’eau douce la plus explosive et puissante au monde, ce poisson est une anomalie d’eau douce. Caché au fond de son antre, il sort rageusement fracasser votre leurre avant de retourner avec une force démesurée là d’où il vient. Ceux qui ont déjà eu la chance de tenir une carpe rouge, et particulièrement une cubera savent de quoi je parle.
Au cours de notre voyage, les eaux chargées auront rendu la pêche du papuan bass très compliquée. Toutefois, quelques sujets se seront faits capturer par plusieurs membres du groupe sur des poissons nageurs allant les débusquer de leur repère.

Le barramundi
C’est le poisson roi des australiens, ils ne jurent que par lui. Le barramundi est un poisson assez lunatique qui répond assez bien aux leurres. On y trouve en PNG des spécimens à la taille démesurée.
C’est d’ailleurs un de ces poissons géants que l’on ne croise jamais, que mon binôme aura eu la chance de capturer dans les eaux boueuses de la rivière, un sujet de près de 131 cm. Je suis plus qu’heureux de ce cadeau hors norme que la nature lui a fait et je savoure la chance que j’ai de pouvoir toucher un barra de plus de 130cm de mes mains.
Les barramundis ne sont pas des combattants exceptionnels comparés au papuan bass mais la puissance de leur touche et les sauts qu’ils font en surface pour se défaire des leurres en font un joli poisson de sport.
Les espèces d’eau saumâtre
Au cours de notre séjour, nous croiserons d’autres espèces vivant autant en eau saumâtre qu’en eau salée comme les mangroove jack, les groopers ou encore le threadfin salmon. La diversité était bien là !

Le format
Les pêches les plus productives en PNG sont effectuées avec un catamaran comme bateau mère. On parcourt alors les différents estuaires et rivières les plus vierges.
Quand le budget ne le permet pas, on se résout à revenir tous les soirs sur le même camp de base à proximité d’un estuaire. Cela oblige à des déplacements journaliers conséquents pour pêcher les différents spots du delta. Qui plus est, cette pêche d’estuaire est largement indexée par les mouvements de marée et donc la qualité de pêche n’est pas constante.

Le budget
Qui dit voyage au bout du monde dit budget conséquent. Une grosse logistique matérielle et humaine est nécessaire pour pêcher en sécurité dans la jungle pendant plusieurs jours consécutifs.
Il est donc devenu délicat aujourd’hui d’effectuer 6 jours de pêche en PNG à moins de 6000 euros pour un format simple. Pour le format en catamaran, le prix est plus élevé.
Pas à la hauteur de nos espérances
Nous sommes revenus de Papouasie-Nouvelle-Guinée fatigués après un autre très long trajet et avoir loupé un vol au retour. Nous avons à l’évidence « loupé » notre voyage en terme de résultats à cause des conditions météorologiques. La prise de risque existait et on le savait bien en planifiant ce voyage plusieurs mois à l’avance. Toutefois je reste marqué par la beauté de ce pays où la nature m’a semblé encore bien plus préservée qu’en Amazonie.
Je ne sais pas si je retournerai sur l’île mais ce pays continue d’habiter mes rêves halieutiques.
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