Depuis le 1ᵉʳ juin, la saison de pêche du thon rouge est officiellement lancée. Les premiers poissons sont déjà bien présents dans le sud-ouest de la France. Il va encore falloir patienter 1 mois avant de les retrouver le long des côtes bretonnes, là où j’ai l’habitude de les traquer depuis plusieurs années maintenant. Ce temps d’attente peut être mis à profit pour préparer votre matériel et effectuer les derniers réglages pour être au top au moment du coup d’envoi de la saison qui va être intense. Dans un précédent article disponible ICI nous avions abordé le choix des leurres à avoir dans sa boite. Oui, mais quand les utiliser ? Comment les choisir selon l’activité des poissons ?
le thon, un poisson sélectif
Stickbaits, poppers… à coup sûr, votre boite en déborde et le choix peut être difficile. Nous allons tenter d’y voir plus clair ensemble. S’il y a bien un poisson capricieux, c’est le thon rouge. Son comportement est changeant et le pêcheur doit sans cesse s’adapter pour tromper sa vigilance. Plusieurs comportements sont distincts chez le thon rouge et en fonction de ceux-ci, le choix du leurre diffère.
Les gros « bouillons » !
Sans aucun doute, il s’agit de la scène la plus impressionnante que rêve de voir tout pêcheur de thon. Ces énormes chasses en surface formant des cercles que l’on appelle « jacuzzi » dans le jargon (ou « lavadoras » en espagnol). La pêche parait tellement simple dans ce cas-là. Il suffirait presque de lancer n’importe quel leurre au milieu pour avoir une attaque. Nous sommes pas loin de la vérité.
Ici, la frénésie est telle, et l’agressivité des poissons au maximum, que tous les leurres proposés ont une chance d’êtres pris.
Dans une telle situation, la problématique est la densité de la chasse. Un poisson piqué va partir en trombe pour effectuer son rush. Dans ce cas, le risque que le poisson croise la route d’un congénère entrainant quasi systématiquement la casse de la ligne, est fort.
Ici, j’emploie aussi bien du leurre souple comme le Crazy Sand Eel ou un shad comme le Nitro Shad Illex ou encore le Black Minnow de Fiiish. Ceux-ci sont montés sur des têtes plombées renforcées.
En toute franchise, j’emploie des leurres « peu onéreux », compte tenu des fortes probabilités de se faire couper la ligne. Je préfère prendre le risque de perdre un leurre souple, plutôt qu’un popper à plusieurs dizaines d’euros. Etant donnée la frénésie, je n’ai pas vu de différence de résultat entre les leurres.
Les poppers sont bien entendu très efficaces et sont à employer en complément des leurres souples.
Les petites chasses de surface
Il s’agit de la situation la plus souvent rencontrée caractérisée par des scènes de chasses constituées de quelques individus qui, à l’inverse des gros bouillons, se déplacent. Elles durent généralement moins longtemps que les précédentes, mais sont toutes aussi intéressantes à pêcher. Comme habituellement, les oiseaux restent les meilleurs indicateurs pour les localiser.
Ici, il est possible de croiser des poissons de toutes tailles contrairement aux grosses concentrations où les poissons sont quasiment tous calibrés.
Dans cette situation, la priorité est de se placer du bon côté de la chasse. Comme elle se déplace, le positionnement du bateau doit être en amont et si possible bien orienté avec le vent dans le dos. Le skipper joue un rôle primordial dans la réussite de la pêche.
Étant plusieurs pêcheurs à bord, alternez le choix des leurres. J’ai une préférence pour le popper dans cette situation. Je passe ensuite au leurre souple lorsque l’activité se calme ou si je constate un refus de la part des poissons.
J’anime le leurre devant la chasse et, dans la mesure du possible, effectue une pause lorsque la chasse, se déplaçant, croisent la route de mon leurre.
L’attaque se produit généralement lorsque je reprend l’animation après la pause.
Au leurre souple, je procède de la même façon en laissant descendre le leurre en profondeur avant l’arrivée de la chasse puis en effectuant une récupération continue lorsque celui-ci est à proximité de cette dernière.
Des têtes plombées renforcées sont indispensables pour armer vos leurres souples. Il y a bien sûr le modèle X-Strong de Fiiish pour les leurres comme le Crazy Sand Eel mais aussi d’autres modèles adaptés au shads. J’affectionne la VD Slim qui est disponible en différent grammage allant de 35 à 95 g.
Lorsque j’arrive après la guerre
Dans certains cas, j’arrive trop tard, la chasse est terminée. Plus aucun poisson ne se manifeste en surface mais je ne m’avoue pas vaincu pour autant.
Ici, j’opte pour des poppers avec une forte sonorité en raison des billes. Lors des animations, le but n’est pas de faire de grosses gerbes d’eau, mais plutôt de se faire entendre grâce aux billes du leurre. De longues tirées entrainant une trainée de bulles sont très efficaces.
Le Feed Popper de Tackle House est l’un de mes favoris en taille 150 ou 175 mm surtout en version DW. Cette version DW (pour Diving Wobbler) est différente de la version traditionnelle. Cette dernière a pour caractéristique de faire nager le leurre juste sous la pellicule d’eau et de faire une trainée de bulles importante.
Le leurre souple est adapté à cette situation également. Dans ce cas, je pêche en verticale ou légèrement décalé du bateau. Après avoir laissé descendre le leurre à mi-profondeur, j’effectue une récupération linéaire.
Clairement, ce n’est pas la situation qui m’apporte le plus de résultat. Je pense qu’une fois l’euphorie passée, les thons sont beaucoup moins agressifs et de fait, plus difficiles à leurrer.
Les poissons qui marsouinnent
Il s’agit de poissons isolés, un ou deux qui sautent en surface. Rien à voir avec une véritable chasse. Je constate ce comportement lorsque l’activité est très calme.
L’expérience me montre qu’il est très compliqué voir impossible de piquer un poisson isolé qui a ce comportement.
Ceci-dit, c’est souvent le prémices d’une probable reprise activité. Face à ce comportement, je reste attentif et je garde un œil ouvert. Une véritable chasse peut tout à fait se déclencher dans les minutes qui suivent.
Mais je ne me précipite pas pour pêcher un poisson isolé qui marsouine.
Lorsque les poissons sont visibles au sondeur sans monter en surface
Situation frustrante au possible, voir les poissons au sondeur suspendus à quelques mètres sous le bateau sans qu’aucun ne décide à venir crever la surface de l’eau.
La première idée serait d’envoyer un leurre souple pour tenter de décider un de ces capricieux thons rouges. Pourtant, ce n’est pas la technique qui m’apporte les meilleurs résultats.
Lorsque j’ai débuté la pêche du thon rouge au leurre, je ne pêchais pas lorsque je voyais les poissons au sondeur, étant persuadé qu’il était impossible de faire monter un poisson de plusieurs dizaines de mètres. En sélectionnant le bon leurre, il est tout à fait possible. Ici, nous sommes dans la même configuration que lorsque l’on arrive une fois la chasse terminée, à la différence que les poissons ne viennent pas juste de se nourrir.
J’ai pour habitude de popper dans toutes les directions en insistant sur les pauses. Lors des animations, j’accentue fortement les tirées afin de faire le maximum de bulles dans l’eau.
Outre le Feed Popper, j’ai remarqué que les leurres fabriqués en bois (comme le popper Strike Pro Tuna Hunter) avaient un véritable succès dans cette situation. Sûrement en raison de la sonorité différente de celle du plastique.
Il est donc tout à fait possible de faire monter un thon rouge de plusieurs dizaines de mètres de profondeur. Ceci dit, je ne m’acharne pas des heures. Au maximum, je reste 10 minutes sur la zone à pêcher. Pensez à alterner entre leurres durs et leurres souples avec les autres pêcheurs à bord.
