Devenir membre premium

Devenez membre Premium et bénéficiez de remises immédiates

Pêche des brochets et truites grises du Grand Nord canadien, une expérience hors norme !

Embarquement immédiat aux confins du Grand Nord, à la frontière de l'Alaska et du Yukon, où nous avons eu le privilège de pêcher sous le soleil de minuit. C'est parti pour le récit de la traque des grands brochets sur les hauts fonds, lagunes, plages de sable et celle des truites grises en verticale.
Brochets et truites du Grand Nord canadien
  1. Pêche des brochets et truites grises du Grand Nord canadien, une expérience hors norme !
  2. Matériel et techniques pour la pêche des grands brochets et des truites grises du Yukon !
  3. Des conseils pour bien préparer son voyage de pêche en autonomie au Canada !

Cela faisait maintenant une éternité que je rêvais d’aller me frotter aux carnassiers du Grand Nord canadien. Alléché par les histoires folles d’amis qui en revenaient, le Yukon était devenu une réelle obsession. Quand enfin l’opportunité s’est présentée c’est sans la moindre hésitation que je me suis rué pour réserver les billets. Au programme six jours de pêche en totale autonomie avec quatre amis. Une cabane de trappeur sans eau ni électricité abritera nos courtes nuits emplies de rêves de géants. Le paradis pour nous autres passionnés.

Un grand voyage qui nous sépare du Grand Nord

Départ pour le Grand Nord

Fin juillet 2023 le soleil brûle mon sud ouest lorsque nous nous envolons au départ de Toulouse pour Whitehorse (capitale du Yukon) via Francfort. Arrivée sous des trombes d’eau dans le Grand Nord, changement de décor ! Un gros pickup américain démesuré vient nous récupérer pour nous conduire au supermarché afin d’acheter les courses nécessaires pour survivre une semaine dans la forêt. Opération primordiale, il s’agit de ne pas se tromper sur les quantités, car une fois sur les berges du lac impossible de revenir à la civilisation.

Œufs, huile, beurre, pâtes, riz, tomates, oignons, ail, gâteaux, chocolat, pain tout étant savamment étudié pour ne pas dépasser le poids autorisé dans l’hydravion. Etant des bons vivants, impossible de ne pas prendre avec nous quelques bonnes bouteilles millésimées pour accompagner le poisson fraîchement prélevé. Agrémenté de chips et de cacahuètes le caddie avait fière allure. Nous étions fins prêts, la suite nous prouvera que non !

Dernière ligne droite

Encore une heure de route grandiose avant de découvrir un adorable hydravion allant nous servir de taxi particulier pour atteindre notre but. Etant limité en poids nous embarquerons seulement à deux pour le premier trajet, les autres attendront sagement que le pilote fasse l’aller-retour. Par chance je suis dans le premier wagon et aurai la lourde tache d’installer le matos de survie dans la cabane avant l’arrivée des collègues, ou plutôt de tenter quelques coups de ligne !

La vue est à couper le souffle. Le terrain de jeu semble infini.

Le rêve prend forme, nous survolons une étendue vierge, jalonnée de lacs, de rivières aux eaux cristallines et de forêt. Une nature toute puissante ayant eu raison de l’homme. Il faut savoir qu’ici les saisons ne sont pas les mêmes que chez nous et que l’hiver est rude. En effet il commence en septembre pour se finir fin mai avec le dégel !!! Juin est ensuite le printemps, juillet l’été et août l’automne ! Vous comprendrez aisément que durant ces trois courts mois les poissons doivent s’engraisser vitesse grand V pour résister à 9 mois de glaciation !

Enfin le pilote nous désigne du doigt le lac et nous annonce dans le casque de nous préparer à l’amerrissage ! Je découvre tel un enfant le jour de Noël, un terrain de jeu d’environ 600 hectares, alternant hauts fonds, plage de sable, anses, criques, embouchures de rivières, etc. Le Cessna se pose avec autorité devant le ponton de la cabane.

Arrivée à destination

Accueilli par une armée d’écureuils j’arpente avec tout le matériel le court sentier menant à la cabane. On se croirait dans un film. Une authentique bicoque en rondins de sapin, le grand luxe, 4 couchages, une cuisine et une table. De nombreux leurres démantibulés, sectionnés, arrachés, explosés décorent les murs. L’ambiance est donnée. Cerise sur le gâteau, un magnifique barbecue ainsi qu’une table de pique-nique extérieure complètent notre terrasse avec vue sur le lac. On va être bien ici c’est une certitude !

La cabane de trappeur du bout du monde. Quel luxe d’avoir pu y séjourner en autonomie durant une semaine.

En fin connaisseur Georges, mon binôme, me fait suspendre les courses en hauteur. Effectivement, l’année précédente il avait eu la mauvaise surprise de voir l’intégralité de ses chips réduit à néant par une horde de souris. En plus de cela tout devra être sous clés et les restes alimentaires brulés pour ne pas attirer les ours sur le campement ! Nous sommes prévenus. Ils règnent en maitres sur le territoire et ce sont leurs terres ! Une fois la corvée de l’installation finie je me précipite monter les cannes pour  tenter de capturer les premiers poissons du bord.

Le coup du soir excellent moment pour faire succomber les grosses truites.

Prise de contact avec les locaux

A peine trois lancers que mon ondulante se fait intercepter ! C’est un brochet de 80 cm qui a succombé, à peine décroché je relance instantanément pour leurrer son cousin ! Chose faite après deux casts supplémentaires. Pour parachever le miracle une truite grise de 75 cm viendra rendre visite à ma cuillère. Tout ça en 10 minutes chrono ! Je m’égosille pour raconter cette dinguerie à mon collègue, même pas étonné il me répondra : Bienvenue au Yukon !

Je suis interrompu dans cette frénésie par l’arrivée des deux autres comparses. J’entends le bruit de l’hydravion et me recule à grands pas, histoire de ne pas me faire décapiter par l’aile de l’appareil, ce serait dommage à ce stade-là.

Bernard, le gérant, nous attend à côté de l’hydravion avec l’essence et le matériel de survie.

Bernard le gérant, nous donne les dernières consignes avant son départ. Le stock d’essence, les outils, l’utilisation des lampes à gaz, des bateaux, etc. Enfin il nous remet un téléphone satellitaire avec son numéro ainsi qu’un pistolet avec des cartouches au poivre pour effaroucher de potentiels plantigrades ! Le moteur de l’hydravion vrombit puis s’éloigne nous laissant seuls pour vivre cette immersion dans le grand nord ! Exténués par le voyage et le jet lag nous avalons une omelette dont j’ai le secret. Après avoir fait la vaisselle dans l’eau du lac, nous nous abandonnons au bras de Morphée. Réveil à 6 heures du matin, le soleil est déjà haut dans le ciel. En effet, à ces latitudes, durant les mois d’été il ne fait quasiment jamais nuit. Quelle aubaine ! On pourra pêcher H24.

Place à la pêche

Pour le premier jour je ferai équipe avec Georges, pêcheur connaissant bien le lac. Les coques alus à francs bords de 5 par 2 sont maniables et fonctionnelles. Bien qu’il faille écoper régulièrement il est aisé de pêcher à deux dessus. Un 50 chevaux nous permettra de traverser le lac en 45 minutes ce qui est royal pour ne pas perdre trop de temps en navigation.

Nos embarcations vieillottes mais fonctionnelles au ponton de la cabane; Pas de sondeur ni de moteur électrique retour à la simplicité.

Passionné de truite je décide d’attaquer par ce poisson. Mon ami me conseille une pêche en verticale avec un jig ou un petit finess. Finalement je ne vais pas être tant dépaysé que ça moi qui adore la pêche du sandre en verticale. Ne disposant pas de sondeur, je compte les secondes séparant le leurre de la surface au fond du lac pour avoir une idée de la profondeur dans laquelle se tiennent les poissons.

D’une pierre deux coups

Au bout de 10 minutes c’est une aspiration légère qui vient me tirer de mes rêveries. Ferrage en règle, combat, et j’aperçois un premier touladi (cristivomer ou truite grise) de 75 cm dans les eaux cristallines du lac. Mon ami me prévient : « attention quand le poisson voit le bateau il repart dans un rush violent », je ne suis donc pas surpris de voir la truite disparaître dans les profondeurs.

Mais je suis étonné car le poisson est beaucoup plus lourd. Le combat traîne en longueur et il m’est difficile de faire remonter le poisson. Et pour cause, un brochet métré avait littéralement gobé la truite et défendait chèrement sa peau.

Voici une histoire digne de légendes urbaines qui sont pourtant monnaie courante dans le Yukon. Pour ma première dérive c’est fier comme Artaban que je mets dans l’épuisette une truite de 75 cm et un brochet de 104cm.

Premier poisson du séjour de 104 cm ayant gobé une truite de 75 cm. Mais où sommes nous ?

Des statistiques hors normes

La journée se déroulera comme dans un rêve et nous mettrons au sec plus de 100 poissons. Les truites tapissent le fond et les brochets les hauts fonds et la bordure.

Le nombre de suivis est incalculable. Il n’est pas rare de voir 3 brochets de 90 suivre un leurre souple. Les eaux étant extrêmement claires le spectacle n’en est que plus beau.

Brochet de 101 cm leurré au Balam 300. Les mâles, en cette saison, sont plutôt maigres.

C’est l’endroit ultime pour tester des leurres ! La densité de poissons étant tellement folle que l’on peut vite comprendre les animations qui fonctionnent ou pas, vu que l’on voit les refus et les attaques. Bigbaits, jerkbaits, cuillères, Miuras Mouse, Divinator, swimbaits, sticks, poppers, absolument tout fonctionne avec plus ou moins de réussite selon les heures et les jours. Tous les leurres n’ayant jamais attrapé le moindre poisson en France ont eu du succès.

Des amis, des poissons du vin et des cigares, le combo gagnant.

Le Yukon un véritable enchantement

Fort de cette première journée incroyable nous rejoignons le camp à 22h, soit après 15 heures de pêche non-stop. Les copains ne sont pas encore là et nous en profitons pour préparer l’apéro après une fraîche douche dans le lac. L’ivresse est totale et le débriefing animé. Chacun a une histoire plus incroyable que l’autre à raconter. C’est l’euphorie absolue. Dire qu’il reste encore 5 jours.

Les journées sans fin sont addictives. Il est minuit et nous rentrons du coup du soir en verticale.

Une belle truite grillée à l’huile d’olive et aux oignons fera office de dîner accompagnée de riz à la tomate et d’un délicieux Sancerre. Le soleil de minuit crée une ambiance irréelle, les muscles las, le ventre plein nous ne tardons pas à trouver le sommeil.

Cap sur les haut-fonds pour chercher les gros

Après une paire d’heure d’un sommeil réparateur, nous repartons à l’aube, une tasse de café noir à la main avalée en contemplant le réveil de la nature sur le promontoire surplombant notre habitation. Pas d’ours en vue mais toujours le ballet incessant des écureuils se disputant les noisettes.

Quelle vue pour savourer son café du matin.

Apres avoir fait du nombre la veille, mais avec beaucoup de poissons de taille moyenne, c’est en concertation que nous décidons de cibler désormais la taille. Pour cela, fini le power fishing sur la bordure et direction les hauts fonds en pleine eau. En plein milieu du lac au milieu de fonds frôlant les 30 mètres il n’est pas rare de trouver un plateau de 4 mètres rempli d’herbier. Ces zones de choix sont le repère des gros poissons. Un gros swimbait ramené lentement pour moi, une grosse ondulante planant au dessus des herbiers pour Georges, nous ont permis d’engranger énormément de poissons de plus de 90 centimètres.

En faisant la bordure en power fishing vous capturerez énormément de poissons mais de tailles plus modestes. Ici Guillaume avec un brochet du grand nord

La carte au trésor

Sans sondeur sur de telles surfaces la cartographie peut vite s’avérer fastidieuse. Par chance un soir à la cabane nous découvrîmes une carte du lac remplie d’annotations. Véritable trésor, elle nous a permis de gagner un temps fou dans la prospection. Pour notre plus grande fierté nous nous sommes même permis de l’enrichir de nos propres trouvailles.

Un terrain de jeu rempli de surprises

Pour ne rien gâcher, le réseau hydrographique du lac est plein de surprises. En effet 3 autres lacs communiquent avec le lac principal, reliés par une petite rivière.

Le troisième jour étant pour nous l’occasion de partir en exploration pour découvrir un autre lac se situant au nord, que l’on avait pu voir par satellite avant de partir, la question était de savoir si le niveau d’eau moyen de la rivière était suffisant pour y accéder en bateau. Dans le doute nous nous équipons de waders pour pousser l’embarcation si nécessaire.

Pour accéder aux autres lacs il faut trainer la barque sur des centaines de mètres. Attention aux ours !

Mais quelle bonne idée ! Nous avons dû nous armer de courage pour trainer la barque sur plus de 200 mètres dans un dédale d’herbier de gravières et de pseudo sables mouvants ayant d’ailleurs confisqué ma crocs ! Mais au bout c’est l’enchantement, tels des Robinsons en herbe nous découvrons un lac sauvage bordé de falaises et de plages de sable. Les 5 premiers lancers furent couronnés de cinq poissons. L’hallucination intégrale !

Explosions en surface

Après un encas vite avalé en contemplant un castor faire son nid, je jette ma peau de banane à l’eau. S’ensuit un barouf du tonnerre. Sous nos yeux ébahis un brochet était en train de la tailler en pièces ! Ni une ni deux, nous nous armons de stickbaits et notamment du très bien fait Z Claw. Si une peau de banane statique les rend fous je vous laisse imaginer l’explosion provoquée par nos sticks. Même si le ratio nombre de touches/poissons est relativement faible, nous avons vécu un moment d’anthologie avec des centaines d’attaques, certaines propulsant même le leurre à plus d’un mètre dans les airs !

Gros brochet pour Vivien sur un lac d’huile.

Mais il est déjà l’heure de rentrer au camp et le chemin retour ne fut pas une partie de plaisir. Nous découvrons des traces d’ours fraîches dans la boue à l’endroit où nous devons tirer le bateau ; C’est donc sur le qui-vive que j’ai pu tester la relativité de mon courage. Plus de peur que de mal et nous regagnons la cabane pour l’apéro tant mérité au cours duquel l’autre binôme nous narre les exploits d’un brochet de 113 leurré lors de l’exploration des lacs du sud. Ça tombe bien on y va demain. Une fois de plus la lumière de minuit crépusculaire donne une ambiance particulière à la soirée.

Les couleurs du Yukon sont envoutantes. Il est déboussolant de ne jamais voir le soleil se coucher.

Le crépitement du feu faisant disparaître les arêtes de la truite préalablement dégustée, le cri des oiseaux de nuit et des canards sauvages et le bouillonnement des chasses nous font réaliser à quel point nous sommes privilégiés !

Les jours se suivent et se ressemblent

Comme par enchantement les jours s’enchaînent sans aucun couac. La météo est excellente et les poissons sont toujours joueurs. Mention spéciale aux truites grises qui sont vraiment de redoutables combattantes. Une dérive soignée en verticale dans 12 mètres et c’est la touche assurée. Pour les leurrer un One Up Slug 4 pouces blanc ou chartreuse sur tête plombée 14 grammes fut le combo idéal. La pêche est la même que le sandre en lac de barrage, à la différence près que la touche est très subtile. En revanche, chaque descente est sanctionnée par une touche ! C’est hallucinant.

Enorme truite grise pour Vivien les poissons ont trois mois pour s’alimenter ce qui les rend très agressifs.

J’attraperai un spécimen de 95 cm et mon ami Guillaume un de 96 cm. Le gestionnaire du lac rigolera en voyant nos prises le record du lac étant selon lui à 120 cm pour une truite grise. En effet nous avons une bonne marge de progression…

Et que dire de l’efficacité des jigs, notamment du Fiiish Hypno Cast, des jiggin rap ou des ragot snack, de véritables aimants à touladi.

Je pourrai vous en parler mille ans tant cette pêche est addictive… Fermez les yeux et imaginez un instant un coup du soir sous le soleil de minuit avec une bière fraîche et des chips à enchaîner des truites de 80 cm juste devant le ponton de votre cabane. Impossible de rentrer. Ce n’était qu’harassés, les muscles tétanisés que nous nous résolvions à regagner le bord. De la folie pure, du « Binge fishing » !

Superbe spécimen de truite grise pour Guillaume.

Le graal

Un soir lors du débrief, les potes nous informent avoir attrapé 7 métrés en deux heures sur un haut fond qu’ils venaient de découvrir. Nous étions admiratifs. Ils auraient vu sur ce spot des quantités de géants suivre par deux les leurres !

Une seule envie nous y rendre à l’aube. La nuit fut brève et dès six heures ils nous font découvrir un petit plateau de 200m2 recouvert d’herbiers.

Un haut-fond fabuleux : deux métrés sur les deux premiers lancers une histoire comme dans les films ! 111 pour celui-ci.

Premier lancer avec un gros Fatso et déjà attelé. C’est gros c’est sûr, mais face à la puissance de la canne et de la tresse le poisson est vite mis au sec. Un magnifique pike canadien de 111 cm.

A peine le shooting photo effectué que rebelote pour un 109 cm. Deux lancers, deux métrés ! Il est 6h15, la journée commence sur le Yukon.

Le vent peut compliquer la pêche sans moteur électrique, pensez aux ancres flottantes !

Le vent rendra plus compliqué le reste de la journée. Les bateaux ne possédant pas de moteur électrique il faut savoir manier l’ancre flottante, deux par bateau n’étant pas de trop (attention les amener soi-même). Là-bas comme ici, les pointes sur lesquelles venait taper le vent donnèrent de très bons résultats.

On en redemande

Voilà, les jours sont passés comme des minutes et j’entends le bruit du moteur de l’hydravion qui s’approche, un oiseau se pose sur mon carnet de voyage et je savoure les dernières secondes. Le zinc nous ramènera à la civilisation pour le meilleur et pour le pire. La cadence des prises met le corps à rude épreuve mais la passion nous permet de repousser les limites.

C’est la fin du voyage, un oiseau se pose sur mon carnet de voyage comme pour me dire adieu.

Une parenthèse enchantée, hors du temps. Une réelle immersion en pleine nature, sans eau, électricité et cerise sur le gâteau, sans internet. Bercé par les bruits de la nature, émerveillé par le ballet des écureuils, la puissance de l’aigle, la persévérance du castor, la quiétude de l’élan venant boire, la satisfaction de n’avoir pas croisé d’ours. Déconnexion garantie.

Le Canada vous marque à vie, une empreinte indélébile, une soif d’y revenir que nous étancherons sans nul doute l’été prochain. To be continued.

Haut de page