Incontestablement le meilleur moment de la saison pour espérer capturer une grosse femelle, le Prespawn est une période de l’année où le climat évolue sans cesse, tout comme le comportement des poissons. Il faut savoir s’adapter à ce changement constant des conditions, oublier ses anciennes prises glorifiantes du passé et changer de logiciel. Il n’y a rien de plus épanouissant pour un pêcheur aux leurres que de réussir à prendre un gros poissons sur un nouveau leurre acquis durant l’hiver. Seulement voilà, ces vieilles femelles ont un régime alimentaire parfaitement réglé et adapté à leur biotope, il faut donc aussi savoir ne pas s’écarter de ce qui fonctionne, ce qui a fonctionné et ce qui fonctionnera toujours quand c’est utilisé de la bonne façon et au bon moment.
Je vous propose une mise en conditions succincte sur les leurres « valeurs sûres » en fonction surtout de la saisonnalité du Prespawn. Le comportement des poissons peut changer du tout au tout d’une gravière/étang à l’autre et il ne faut bien évidemment rien prendre pour argent comptant mais y voir plutôt des lignes directrices sur les stimuli à employer.
Les eaux froides
Le début du prespawn est généralement synonyme de températures d’eau encore bien froides, entre 7 et 11 degrés maximum. Les poissons sont encore apathiques avec des fenêtres d’activité courtes qu’il ne faut pas manquer. On peut remballer les cannes en fin de matinée et tout peut s’activer en quelques instants en début d’après midi.
La magie du DRT TiNY KLASH
Pour cette période spécifique, je privilégie des leurres volumineux et suspending voir flottants, le but premier étant de pouvoir marquer de franches pauses tout en restant pêchant (encore faut-il pêcher les poissons à la bonne hauteur d’eau). A ce petit jeu, si les poissons sont à proximité de la surface (> 2m de fond) il y a une technique qui en surclasse bien d’autres : le dead sticking. Mon leurre favori pour cette technique est sans conteste le Tiny Klash de DRT qui permet d’aller vraiment agresser les poissons précisément. Je n’hésite pas à quadriller les zones dans lesquelles je crois avec ce leurre, alternant des animations très marquées à la canne comme au moulinet, sans jamais oublier de faire des pauses conséquentes. Il ne faut pas hésiter à apposer un petit poids en tungstène sur l’œillet ventral du Tiny Klash pour le rendre encore plus polyvalent si nécessaire.
Megabass Vision 110
La seconde valeur sûre pour cette pêche lente et statique est pour moi le Vision 110 de Megabass qui n’a plus rien à prouver depuis des années. Le nombre de compétitions aux USA où tout s’est joué sur ce leurre est assez fascinant. En fonction de la profondeur de tenue des poissons, on alternera entre les modèles suspending, R+1, R+2 voir R+3.
Le Vision est un leurre qui pêche magnifiquement bien pendant les pauses, que le modèle soit suspending ou coulant. Il n’est pas forcément nécessaire de taper véritablement dans la canne pour animer ce leurre. J’aime l’animer bannière semi-détendue, cela permet un meilleur rebond du leurre, de lui donner plus de vie et permet une meilleure aspiration de la part des poissons.
Inutile donc de partir très chargé lors d’une session en début de prespawn si l’on sait où et comment se situent les poissons.
Les premiers beaux jours
Les premiers beaux jours marquent souvent le début d’une activité alimentaire des poissons sur plusieurs heures de la journée. Il y a quelques indicateurs qui ne trompent pas comme des tortues de Floride ainsi que des lézards qui prennent le soleil et peut-être simplement le fait que vous péchiez en pull et non plus en doudoune !
Le Rubber Jig
Avec de l’observation, on peut se rendre compte que c’est à cette période que les écrevisses commencent à sortir de leurs trous. Et comme par magie les Bass se remettent à manger des écrevisses. C’est à ce moment précis qu’arrivent les premiers pitching de rubber jigs de la saison pour moi.
Le rubber jig est un leurre tellement polyvalent et magique, il peut prendre toutes les espèces possibles dans toutes les configurations. Si les eaux sont encore un peu trop froides à mon goût, j’utilise un trailer de rubber jig comme le Kicker Bug d’Evergreen en 4 pouces qui ne flappe pas à la descente mais vibre tout de même sur de courtes animations, je couple très souvent ce trailer avec un Flat Back Jig de chez Deps qui est une valeur sûre depuis des années dans le monde de la pêche au jig. Je n’hésite pas à voir lourd quant à la plombée du jig utilisé.
Si l’eau est au dessus des 13 degrés et que les poissons commencent vraiment à se déplacer sans complexe, j’utilise alors des ensembles plus vivants et des jigs plus légers qui laissent davantage planer la craw à la descente laissant le temps pour les poissons surpris de s’en saisir. Mon petit chouchou pour cela est le Grass Ripper d’Evergreen (qui est pourtant davantage un swimjig à la base) que j’utilise beaucoup en 3/8 et 1/2 oz. J’aime coupler ce rubber jig soit à une Deathadder Hog Deps en 4 pouces. C’est un ensemble qui pêche bien à la descente et sur les petits sauts conférés au jig.
Texas Rig Weightless
J’aime également aborder cette période avec des finess en weightless comme le VTS de DRT ou encore le Sakamata shad Deps. L’animation avec des twitchs à la canne est alors planante au dessus des poissons logiquement assez motivés pour le coffrer sans hésitation. Je monte désormais ces leurres souples sur des BKK Titan 9006 en 6 et 8/0, qui ont une excellente pénétration, un très bon dégagement et savent préserver la durée de vie de vos leurres.
Quand le temps change
L’eau s’est réchauffée, les poissons bougent beaucoup plus mais le temps n’est pas vraiment au beau fixe. Du vent se mélange à des averses, la surface de l’eau se ride et il devient impossible d’observer des poissons cruiser à proximité de la surface… Il est alors temps de pêcher en power fishing !
Le Swimming Jig
Dans ces conditions, le leurre 4×4 qu’est le rubber jig en swimjig peut être très efficace. Je couple souvent un Grass Ripper Evergeen avec un DoLive Beaver Osp ou un Noisy Flapper de Keitech en 3.5 pouces que j’arme très en arrière du jig. Le but étant de faire du bruit avec le trailer et ceci tout en étant bien dégagé de la jupe du rubber jig. On peut déclencher des attaques très agressives en ramenant son jig rapidement grâce à un moulinet au ratio élevé, ceci n’est en rien un problème.
Le Crankbait
La seconde famille de leurre que j’utilise dans ces conditions est celle des crankbaits. Le volume d’eau déplacé est conséquent, le leurre souvent au bruit très marqué et les hameçons triples sous le ventre permettent de maximiser le nombre de captures. Je suis tombé amoureux des O.R.C Burning shad, Over Rev Crank et Super Z-1 de chez Megabass pour cette pêche. Leur système LBO permet de lancer très loin et rend le leurre très pêchant au premier tour de manivelle. J’aime aussi particulièrement le S Crank toujours de la même marque qui a la particularité d’avoir un wobbling efficace par eau froide avec ses côtés plats.
Le Bladed Jig
On ne pourrait pas parler de temps agité sans parler de chatterbait, un autre leurre légendaire dans la pêche du black-bass. Légende parmi les légendes, le Jack Hammer d’Evergeen a ma préférence. Tout simplement car je trouve que c’est un des meilleurs hameçons sur chatterbait pour capturer des gros poissons. J’utilise régulièrement des trailers lourds en sel (comme un DoLive Shad OSP en 4 pouces auquel je coupe la queue par exemple) qui me permettent de lancer loin sans pour autant changer le grammage du bladed jig. J’aime utiliser des trailers type craw quand je sais que les poissons en consomment beaucoup, ou bien de forme longiligne type slug ou finess quand les black-bass sont focalisés sur de petits poissons fourrages.
Le Spinnerbait
Le spinnerbait est évidemment à citer également tant il peut être polyvalent et efficace dans ces mêmes conditions. Pour le choix de mes spinnerbaits je fais simple, j’utilise plutôt des jupes en silicone claires, rarement de trailer et je porte davantage d’attention au poids de l’ensemble ainsi qu’aux vibrations et aux teintes des palettes. Double Colorado pour les eaux piquées ramené en slow rolling ou encore en tandem willow avec une palette or et argent ramené plutôt rapidement et assez haut dans la couche d’eau. Je n’utilise pas de trailers sur les spinnerbaits légers car je trouve qu’ils déséquilibrent trop l’ensemble et leur préfère largement les jupes en silicone volumineuses et longues quand je cherche à déplacer un volume d’eau plus conséquent. J’utilise beaucoup de B-Custom de chez Deps ou encore des High Pitcher de chez Osp. Encore une fois pas d’originalité que des valeurs sûres et reconnues depuis des années.
Quand on ne sait pas quoi faire
Il y a de ces jours de Prespawn qui ne se déroulent pas comme prévu, ceux où rien ne se passe en bordure, sur les cassures, en pleine eau… rien tout court. Dans ces situations un peu désespérées, je pêche de façon hybride et assez grossière entre les bordures et les cassures à l’aide de shads tout simplement. Mes chouchous sont le TailgunR de Biwaa en 5.5 pouces et le Fat Swing Impact Fat de chez Keitech en 5.8 pouces. Je préfère pêcher avec des coloris sombres et arme toujours ces shads avec un hameçon texan lesté ou non sur sa hampe. Les Owner Beast en 6/0 avec ou sans palette ont ma préférence depuis des années.
Dans cette approche, il est autant probable de décider à la descente du leurre des poissons postés dans leur cachette comme de se faire intercepter en linéaire en pleine eau. C’est une technique dont je n’hésite pas à abuser quand je ne comprends pas vraiment comment se passe la pêche du moment.
Le money time
Toutes les années sont différentes en termes de pluviométrie et de réchauffement des eaux. Il faut donc sans cesse se renouveler de Prespawn en Prespawn afin de rester constant dans ses résultats. J’ai tenté d’énoncer en synthèse, les grandes lignes de ma vision de la pêche du black-bass en début de printemps, libre à vous de modeler et perfectionner votre approche personnelle propre aux lieux et au comportement des poissons que vous pêchez. Il n’y a rien de plus satisfaisant que de trouver soi-même des patterns originaux qui fonctionnent et le black-bass permet assez largement cela.
On peut considérer qu’un poisson trophée de Prespawn en France dépasse les 2,5 kg et ce, quelle que soit sa taille et son âge. Je vous souhaite un très bon Prespawn ! A vous de jouer !
