Dans la famille des sparidés, certains règnent en roi dans les milieux qu’ils habitent ; Si le denti est le seigneur de la méditerranée, en Bretagne, c’est la dorade royale, facilement reconnaissable à son sourcil jaune, qui est la souveraine au point de porter préjudice aux conchyliculteurs locaux. Désireux de réaliser une pêche technique, puissante et indécise, je vous recommande de tenter au moins une fois cette expérience royale.
Un combattant hors norme
Si la beauté et la technicité de sa pêche font de la dorade royale un poisson prisé des pêcheurs, c’est particulièrement les combats musclés qu’elle offre qui séduit les nombreux pêcheurs qui y consacrent une grande partie de leur temps. Parfois surnommée la carangue bretonne, en raison de sa forme et de sa puissance, ses combats tout en rushs et en coups de tête rageurs ont peu de choses à envier aux autres espèces marines et vous feront vite oublier le bar. Il vous suffira de ferrer votre première royale, et à plus forte raison sur une ligne fine, pour être passionné par sa recherche.
Puissante mais méfiante
La dorade royale est donc un poisson puissant et parfois particulièrement glouton mais elle n’en est pas pour autant si facile à capturer… Si une fois localisée, les touches seront nombreuses, il faudra néanmoins faire preuve de technicité pour réussir à la ferrer. Elle demeure un poisson méfiant qui goûte et recrache les appâts au point que vous pourriez en rater une dizaine au ferrage avant de sortir la première…
Une alimentation variée
La dorade royale est un poisson presque omnivore dans le sens ou excepté les petits poissons elle se nourrit de tout ce que l’océan peut lui offrir. Cela va des vers aux crevettes, en passant par toutes les variétés de coquillages et de crabes. Sa bouche particulièrement puissante et pavée de molaires écrase les bivalves et les coquilles de crabes sans aucun mal à tel point qu’elles font des ravages impressionnants dans les naissains d’huîtres aux grands dam des ostréiculteurs.
Ainsi, opportunistes, elles se goinfreront parfois de ce qu’elles peuvent trouver sur une zone au point de ne la quitter qu’une fois la ressource « épuisée ».
Le pêcheur peut tirer partie de cette gourmandise en la recherchant sur une très grande variété de spots mais aussi avec des appâts très différents donnant à sa pêche un caractère très versatile.
Cherchez la nourriture
Les spots à dorades royales sont avant tout choses ceux offrant un accès direct à une source d’alimentation importante. Ils peuvent prendre différentes formes en termes de substrats et de reliefs mais auront ce point commun d’être riches en nourriture. Ainsi, en fonction de leur taille et de leur configuration ils pourront être des zones de tenue le temps de quelques heures, plusieurs jours ou juste une zone de passage de 30 minutes pendant la marée. L’expérience vous permettra de définir ses caractéristiques afin de les exploiter au mieux.
En Bretagne, vos plus grandes chances de capturer une royale s’étendent du mois de mai jusqu’à la fin septembre
Les bons spots
Lors de vos prospections soyez donc attentifs à votre environnement et observez le moindre indice indiquant une quantité importante de nourriture et donc de royales…
Ainsi vous pourrez trouver la dorade :
- Dans les contres courants puissants formés par les pointes rocheuses. Il s’agit de zones où s’accumulent la nourriture et où se développent souvent les moules sur la paroi rocheuse de la pointe.
- Sur les plateaux de graviers/sable/vase colonisés par différentes espèces de coquillages telles que les palourdes, les myes ou encore les couteaux.
- Sous Les parcs à huitres ou à leurs abords. Les ostréiculteurs ne pourront malheureusement que confirmer la présence de cette espèce dans leurs parcs…
- Sur les moulières artificielles ou naturelles. Ces dernières peuvent être sur des plateaux de roches ou de graviers.
- Sur les vasières et chenaux de vase à la recherche de vers principalement. Il faudra alors tout particulièrement rechercher les dénivellations du fond où s’accumule la nourriture en suspension.
Les estuaires bretons
Si la Bretagne est réputée pour ses pêches de bars et maintenant de thons rouges, elle n’en reste pas moins une zone incontournable pour la pêche de la dorade royale. Ses estuaires, particulièrement riches en nourritures et parsemées de nombreuses spots facilement identifiables sont des zones privilégiées pour se mesurer à cette espèce. Dans mon secteur, en Bretagne sud, tous les estuaires, et tout particulièrement le Golfe du Morbihan, regorgent de royales dont la taille moyenne rend envieux les méditerranéens.
Si les spécimens d’1 kg ou moins sont nombreux sur les vasières, sur les spots marqués et balayés par les forts courants, les poissons de 4 kg sont très courants voire familiers pour les spécialistes de ce sparidé.
Une pêche au posé
Lorsque l’on évoque la pêche de la dorade royale, le surfcasting ou tout du moins la pêche au posé est la première approche que l’on envisage. En effet, que l’on soit du bord ou embarqué, la manière la plus simple d’aborder cette espèce est de lui présenter un appât qu’elle affectionne sur un spot précis. Cela peut être une plage, une pointe rocheuse, un plateau de graviers ou encore un chenal de vase. L’essentiel sera de présenter l’appât qu’elle convoite avec un montage adapté aux spécificités du poste en termes d’encombrements et de courant.
Une pêche itinérante
Si la pêche au posé demeure la norme pour cette espèce, depuis quelques années s’est développé une pêche plus itinérante en dérive à mi-chemin entre la pêche aux leurres et celle aux appâts. Il s’agit de la pêche au tenya. Si cette approche est spécifique aux sparidés et bien connue des pêcheurs de pagres, son usage sur la dorade royale demeure très récent et a d’une certaine manière révolutionné sa pêche en Bretagne en faisant franchir le pas de cette espèce aux afficionados des leurres.
