Comme nous l’avons vu dans l’article précédent, la traque des brochets en Finlande n’implique pas de faire dans la finesse… Les gros leurres sont de mise ! Mais pour pouvoir lancer des leurres entre 100 et 300 grammes du lever au coucher du soleil, en plus d’une bonne condition physique, la qualité du matériel pourra vous sauver la mise. Lancer plus loin tout en se fatigant moins voilà la recette miracle pour réussir son séjour en Finlande.
La canne
Qui dit grand milieu et gros leurres, dit forcément canne puissante… et longue ! La longueur, lorsque l’on pêche avec d’autres leurres que les gros jerkbaits type Buster Jerk, est importante pour pouvoir, d’une part, lancer sans trop forcer des leurres volumineux et d’autre part, pour pouvoir les lancer loin. Lancer loin dans les grands milieux permet d’optimiser nettement la prospection. Plus on lance loin, plus on bat du terrain. On optera pour un ensemble casting pour la robustesse et le confort de ce dernier. Une canne longue de 2,30m à plus de 2,50m est idéale.
Il faudra ensuite que cette canne soit assez puissante, soit dotée d’une action de pointe conservant juste ce qu’il faut de souplesse et possède un talon relativement long de manière à avoir un effet de levier maximum permettant de charger facilement le blank à chaque lancer. D’ailleurs, petit conseil : considérant que vous être droitier, au moment du lancer, le bras gauche (celui qui tient le talon) tire avant que le bras ne pousse. Le bras droit ne doit pas faire tout le travail ! C’est un détail qui n’en est plus un au terme d’une journée de pêche !
Parmi les bonnes références de cannes nous avons les Major Craft Days France Limited Edition Pike 79X et 81XXH, les Zenaq Glanz B78-10X et B80-25X, la Smith K.O.Z Expedition Casting Magnum Husky 80 SH, la St Croix Legend Tournament Casting 7’10 H Swimbait, sans oublier la série « Musky » de St Croix et notamment la 7’9 H Lip Stick.
Pour pêcher à la Miuras mouse j’avais opté pour une canne Bone Voyage casting 764 XXXXH. Bien plus rigide elle permet de fendre l’herbe d’un coup sec. Ceci à le don d’agacer les brochets qui vous coffreront bien souvent lors de la sortie de l’herbier. A contrario, si vous vous décrochez lentement cela ne générera aucune touche. D’où l’importance capitale d’une certaine raideur dans la canne qui servira à pêcher avec la Miuras.
Le moulinet
Pour le choix du moulinet, il en va de même, il faut nécessairement du solide et même du très solide. Ici, vous avez le choix entre les profils ronds (Round Profile) et les profils plats (Low Profile). Préférant nettement les low profile, le Abu Garcia Revo Toro Beast m’apporte entière satisfaction. Comme d’autres références comme le Shimano Tranx ou le Daiwa Lexa HD 300, il possède absolument toutes les qualités requises pour cette technique dont la principale : la robustesse.
Pour ceux préférant les profils rond, le Shimano Calcutta Conquest (Taille 300 minimum) est depuis de nombreuses années LA référence en la matière.
Ligne et bas de ligne
Pour garnir le moulinet il ne faut encore une fois pas lésiner. Une bonne tresse en 8 brins et 35 centièmes. Cette haute résistance vous permettra, en cas de perruque, de ne pas satelliser votre swimbait préféré au lancer ainsi que d’écourter les combats et minimiser donc les risques de décrochages.
Pour le bas de ligne nous utilisions un mètre de fluorocarbone Varivas entre 90 et 120 centièmes, selon la taille des leurres, raccordé à la tresse grâce à un nœud FG. Enfin, nous sleevions un anneau soudé dans lequel un anneau brisé faisait connexion avec le leurre.
C’est personnel, mais je préfère cent fois perdre 30 secondes lors d’un changement de leurre, plutôt que d’être victime d’une agrafe qui s’ouvre…
Les Leurres
Comme d’habitude (et comme la majorité des pêcheurs), nous avions pris beaucoup plus de leurres que de raison…
La stratégie de notre guide nous faisant pêcher uniquement sur les shallows a largement simplifié l’affaire. Sortant la dimension de la profondeur, il suffisait de s’armer que de leurres non plombés permettant d’avoir une descente lente dans la couche d’eau.
De plus, la présence de nénuphars, potamots et autres herbiers en quantité restreignait l’usage de leurres trop accrocheurs. Exit donc les crankbaits et les leurres d’action fast sinking (coulant rapide).
Les leurres souples
La clé de la réussite, vous l’avez compris, était la lenteur. Il fallait donc clairement privilégier les leurres souples capables de nager très lentement. Parmi les leurres souples qui ont très bien fonctionnés sur les brochets finlandais nous trouvons le Pig shad en 25 cm qui a su tirer son épingle du jeu grâce à son gros wobbling. Ce dernier est suivi de près par le Wolfcreek Shad 2.0 25 cm, le River roach de Savage Gear en 23 cm et le Svartzonker Mc pike en 25 cm ainsi que des leurres finlandais tel que le Polarbite.
Concernant les coloris indispensable, le bleu foncé pailleté a prouvé son efficacité. Sans aucun doute de par sa ressemblance avec les poissons de mer tel que les harengs dont les brochets se gavent. Les coloris marron et Motor Oil sont aussi des incontournables.
La règle à suivre pour le choix de la couleur des leurres était simple : en l’absence de vent, uniquement des couleurs naturelles et dès que ça soufflait il y avait possibilité de varier jusqu’à finir sur du Fire Tiger.
Pour les armer, des montages shallows tels que le célèbre montage BFT Shallow Stinger ou encore le nouveau et excellent Stinger BKK BB Trigger 21UVO.
Miuras Mouse, le leurre incontournable
Le leurre incontournable pour partir pêcher le brochet en Finlande sur les shallows est incontestablement la Miuras Mouse. Nous avions amené la version de CWC qui fait parfaitement le travail ! La Miuras coloris Ice Cream, à laquelle nous ajoutions un plomb de 3,5g en tungstène pour la faire plonger un peu plus vite, a fait des ravages !
La encore, la règle d’or est la lenteur, en alternant entre courtes pauses et redémarrages saccadés. Vous pouvez aussi remplacer le double tail par un gros shad ou autre grub.
Attention toutefois, l’efficacité du leurre est conditionnée par la présence de vent.
Les hard swimbaits
Même s’ils ne sont pas rois des shallows finlandais, leur lenteur fait bouger les gros poissons., Malheureusement, le taux de conversion entre les touches et les poissons à l’épuisette reste très faible sur les hardbaits. Ceci s’explique certainement par le peu d’élan que les poissons ont pour pouvoir se saisir de ces gros leurres qui, de surcroît, ne se déforment pas comme les gros shads ou la Miuras au moment de l’aspiration. Néanmoins, parmi les gros hard swimbaits, le Balam 300 et le Deps Slide Swimmer 250 auront été les plus convaincants.
Les leurres pour faire du nombre
Les autres leurres tels que les jerkbaits, les spinnerbaits, les shads à palette (Divinator) fonctionnent très bien pour faire du nombre mais n’ont que très peu de chance de faire bouger un gros selon notre guide. Nous nous en servirons donc que sporadiquement et comme convenu les poissons de 50 centimètres en raffolent…
En conclusion
Pour réussir son voyage sur la Baltique, il faut privilégier la qualité, la solidité et la robustesse du matériel, à la quantité. Pour ce genre de pêche, 2 sets casting suffisent. Un ensemble avec un peu de souplesse en pointe pour pêcher en cranking au shad et au swimbait et un autre d’action plus raide, pour pêcher à la Miuras et éventuellement avec de gros jerkbaits. Quitte à faire le voyage, autant chercher le gros et l’attraper comme le font les scandinaves : au bigbait. Bien qu’exigeante, cette approche se dévoile terriblement addictive !
Grâce aux conseils du guide, et force de persévérance, nous réussirons à mettre au sec plusieurs brochets métrés dans la semaine. Mais avant cela nous avons lancé des milliers de fois dans le vide à la limite du découragement. Ainsi va la magie de la pêche. Toujours croire en ce que l’on fait et « Keep on hammering ! »
