Plus de 9 mois que nous attendions cela. Il est enfin venu le temps de ressortir les armes lourdes et de prendre le large à la recherche des thons rouges. La Bretagne est connue depuis plusieurs années pour la forte densité de thons rouges qui se rapprochent des côtes au cours de l’été. Les premiers échos datant d’il y a 2 semaines rapportaient la présence de quelques chasses assez éparses. Les dernières informations glanées au cours de deux jours précédant la sortie relatent quant à eux la présence de belles chasses très denses au large. L’envie est trop forte et nous prenons la mer confiants pour tenter de trouver nos premières chasses et piquer le premier thon rouge de la saison. Retour sur la première session de la saison qui a toujours cette saveur si particulière.
Trouver les zones d’activité
Cette recherche détaillée fera l’objet d’un article spécifique. Sachez tout de même que la première chose dont on doit disposer pour optimiser ses chances de trouver les chasse est un réseau de connaissances. Celui-ci ne s’achète pas, il se construit au fur et à mesure des années.
En ce début de saison, peu de pêcheurs sont allés au large et les retours sont peu nombreux. Depuis plusieurs saisons, j’ai eu la chance de rencontrer d’excellents pêcheurs de thon avec qui j’échange tout au long de l’année. Ce réseau m’a permis d’avoir des informations précieuses et notamment la localisation exacte des chasses. C’est bien entendu une information extrêmement précieuse car les zones étant tellement vastes, il est plus qu’hasardeux de partir à l’improviste.
Outre cette information, j’avais au préalable consulté les cartes de température de l’eau ainsi que les zones de floraison du plancton. Celles-ci indiquent une poche d’eau chaude à 25/30 miles au large. Cela correspond parfaitement à la zone sur laquelle les chasses ont étaient localisées.
Le plancton est la base de la chaîne alimentaire. Le poisson fourrage s’y trouve donc et les prédateurs également. Pour ce faire, le site MARC.IFREMER est celui que j’utilise.
Un début de journée difficile
Le départ est donnée en milieu de matinée et nous mettons le cap au large. Pour plus de sécurité, et surtout afin de couvrir une zone plus large, nous sortons à deux bateaux et convenons d’un canal VHF pour échanger facilement. Au large nous sommes hors de portée du réseau téléphonique. Gardez cela à l’esprit et assurez-vous de disposer de moyens de communication adaptés en cas de problème à bord.
La matinée nous aura permis de croiser de nombreux dauphins en chasse. Malheureusement pour nous, aucun thon n’a pu être piqué bien que nous ayons pu en voir parmis les dauphins.
Enfin de belles chasses
A force de persévérance, nous avons fini par trouver une grosse concentration d’oiseaux se dirigeant dans la même direction. En les suivant sur quelques miles, nous sommes enfin tombés sur ce que nous cherchions : de belles chasses qui tenaient plusieurs minutes ! A la vue de ce spectacle, l’excitation à bord était indescriptible !
Étant plusieurs pêcheurs à bord, nous avons alterné les leurres. Pour les uns c’était Feed Popper en taille 150 et 175 mm montés sur assist hooks Shout en taille 4/0 et 5/0 et pour les autres, leurres souples de type shad ou Crazy Sand Eel montés sur des têtes plombées Crazy Sand Eel X-Strong et VDSLIM en 75 g.
Quelques lancers dans cette chasse très dense et la première attaque ne traine pas ! Le rush violent du thon, celui que l’on attendait depuis tant de mois est là. Malheureusement pour nous, ce bonheur fut de courte durée. Quinze secondes après et ce fut la casse. D’un coup sec.
Cela est malheureusement très courant dans les chasses denses avec énormément de poissons. La ligne a très probablement croisé la route d’un autre poisson entraînant cette casse instantanée.
Lorsque les chasses sont très denses, il faut éviter de lancer en plein milieu. Privilégiez les extérieurs, la densité de poissons étant moins importante, vous diminuerez le risque de casse.
Aussi, essayez autant que possible d’extraire le poisson de la chasse en faisant route au moteur à l’opposé de celle-ci. Bien que cela ne soit pas infaillible, c’est ainsi que nous nous efforçons de procéder. Une fois au clair, le combat peut commencer.
Après la déconvenue de la casse sur le premier thon rouge de la saison, nous faisons route et trouvons rapidement une seconde chasse. Et cette fois-ci nous aurons plus de chance.
Le poisson est ferré. La canne tourne entre toutes les mains et nous sentons qu’il ne s’agit pas d’un monstre. Et autant dire qu’avec 4 pêcheurs assoiffés de sensations, le poisson aura eu peu de répit. Au bout de 15 minutes, le thon est au bateau. Finalement, c’est un poisson estimé à 60/70 kilos qui sera relâché immédiatement.
Lorsque vous pêchez des chasses de cette densité, les poissons sont très souvent calibrés entre 70 et 90 kilos. Pour cela, nous utilisons des cannes d’une puissance de 100 à 150 lbs. Une longueur de 2,20 à 2,30 m est un excellent choix. Avec ces caractéristiques, cette canne permettra de conjuguer bonne distance de lancer et facilité d’animation des leurres.
Finalement, un seul poisson sera amené au bateau au cours de cette journée. Qu’importe, la saison 2023 est lancée. Et croyez-moi, depuis cette sortie, d’autres ont eu lieu avec de très belles surprises. Je vous raconterai cela dans un prochain article.
