Le vent de nord-est persistant depuis plusieurs semaines nous pousse à pêcher proche de la côte pour rester abrités. Il est difficile d’aller sur les spots plus profonds où généralement de jolis lieus jaunes sont présents à cette saison. La pointe du Cotentin offre la possibilité de pêcher trois côtes différentes avec une zone abritée du vent en permanence ou presque. Pour cette dernière sortie en date, départ en mer depuis un petit port situé sur la côte ouest afin de profiter de l’abri naturel que constitue les grandes falaises de la Hague. Sur le papier, il ne s’agit pas du spot à prospecter en priorité pour débusquer de jolis poissons. Pourtant, cette sortie aura déjoué tous les préjugés. Embarquons tout de suite et découvrons le résultat de cette jolie sortie avec de beaux poissons.
Les oiseaux comme indicateur
Une fois n’est pas coutume, c’est en suivant les oiseaux que nous avons ciblé la zone de pêche du jour. Un rapide coup d’œil aux jumelles nous permet de détecter une belle activité. A cette période de l’année, nous avons la chance de pouvoir pêcher plusieurs espèces. Les bars et les lieus jaunes sont encore bien présents, mais les dorades et turbots sont également bien actifs. De grosses concentrations de bars sont présentes sur les zones proches de la côte mais cette activité ne va pas durer. Dès que l’eau va se réchauffer, les boules de poissons vont se disperser et nous serons contraints de pêcher des poissons postés et non des chasses comme celles rencontrées couramment au cours des mois de mai ou juin.
Des bars en chasse
Comme espéré, sous une telle chasse, il y a de très grandes chances de trouver des bars. Ici, sans hésiter, les leurre effilés, de type slug, nageant de façon erratique au milieu de la couche d’eau sont de mise. Ma sélection se tourne vers le Crazy Sand Eel en taille 150 et 180 mm. Animé très rapidement, dès que le leurre tombe à l’eau, il est l’un de mes favoris sur les poissons en chasse.
Je le lance directement au cœur de la chasse, là où l’activité est la plus importante. À peine, il touche la surface de l’eau, je ferme le pickup et ramène très rapidement sur quelques tours de manivelle avant de le laisser couler un peu puis je réalise de grandes tirées sèches avec une récupération rapide pour pêcher le milieu de la couche d’eau. Dans ce cas, le résultat ne se fait pas attendre. En pêchant ainsi vous aurez de nombreuses touches si vous pêchez là où la densité de poissons est la plus importante.
Le revers de la médaille est qu’il est plus difficile de faire de jolis poissons, ces derniers se trouvant bien souvent en périphérie.
En laissant la dérive se poursuive, l’un d’entre nous à eu la belle surprise de piquer un beau lieu jaune au Black Minnow 140.
Une prise de cette taille est peu courante sur une zone peu profonde. Le lieu jaune est réputé pour sa défense virile et la violence du rush. Celui-ci a été pris avec une canne légère d’une puissance 10/40grammes. Le combat dans la veine de courant fut intense !
Les lieus jaunes bien cachés dans les laminaires
L’activité de surface baisse. Les oiseaux quittent la zone d’un seul coup. Plus aucune touche, plus une seule attaque. En un éclair, la zone est redevenue calme.
Un changement de plan s’imposait pour continuer la pêche.
Nous décidons alors de laisser la dérive se poursuivre vers l’aval, espérant trouver une boule de poisson fourrage qui aurait dérivé dans le courant.
Le joli lieu jaune pris sur la précédente dérive laisse espérer d’autres prises. Cette espèce vie souvent en banc de plusieurs individus, il y a donc de grandes chances qu’il ne s’agisse pas d’un poisson isolé.
Un second poisson est rapidement mis au sec. Toujours en utilisant le même combo à savoir Black Minnow 140 et tête plombée de 40 grammes.
La dérive est courte et nous devons rapidement remonter en amont pour la recommencer.
Les poissons se situent sur une petite cassure passant de 9 à 13 mètres. En temps normal, il ne serait pas nécessaire de pêcher avec des têtes plombées aussi lourdes dans cette profondeur.
La tendance actuelle est à la légèreté en cherchant à pêcher le plus léger possible. Ce n’est pas forcément un avantage dans certaines conditions particulières.
Ici, sur les premières dérives, nous pêchions avec le même leurre plombé en 28 grammes, sans enregistrer la moindre touche. À coup sûr, pris par le fort courant de 4 nœuds, le leurre planait trop haut par rapport aux poissons qui, eux, étaient calés au fond. C’est en décidant d’augmenter le poids de la tête plombée que nous avons réussi à décider les poissons. Le leurre passait beaucoup plus proche du fond.
Une canne résonante est un avantage non négligeable dans ce type de situation. En ressentant le contact avec le fond vous maîtriserez mieux l’animation du leurre et le risque de croche sera réduit.
En pêchant dans peu d’eau, il est facile de remettre les prises à l’eau. Le lieu jaune est un poisson qui supporte très mal le vivier c’est pourquoi nous les remettons à l’eau immédiatement après capture.
Quelques grammes qui font la différence
La fin de sortie approche et l’heure du retour a sonné. Nous étions partis pour une pêche de bordure avec l’espoir de piquer quelques bars.
La bonne surprise a été de trouver de très jolis lieus jaunes dans peu d’eau. Ce n’est clairement pas une chose courante et nous sommes chanceux d’avoir pu pécher ces si beaux poissons à la défense musclée dans peu d’eau et avec des cannes légères. Habituellement, c’est sur les épaves profondes que se cachent des poissons de cette taille où la pêche se fait avec un matériel bien plus lourd.
L’enseignement majeur de cette sortie est qu’il ne faut pas toujours pêcher le plus léger possible. Dans certaines conditions, par fort courant par exemple, ou lorsque les poissons sont tapis au fond, un leurre trop léger ne passera pas assez proche du fond. Il convient, en cas de refus des poissons, de simplement modifier le poids de la tête plombée.
