Quand des pêcheurs qui débutent la pêche du sandre me posent des questions, ils me demandent quel spot privilégier ou quelle couleur de leurre utiliser. Ils sont face à de nombreuse incertitudes mais tous me disent « ce que je sais, c’est qu’il faut gratter le fond ». Et quand je croise des pêcheurs de sandre au bord de l’eau il est extrêmement rare que je vois monter sur leur ligne une tête plombée inférieure à 10g. Avant de continuer, je vous invite à lire l’article précédent intitulé « dans quelles couche d’eau pêcher le sandre » pour déconstruire certains a priori handicapants à ce sujet.
Une fois que les préjugés qui concernent les couches d’eau propices au sandre sont levés, je vous propose d’étudier ensemble l’approche de ce poisson de manière moins conventionnelle. Attention je ne prétends pas détenir de vérité, la pêche au leurre souple surplombé fonctionne très bien par moment et elle permet de déclencher des attaques de réaction qui sont parfois le seul moyen de déclencher ces sandres si lunatiques. Je vais simplement vous présenter une approche que j’affectionne particulièrement et vais lister ses avantages et ses inconvénients : il s’agit de la pêche du sandre avec un leurre « sous-plombé ».
Faire planer son leurre
En sous plombant notre leurre souple, on cherche déjà à le rendre plus planant. Quand je pêche le sandre je procède ainsi : je laisse d’abord mon leurre descendre à la profondeur souhaitée. Ensuite, j’alterne entre deux ou trois tours de manivelle qui font remonter mon leurre dans la couche d’eau, et des phases de pause qui vont permettre à mon leurre de redescendre en planant quelques secondes, et c’est là que survient la touche.
Il existe différents moyens de faire planer son leurre, car comme dit précédemment, le grammage de la tête plombée n’est pas le seul facteur qui influe sur la vitesse de descente du leurre. Je vais vous énumérer les facteurs sur lesquels vous pouvez jouer pour être plus planant.
Le sens du courant
Si vous pêchez en rivière ou en fleuve, lancez dans la même direction que le courant (pêche aval) et ramenez votre leurre à contre-courant, cela le fera descendre beaucoup moins vite. Petit bonus, vous accrocherez beaucoup moins qu’en ramenant dans le même sens que le courant (pêche amont).
La ligne
Vous pouvez également jouer sur l’épaisseur de la ligne. Pour ce faire, utilisez une tresse épaisse (PE1.2) ou un bas de ligne de diamètre volontairement plus gros (35 ou 40/100). Cela aura pour effet d’augmenter la portance de la ligne sur l’eau et faire planer le leurre si l’on ne dispose pas de têtes plombées légères adaptées.
Le type de leurre
Vous pouvez jouer sur la portance du leurre et sa vitesse de descente en utilisant respectivement un leurre volumineux et/ou un leurre doté d’un paddle de grosse taille.
Le ratio du moulinet
Le ratio d’un moulinet correspond à la quantité de fil (en cm) récupérée par tour de manivelle. Un faible ratio de moulinet permet également de pêcher lentement plus confortablement sans avoir l’impression de mouliner de façon contre intuitive.
Gros leurres ou petits leurres
Personnellement lorsque j’ai localisé les poissons et qu’ils ne sont pas focalisés uniquement sur les gros leurres (15cm et plus), je préfère pêcher relativement petit avec des leurres de 3,5 à 5 pouces.
Cela me permet d’utiliser une canne légère (de puissance ML ou M) et un moulinet léger également (taille 2000 ou 2500).
Un bas de ligne en 25 ou 30 centièmes me permet de laisser de la liberté à mon leurre et de rester discrets dans des eaux claires.
Réduire le grammage de ma tête plombée pour faire planer mon leurre me permet donc d’utiliser du matériel plus léger et cela me convient parfaitement car je trouve les pêches fines plus agréables.
Des touches plus franches
Pourquoi se forcer à pêcher plus léger me direz vous alors que cela demande plus de concentration et semble moins intuitif. Et bien c’est très simple, j’ai constaté que la qualité des touches de sandres sur un leurre sous-plombé, et donc planant, était bien meilleure.
Un leurre faiblement plombé tire beaucoup moins sur la ligne, celle-ci forme un ventre dans l’eau et le leurre descend de manière beaucoup plus verticale. Il descend aussi beaucoup plus lentement et sa présentation est donc plus naturelle, proche d’un vrai petit poisson. Le sandre se méfie moins et la touche est plus franche.
Un autre facteur qui augmente la qualité de la touche selon moi, c’est la légèreté du combo leurre + tête plombée. Plus sa densité est proche de celle de l’eau, plus son aspiration par le poisson sera facilitée.
Pardonne les approximations
L’utilisation d’un leurre très souple et longiligne augmente encore l’aisance de l’aspiration et donc la qualité de la touche. Cette approche a selon moi l’avantage de gommer certaines erreurs en ce qui concerne le choix des coloris ou les types de vibrations utilisés. Une touche courte sur une tête de 10g où l’on ne pique pas le poisson et on accuse un mauvais choix de coloris, devient une touche franche avec un leurre piqué au fond du palais sur une tête plombée en 3g.
L’effet suspending
Il existe d’ailleurs une catégorie de leurre sur lesquels les touches de sandres sont d’une brutalité inégalée : les jerkbaits minnow suspending (suspending = de densité égale a celle de l’eau). Alors oui, l’utilisation d’un leurre dur pour pêcher le sandre peut surprendre mais cette famille de leurre n’a plus à faire ses preuve sur ce poisson, en particulier en eau claire.
Si vous avez suivi le raisonnement du paragraphe précédent, cela parait logique car le minnow suspending à la même densité que l’eau. Aucune force ne s’exerce donc, ni vers le haut, ni vers le bas, et lors de la pause, la ligne se détend laissant tout le loisir au sandre de l’aspirer sans contrainte.
