Avec toute forme d’ignorance va son lot de préjugés. Toujours animé par l’envie de vous proposer quelque chose de nouveau, je vais tenter de déconstruire avec vous certains a priori qui, selon moi, entravent une bonne compréhension et une bonne analyse de la pêche. Dans un second article je vous ferai part d’une approche que j’affectionne particulièrement pour la recherche du sandre, aussi peu conventionnelle soit elle. Mais avant de vous parler technique il me parait essentiel de commencer par la base : « où trouver le poisson ? »
Un poisson de fond
Le sandre aime se tenir sur le fond, en particulier la journée quand l’eau est claire, c’est bien connu. Et ce pour une raison très simple, le sandre est aux poissons ce que la chouette est aux oiseaux. Il fait parti des animaux dits lucifuges (qui fuient la lumière) mais qui ont en contrepartie l’énorme avantage d’avoir une vision parfaitement adaptée aux conditions de faible luminosité.
Le sandre possède parmi les plus grandes cellules visuelles connues chez les vertébrés. Ses facultés visuelles lui permettent de capter les moindres rayons lumineux et augmentent considérablement sa capacité à voir par faible luminosité.
Cette particularité en fait de loin de meilleur chasseur à vue de nos eaux lorsque la lumière se faire rare notamment lorsque l’eau est trouble, la nuit et bien sûr en journée en eau profonde, là où peu de rayons lumineux ne percent.
Pêcher le sandre en faisant évoluer son leurre près du fond parait donc logique, particulièrement lorsque l’eau est claire et la luminosité importante. Il est presque exclusivement recherché de cette manière et essentiellement au leurre souple. Mais est-ce la seule façon de leurrer des sandres ?
Peut-on pêcher le sandre dans des couches d’eau intermédiaires ?
Ces dernières années, l’apparition des technologies de type Livescope (sondeur à balayage qui produit des images précises en temps réel des poissons et de leurs déplacements) a permis de confirmer la présence de sandres postés en pélagiques dans différentes couches d’eau, peu importe la profondeur. Je pêche très peu en bateau et jamais avec cette approche donc je laisserais quelqu’un de mieux placé que moi pour aborder ce sujet.
Un pêcheur du bord dépourvu de ces nouvelles technologies de sondeur peut difficilement exploiter cette information, c’est pourquoi je ne vais pas m’attarder dessus. Néanmoins, il vous arrivera certainement de croiser la route de gros sandres suspendus entre deux eaux de manière inattendue, généralement en pêchant le brochet ou le silure.
En effet bien, avant les technologies « Live », il nous arrivait déjà de prendre des sandres dans des couches d’eau intermédiaires et généralement sur des leurres relativement gros.
Des sandres en surface ?
En revanche, ce que j’ai pu observer de mes propres yeux, c’est que lors de certaines phases d’activité alimentaire, notamment lorsque la luminosité est faible, le sandre vient chasser très proche de la surface. J’ai longtemps cru que la présence de ces poissons sur des plages au coucher du soleil (ou même de nuit) était due aux avantages que confère une faible profondeur d’eau à un chasseur comme le sandre.
Pourtant, si je fouille dans ma mémoire je me rappelle de plusieurs sessions au cours desquelles j’ai pu observer des sandres chasser en surface dans 3 ou 4 mètres d’eau au coup du soir.
L’année dernière j’ai eu la chance d’accueillir dans mon bassin un sandre de 70cm et l’observer m’a ouvert les yeux… Le verdict est sans appel, quand le sandre rentrait en phase d’activité il chassait en surface quelque soit la profondeur du bassin. Je ne compte plus le nombre de nuits où je voyais sa nageoire dorsale fendre la surface de l’eau en sillonnant le bassin à la recherche d’une proie. Ce comportement est également vrai quel que soit le moment de la journée lorsque l’eau est fortement teinté par les sédiments. On peut en déduire que plus la lumière qui pénètre dans l’eau est faible, plus ce poisson à tendance à se rapprocher de la surface. C’est une des raisons pour lesquelles on peut retrouver des sandres dans quelques dizaines de centimètres d’eau (et très proches du bord) durant les crues.
En conclusion
Pour conclure, il est possible de trouver des sandres dans toutes les couches d’eau, du fond à la surface, quelle que soit la profondeur du milieu. Je dirais même qu’en règle générale, un sandre décollé du fond est probablement en phase d’activité alimentaire et sera de fait plus enclin à prendre un leurre que son homologue collé au fond. Ceci dit, n’oubliez pas que ce poissons tire profit de sa vision par faible luminosité, donc privilégiez les lieux ou les moments de la journée qui lui donnent cet avantage.
