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Pêche du brochet l’hiver : lorsque l’adaptation est indispensable à la réussite !

Parfaire une stratégie des jours durant, ne pas dormir la veille de la session, accompagner un ami sur ses spots d'enfance et décider des poissons difficiles. Pour notre premier week-end de pêche de l'année avec Manu, on vous invite à nous accompagner… de la boutique à la gueule des poissons !

Au fil des saisons, le métabolisme des brochets évolue et influe sur leur comportement alimentaire. Lorsque les premières vagues de froid sont passées, les poissons ont déjà effectué quelques réserves. Il devient alors difficile d’attiser leur curiosité et de les faire mordre, d’autant plus lorsque la baisse des températures d’eau se pérennise, passant en dessous des 10°C symboliques (optimum thermique pour Esox Lucius entre 10°C et 24°C (Keith & Allardi, 2001)). Si la pêche dans ces conditions en décourage plus d’un, il arrive parfois que l’on réussisse à obtenir quelques bons résultats de nos amis brochets.

Rendez-vous à Paris et ébauche de notre stratégie 

Charles C’est avec cette idée que nous nous retrouvons à la boutique DPSG rue de Grenelle, avec Manu, pour préparer notre premier week-end de pêche de l’année. Nous avons prévu de nous rendre sur les bras de Seine qu’il connaît bien, dans lesquels des regroupements de blancs se prolongent assez tard dans la saison. On souhaite pêcher des postes où la pression de pêche est faible et dont l’encombrement motive le choix de chatterbaits (bladed jig), leurs éclats brillants s’associant aux mouvements des bancs de poisson fourrage. Comme mon guide du week-end espère toucher quelques petits silures (moins d’1m30), on opte pour un chatter de bonne constitution, avec un hameçon capable de tenir le combat. Notre dévolu est jeté sur le bladed jig Illex Crazy Crusher 14gr.

Illex Crazy Crusher 14gr

En parallèle, il prévoit de me guider sur des plans d’eau où les poissons sont parfois actifs en janvier, qui plus est dans des profondeurs assez faibles. Comme les patterns références pour la saison sont souvent les grosses caudales, on prend quelques Illex Dexter Shad (tailles 200 et 250 – coloris naturel Bright Rudd et UV Bomb), Manu affectionnant particulièrement cette famille de leurres. La caudale s’active même à très faible vitesse sans plombée, ce qui est particulièrement intéressant dans cette configuration. Je me fais aussi plaisir avec un Megabass Sleeper Gill, au cas où les brochets seraient sur de très petites proies, et que l’on doive faire des pauses très longues sur le fond.

La complémentarité des leurres durs

Charles Par ailleurs, les poissons pourraient ne pas réagir aux profils ondulatoires intenses des leurres souples. Dans une approche plus fine, il serait alors intéressant de sortir des leurres durs. Puisque l’on recherche des leurres capables de pêcher dans très peu d’eau, à l’arrêt ou sur des animations minimalistes, on s’intéresse au Megabass Konosirus Shad, genre d’extension jerk au fameux I-Jack. Il a la particularité de remonter très doucement à la pause, voire de redescendre lorsqu’on imprime des petits coups de scion. Par sa masse (72 grammes), on peut l’utiliser sur un ensemble lourd type 30-100gr. 

Enfin, sur les conseils de Thomas, on décide d’essayer le swimbait Illex Gantia 180. Ce leurre articulé, en plus de s’équilibrer à 50-60 centimètres sous la surface, est capable de se retourner totalement (demi-tour sur lui-même) sur les pauses. Cela nous paraît très intéressant pour les brochets suiveurs. Une fois nos emplettes terminées, et un dernier regard sur les canons des Invalides, nous prenons la route.

Le Konosirus a bien failli terminer dans les douves de l’Hôtel des Invalides

La tombée de la nuit dans un bras de Seine : chatter gagnant

Manu Pour débuter symboliquement nos trois jours de pêche, je décide d’emmener Charles arpenter les bras de Seine qui m’ont vu grandir et faire mes premières armes en tant que pêcheur. Ceux-ci communiquent partiellement avec le fleuve et sont fermés par des grilles à l’entrée. Ils sont alimentés par un courant très faible, brisé dès le départ par d’innombrables arbres morts formant des obstacles, mais aussi d’excellentes cachettes pour les brochets. Relativement peu profonds sur leurs 27km de berge (1 à 2m), une zone environ deux fois plus creuse se démarque, et est le théâtre de regroupements de poissons blancs et carnassiers durant la période hivernale. Les plus anciens récits de pêcheurs faisant écho de silures dans les bras ont plus de 10 ans, et mentionnent un maximum d’1,30m.

J’avais repéré cette fosse au sondeur lors d’une session float : elle se situe devant la branche plongeante oblique, à l’arrière-plan gauche

Pour approcher ce trou d’eau depuis le bord, je lance au plus près de la berge d’en face, en contrôlant bien la phase de descente. Une fois au fond, j’effectue des tractions relativement amples et essaie de maximiser la descente planante du leurre sur le fond, en pêchant canne bien haute. Ce chatterbait, choisi avec le bon grammage, réunit tous les ingrédients nécessaires. Il est assez robuste pour un petit silure, la taille de l’anneau est adaptée à l’usage d’un nœud agrafe et l’imposante palette ralentit suffisamment la descente.

Nous nous trouvons à la tombée de la nuit et j’entends le bruissement du poisson blanc à la surface. Une queue claque dans la pénombre, j’applique méthodiquement mon pattern. Une quinzaine de minutes suffisent et une secousse courte fait résonner le talon de ma canne : pendu ! Un bras de fer s’engage alors pour extraire le poisson, et le dégazage confirme que j’ai affaire à un client sérieux pour l’endroit. Tant bien que mal, nous parvenons à mettre au sec le silure avant que l’obscurité ne s’installe.

Couleurs de crue caractéristiques pour ce jeune poisson

Premiers brochets d’eau froide : le shad en difficulté

Charles Notre deuxième journée de pêche s’est avérée totalement infructueuse, malgré la visite de nombreux biotopes, et une seconde tentative dans le bras de Seine. Le lendemain, pour notre dernier jour, nous nous dirigeons vers un plan d’eau que Manu connaît. Les températures n’ont pas encore dégringolé et un vent de Nord-Ouest souffle légèrement, les conditions sont encore acceptables. Rapidement, on effraie un poisson qui se tenait dans peu d’eau. On décide de commencer au Dexter Shad, pour pouvoir brasser efficacement. Je prends un premier poisson, piqué timidement sur mon 200, mais qui a le mérite de nous encourager. Le brochet, particulièrement gras pour sa taille, retourne dans son élément.

Ce brochet piqué par le bout du bec a timidement attaqué lors d’une phase de « coulée morte » du leurre souple.

Après plusieurs dizaines de lancers, il n’y a rien de bien concluant quand, tout d’un coup, je repère un poisson posé et immobile sur le fond. Je décide de l’approcher différemment, et monte mon petit Sleeper Gill. Alors que je l’ai perdu de vue, et que mon leurre se repose depuis 10 bonnes secondes sur le fond, je ressens une brève aspiration. Après un ferrage en règle, je découvre notre second invité à bec de la journée. Même si je suis satisfait de mon coup de ligne, nous comprenons que seules des approches soignées nous permettront de tirer notre épingle du jeu. Nos références hivernales ne semblent pas fonctionner correctement face à ces poissons méfiants, dans une eau transparente.

On trouve le poisson dans peu d’eau : une approche avec des leurres suspending ?

Charles L’après-midi, un soleil fugace nous gratifie de quelques rayons et semble réveiller l’activité. De plus, une légère brise plisse la surface de l’eau, ce qui augmente probablement notre discrétion. Manu décide alors d’essayer son Konosirus, et je monte mon Gantia. Il trouve une animation intéressante, qui lui permet de valider deux premiers petits poissons. En effet, il se sert des caractéristiques du leurre pour pêcher avec des pauses saccadées de 3-4 secondes, durant lesquelles il fait tressauter son poisson nageur. La nage est serrée et le leurre est relativement silencieux, seul le “clonk” caractéristique du système de transfert de masse se faisant entendre. 

Les poissons ont globalement tous attaqué sur des phases de pause, en entrouvrant à peine leur gueule.

Nous continuons à avancer, et c’est alors au tour de mon swimbait de faire parler de lui. Alors que je reprends ma récupération à l’issue d’un stop marqué, ayant au préalable fait se retourner mon leurre, je suis littéralement bloqué. Le brochet ne bouge pas au ferrage et me livre un combat lourd. Arrivé dans l’épuisette, on découvre un poisson de 83 centimètres rond comme une baudruche. Après une rapide séance photo, on lui rend sa liberté.

Au ferrage, mon bras s’est trouvé bloqué par cette véritable baudruche à dents.

Fin d’après-midi, le jerk rentre en piste

Manu Souhaitant exploiter cette courte fenêtre d’activité, je dégaine mon Westin Slim Glidebait 12cm pour accélérer la cadence. Sur une zone rocheuse peu profonde et parsemée de quelques restes d’herbiers filamenteux, je lui assène des coups de scion secs avec une bonne cadence. Cette animation me permet de pêcher dans à peine un mètre d’eau, même avec la version sinking. Lorsque la profondeur est suffisante pour laisser s’exprimer le plein potentiel du leurre, j’aime le ramener en stop and go avec de longues tirées, voire en linéaire. Une ombre se détache alors du fond pour venir l’intercepter sous nos yeux et ceux d’un autre brochet suiveur.

Ce poisson profilé nous révèle une très belle robe et des proportions quasi parfaites.

Une fin surréaliste : un V fatal au crépuscule

Charles – Pour terminer, nous vous partageons un moment et une action surréalistes, vécus au crépuscule lors de mon dernier lancer. Tandis que nous rentrons satisfaits, j’aperçois une forme bizarre clapotant sur une plage de graviers. On se demande ce que c’est que cet hybride tortue-carpe : un giga carassin ! On l’attrape pour le fun, il est vraiment abimé et semble avoir été attaqué. Alors que l’on finit de le prendre en photo, un éclat sonore crève la surface à un mètre de nous. 

Un poisson … étrange

L’instant nous rend vraiment euphoriques. Je fais deux pas dans l’eau, un coup de caudale fouette à nouveau la surface. On est dans 30 centimètres d’eau, il fait quasiment nuit ! Je monte une Megabass Sleeper Craw, mon leurre le plus léger, pour rigoler. Au second lancer, sous le bras, on voit un énorme « V » qui se rue sur l’endroit exact où se repose ma craw. Je devine que le poisson pivote vers le bas, je reprend alors contact avec une infinie précaution et sens le poids : je donne tout ce que j’ai dans mon ferrage. Le brochet crève l’obscurité, Manu attrape son épuisette, mais il se décroche ! Quel dommage, ce poisson restera longtemps dans ma mémoire, car c’était probablement le plus gros du jour. Par contre, je garderai un souvenir impérissable de cette action inoubliable.

En conclusion, un week-end où l’adaptation était de mise

Il n’y a pas vraiment eu une manière de pêcher durant ce week-end, mais on a réussi à valider plusieurs techniques, qui nous ont permis de sortir du dogme “ponçage au gros shad”. Un silure correct pour le biotope pêché s’est ajouté à la fête, et de jolis brochets très gras ont été capturés. On a élaboré un plan, on est passé prendre des leurres qui ont finalement tous pris du poisson, et on a conclu notre session avec un moment mémorable. Bref, un succès entre amis, dans le froid hivernal !

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