S’équiper pour partir pêcher la carangue GT à la mouche en Nouvelle-Calédonie !

Lorsque l’on parle de « pêche extrême », la traque de la carangue GT vient immédiatement à l'esprit. Au popper, au stickbait ou au jig, elle offre des attaques et des combats d'une violence inouïe. Souvent embarqué, en pêchant à proximité des reliefs sous-marins ou des barrières de corail, on s’équipe d'une canne et d'un moulinet surpuissants pour résister à ces combattantes hors normes. Parfois, les GTs s'aventurent sur les plateaux et les flats, une aubaine pour les pêcheurs à la mouche.
La pêche à la mouche en Nouvelle-Calédonie
  1. Bien s’équiper pour partir pêcher le Bonefish à la mouche en Nouvelle-Calédonie !
  2. S’équiper pour partir pêcher la carangue GT à la mouche en Nouvelle-Calédonie !

Quiconque à déjà eu la chance de piquer une carangue GT sait à quel point il faudra s’accrocher pour ne pas la perdre dans les récifs. A ce titre, on peut se demander si c’est bien raisonnable de les attaquer à la mouche ? Raisonnable non, extraordinaire bien plus ! Avec un matériel adapté et de bons conseils techniques, soyez prêts pour une des expériences de pêche les plus marquantes de votre vie !

La Nouvelle-Calédonie et ses GT

Comme dans l’article précédent consacré au Bonefish disponible ICI, la destination du jour est la Nouvelle-Calédonie. Poisson mythique de la pêche exotique, la densité de Carangue GT en Nouvelle-Calédonie y est excellente. Caranx ingnobilis en latin, on l’appelle plus communément « GT », de l’anglais « Giant Trevally » et encore « Baoum » pour les locaux.

La carangue GT est un poisson de sport offrant des attaques violentes et des combats sur vitaminés. Une cible idéale pour tout pêcheur désireux de s’aventurer là où il fait toujours chaud.

La bouche très solide et puissante de la GT lui permet d’attaquer à peu près n’importe quoi ! Un vrai problème pour y ancrer un hameçon avec des cannes à mouche sans une technique bien travaillée en amont. On la retrouve quasiment partout sur le territoire Calédonien, en plus ou moins grande quantité, des juvéniles en mangrove jusqu’au spécimen à l’extérieur du lagon.

Première carangue GT de Nouvelle-Calédonie à la mouche.

Les spots à explorer

J’ai rapidement commencé à chercher les GT à la mouche, c’était un rêve pour moi. J’ai donc passé des journées à barouder aléatoirement, canne à la main sans voir aucun poisson. Les premières que j’ai croisées étaient trop loin, puis une bonne intuition m’a fait prendre ma première touche sur un plateau de corail. Un bruit d’eau léger dans mon dos, je me retourne et je lance devant un poisson d’une dizaine de kilos qui croisait à coté de moi. A l’impact, elle aspire ma mouche dans une accélération impressionnante. Premier rush, l’hameçon casse… Quelques échecs et journées à vide plus tard, je m’organise dans mes recherches.

Les journées sur le flats

A proximité des cassures ou des embouchures, les flats offrent des zones de chasse idéales pour les carangues. Le gros avantage pour le pêcheur, d’autant plus à la mouche, est l’absence d’obstacle. En effet, sur ces zones de sable infinies, à condition d’avoir suffisamment de backing, on peut sortir n’importe quel poisson.

Le plateau de Koné, le plus proche de mon domicile, était idéal pour cette pêche en bateau et en wading. J’ai touché beaucoup de poissons modestes mais l’ambiance était incroyable. La vague derrière la mouche, ferrage dans l’axe et que du plaisir !

Utilisez « Google maps » pour chercher les « canaux » au cœur des flats ( légèrement plus foncés à l’image car plus profonds), les poissons s’y déplacent et y chassent en fonction des marées.

La barrière de corail

La barrière, avant de plonger à plus de 1000 m de fond, forme une frange plane face à l’océan. Les vagues brassent l’eau et de très nombreux poissons y vivent. Il s’agit certainement de la zone avec la biodiversité la plus forte. On trouve des carangues en nombre, et de très grosses ! Sur les coraux, et mêmes dans les vagues, un streamer ou un popper seront parfaitement indiqués. Le problème majeur auquel on s’expose ici est l’omniprésence d’obstacles plus tranchants les uns que les autres. Alors, par beau temps abordez ces zones en bateau pour pouvoir vous écarter après la touche.

Carangue GT prise en lisière des coraux sur une tête où chaque premier lancer du jour m’offrait un super poisson.

Les plages

Les plages de la côte Ouest ne sont pas idéales pour trouver des poissons mais au Nord et sur la côte Est, la bathymétrie et les courants offrent de bien meilleures possibilités. On s’y déplace facilement, au sec et avec un surplomb avantageux pour identifier les poissons que l’on croise. J’ai beaucoup pratiqué cette pêche au coup du matin avant d’aller travailler. Les lumières sont magnifiques et les poissons, quand ils sont présents, sont assez facile à approcher.

Mais c’est au coup du soir, quand les petits poissons fourrage viennent se réchauffer au plus près de la plage, que les carangues chassent. Un streamer « strippé » très rapidement permet souvent de les faire suivre. I faudra parfois reculer en fin de traction pour continuer à animer sa mouche, les carangues GT suivant parfois jusqu’à ce que la mouche touche la canne ! La taille des captures était très variable, à tel point que certains poissons étaient aussi gros que ceux que je faisais en bateau à l’extérieur du lagon !

La bonne canne

La canne, comme pour la pêche au leurre, doit être puissante et solide. Suffisamment longue pour lancer, j’utilisais principalement une 9′ en #12. Cela dit, l’utilisation d’une 9′ #10 sur les flats ou depuis la plage n’est pas à exclure, tout comme une 9′ #14 sur les secteurs à risques… Hormis les qualités de lancer et le confort, on va rechercher une canne capable d’endurer d’énormes tractions !

Lors des lancer toute la canne travaille, plus souvent la partie haute sur les cannes rapides. La partie la plus importante va être la partie basse ; ce premier tiers va nous servir en combat pour tirer sur le poisson. En effet, la partie haute d’une canne à mouche est trop souple pour appuyer sur le poisson. Toute la canne va plier et la force effective à l’autre bout de la ligne sera ridicule.

Le bon angle de canne

Dans une bonne utilisation en combat on fera plier le bas de la canne en l’abaissant. Tous les anneaux de tête vont s’aligner. Cette partie a approximativement le même diamètre et la même quantité de matière qu’une canne à leurre et développe la même puissance.

Essayez avec n’importe quelle canne à mouche de bouger une masse avec cette application d’angle vous serez surpris ! En bateau, si le poisson va a l’aplomb il faudra particulièrement porter attention aux angles de la canne, le scion ne doit pas être « rentrant » et former un angle vers le talon.

Le risque de casser sa canne existe mais si vous l’utilisez correctement, en appliquant de la force sans utiliser l’entièreté de la canne, il diminue grandement. Privilégiez des cannes avec de bons anneaux, surtout les trois premiers en partant du moulinets, ce sont eux qui vont recevoir le plus de frottement. Si vous hésitez entre deux modèles de canne, choisissez celle avec un premier anneaux (toujours en partant du moulinet) qui n’aura pas tendance a emmêler la soie au premier rush.

Attention au ferrage

Le plus gros danger dans cette pêche, pour la canne et pour le pêcheur, c’est la soie qui ressort après le ferrage. Pour le ferrage, on bloque la soie dans ses mains gantées, canne dans l’axe du fil et on donne des coups d’avant en arrière pour ancrer parfaitement la mouche.

Le moulinet

Le moulinet joue un rôle primordial ! Il doit avoir une contenance suffisante pour loger 300 m de backing en 80 lbs puis une soie imposante en #12 ou #14. Sont frein doit être impeccable, précis, fluide et puissant.

La carangue GT ou l’un des poissons les plus marquants de ma petite vie de pêcheur.

Soie et backing

Flottante pour les poppers et pour les streamers bien qu’une soie intermédiaire vous permettra d’animer très vite sans que votre mouche ne perce la surface. Solide, elle doit pouvoir se lancer rapidement. Adaptez en fonction de la canne. Le backing doit lui aussi être solide car il sortira systématiquement. Une tresse conventionnelle d’au moins 300 m. Reliez le backing à la soie par un nœud de raccord « tresse/tresse » ou « tresse/leader » de votre choix mais pas par une « boucle dans boucle ». L’abrasivité de la tresse dans la boucle de la soie risque de sectionner cette dernière. A titre personnel j’utilise un nœud double uni collé à la glue.

Le leader

Pour la partie terminale il existe autant de solutions que de configurations ! On peut varier la longueur, le diamètre, le système d’accroche de la mouche, etc…

La longueur idéale oscille entre facilité de lancer et discrétion, bien que souvent le bruit ne pas soit un inconvénient. Néanmoins, certaines situation, particulièrement depuis le plage, et en l’absence de vagues, l’approche doit être plus discrète.

Un shock leader en 80 lbs pour les zones ouvertes (plages et flats) et un 100/120 lbs pour le récif. Pour le raccord soie/leader optez pour une « Perfection Loop » ou une boucle sleevée, en passant deux fois dans la boucle de la soie pour répartir les frottements. Du coté de la mouche un nœud au tube sur un anneau soudé puis un anneau brisé. Si vous êtes sûrs de votre mouche, une boucle sleevée ou un nœud au tube que vous ne serrez pas complètement offrent un peu plus de liberté.

Petite carangue prise sur une zone éprouvante pour le leader (coraux morts).

Les mouches

Pour les mouches, on distingue deux grande catégories pour la pêche des GT : les poppers et les streamers. Concernant les poppers, je n’utilisais qu’un modèle décliné en différentes couleurs, bleu/blanc et noir.

Pour ce qui est des streamers, il en existe de très nombreux. La mouche doit pouvoir s’animer vite, être tantôt imitative tantôt flashy. En définitive, panachez votre boîte ! Pour les couleurs, j’ai obtenu de très bons résultats avec le noir, le marron et le rouge. Des mouches assez simples montées sur hameçons de tailles 1/0 à 6/0 de qualité.

Les carangues de cette taille, souvent en banc, offrent de superbes actions en surface.

Organisation et sécurité

Comme pour toutes les pêches sur les flats, une bonne paire de lunette est indispensable autant que de bonnes chaussures de wadding mais aussi une paire de gants qui vous permettra de freiner la bobine et attraper les poissons par leur pédoncule caudale tranchant. Gardez un œil sur les requins en fin de combat. Un sac à dos étanche avec un appareil photo et une trousse à pharmacie.

S’il vous reste un peu de temps, allez goûter au « Jungle perch » avec une soie de #5 en utilisant la même canne et un petit streamer, une manière d’apprécier la diversité des habitants de la barrière ! Profitez des couleurs, du vent chaud et du ronflement du récif. Savourez ces émotions, partagées de préférence, et vivez un des grands moments de votre vie de pêcheur !