N’espérez pas trouver du matériel de pêche aux leurres véritablement performant en Islande, les pêcheurs islandais restent assez rustique dans leur approche, encore plus lorsque l’on parle de pêche aux leurres. Anticipez les traditionnelles perruques de tresse contre le vent avec 1 bobine de rechange. Votre matériel devra être désinfecté avant d’embarquer avec un certificat à l’appui que vous prendrez soin de toujours avoir sur vous, la police de l’environnement est très à cheval là-dessus.
Les ensembles canne et moulinet leurre à avoir
Qui dit pêche du bord obligatoire dit limitation de la distance de pêche. Dans le cas où les eaux sont déjà chaudes (on parle là de température autour de 10 degrés) et les poissons repartis en pleine eau, la clé de la réussite sera de lancer loin, plus loin que les autres j’ai envie de dire.
Partant de ce constat, il n’y a pas mille possibilités, on partira sur une canne de taille minimale de 2,50 m à 3 m d’action Regular. Plus la canne sera grande plus elle sera une bonne lanceuse mais plus elle pourra vous handicaper en cas de vent modéré à fort.
Cette canne, que l’on préférera typée travel (pour éviter les déboires à l’aéroport), devra être équipée d’un moulinet 2500 à 4000 spoolé en tresse 8 brins bien ronde et glissante.
On cherche à privilégier avant tout la distance de lancer sur un corps de ligne rigide avec une canne dont l’action réduira considérablement le nombre de décrochés. Bannissez donc les cannes trop fast pour ce type de pêche.
L’idéal serait d’avoir une canne d’une puissance de 5 à 25 gr avec un moulinet 2500 spoolé de tresse 8 brins en 15/100 pour les chars et les truites de taille modeste.
En complément, une canne d’une puissance de 10 à 40 gr avec un moulinet 4000 spoolé de tresse 12 brins en 25/100 sera pour sa part toute appropriée pour affronter les poissons trophées.
Les bas de ligne pour la pêche au leurre
C’est un des points à ne pas prendre à légère mais que beaucoup de pêcheurs négligent : la taille surdimensionnée des bas de ligne en fluorocarbone à utiliser.
En effet, l’intégralité des lacs sont pavés de roches volcaniques très abrasives et quand on connaît la puissance et la roublardise des grosses truites islandaises, il ne faut pas lésiner sur les moyens.
C’est une scène à laquelle je ne pensais pas assister un jour et pourtant, quand vous avez la chance de ferrer une énorme truite islandaise dans l’eau cristalline d’un lac, il faut la voir à l’ouvrage, la tête baissée à 45 degrés vers le fond cherchant non pas à faire les rushs les plus puissants possibles mais plutôt à rejoindre la moindre tête de roche pour se débarrasser de votre ligne.
Si un bon fluoro 30/100 fait le job face à la défense assez pataude des arctic chars, il faudra voir bien plus gros, (60-70/100) si l’on souhaite mettre toutes les chances de son côté dans l’espoir de mettre au sec une grosse truite fario.
Il faut garder à l’esprit que la plupart des salmonidés prennent le leurre à la descente et que la présentation se fait par le dessus. Un gros diamètre de fluoro n’est donc pas handicapant en termes de discrétion, au contraire, on pourra jouer sur un diamètre de fluorocarbone supérieur pour freiner la descente de cuillères lourdes qu’on aura pu propulser à plus de 50 mètres du bord.
Les leurres à avoir
LA spécificité qui ressort de façon flagrante parmi tous les leurres efficaces sur les salmonidés lacustres islandais, c’est clairement leur poids. Les leurres lourds permettent de pêcher en confort malgré le vent et d’atteindre des distances de lancer primordiales pour ces pêches lacustres.
Que ce soit pour les chars ou les truites, la plupart des touches se produisent à la descente, il faudra donc avoir des leurres denses, qui se jettent sans difficulté et dont la densité permet tout de même que le leurre soit pêchant en traversant la colonne d’eau.
À ce petit jeu, les cuillères ondulantes et les metal jigs surclassent tous les autres leurres. Planants, semi planants en fonction de leur profil, ces leurres se lancent loin voire très loin avec les cannes décrites précédemment, ont un effet flash dont les truites raffolent et savent parfaitement imiter un poisson en perdition descendant vers le fond. Nous avons réalisé des pêches de nombre formidables au large sur des cuillère très compactes de plus de 20 grammes qui se lançaient très loin, d’autres jours nous avons fait davantage de jolis poissons sur les cassures à quelques mètres du bord, sur des cuillères de profil bien plus planant et avec un poids de 15 à 18 grammes.
On pourra également utiliser, pour le plaisir car il y a pas vraiment de plus value à le faire, de minnows bien lourds destinés à la base pour pêcher dans de forts courants.
Tous les essais que j’ai pu faire au leurre souple se sont avérés peu concluants, l’eau est souvent cristalline et les truites sentent très bien le piège.
Cibler les chars
Les chars vont et viennent souvent par petits groupes sur la bordure. On les rencontre souvent en prospectant les bords de lac. Ils sont tout autant opportunistes que nonchalants et lunatiques. Il arrive de croiser des poissons non réceptifs et puis, quelques mètres plus loin, le bon gros pépère posé sur sa roche vient vous arracher violemment votre cuillère.
Les arctic chars se pêchent comme des truites de leur taille, inutile de chercher un pattern spécifique pour ces poissons. Nous avons toutefois constaté que la couleur orange, qu’ils revêtent sur leur ventre, rapportait tout de même plus de poissons que les autres couleurs.
Je ne m’attendais pas à prendre autant de plaisir sur cette espèce mais elle a pourtant égayé de nombreuses fois les temps morts où les truites étaient absentes.
Cibler les truites
Les truites islandaises sont assez mystiques, connues et reconnues pour leur défense nettement supérieure aux truites continentales. Si on fait ce voyage c’est bien pour elles, pour leurs robes diverses et variées et dans l’espoir de toucher un poisson hors normes. Les locaux surnomment leurs énormes truites « ice age brown trout », « les truites de l’âge de glace » !
Tous les lacs ne produisent pas de gros poissons mais globalement plus le lac est grand, plus les truites le sont aussi.
Ces poissons se déplacent beaucoup et on a souvent l’impression de pêcher le vide avant d’en enchaîner plusieurs d’affilée. En effet, les truites subadultes ont tendance à se déplacer en groupe et il n’est pas rare d’en enchaîner plusieurs de la même taille.
Certains jours on les prendra dans nos pieds, d’autres jours ce sera beaucoup plus au large. Il faut savoir s’adapter au placement des poissons en permanence.
Lors de notre séjour, nous avons eu plusieurs fois l’occasion d’observer de très gros poissons de près du mètre qui convoitaient les arctics chars et petites truites que nous ramenions au bord. Les suivis de ces gros poissons étaient également réguliers. Nous avons vite compris que ces poissons connaissaient l’homme et s’en méfiaient. Toutefois, espérer prendre une truite géante en 2023 est toujours de l’ordre du possible, de nombreux pêcheurs ayant réalisé ce voyage ont capturé leur record !
Préférez la tortue au lièvre
A la fin de notre séjour, le constat était simple. Nous avons touché nos plus gros poissons sur des postes marqués bien précis en insistant encore et encore. Plusieurs poissons de plus de 70 centimètres se sont fait leurrer alors que nous lancions sur le même poste depuis plusieurs heures. Il faut donc bien prendre le temps de parcourir les différents postes vraiment intéressants à pêcher du bord et ne plus les lâcher. Les gros poissons se situent souvent à proximité des tombants au pied de falaises clairement impêchables en wadding et encore moins à la mouche.
