Grande île allemande sur la mer Baltique, Rügen est un paradis pour la vie aquatique et aviaire. Très boisée sur la partie nord, le cadre est magnifique, évoluant entre forêts et prairies humides. Un petit air des pays scandinaves avec quand même une température clémente pour l’automne. Accessible par la route pour les plus motivés, en bus ou en train (l’île étant desservie par les transports publics) ou encore par avion à destination d’Hambourg. Avoir une voiture est un atout considérable une fois sur place, elle vous permettra d’explorer différents secteurs en fonction des conditions météo. Rügen est entourée par la mer mais c’est la lagune à l’intérieur de ses terres qui nous attire, petit air d’atoll avec des degrés en moins.

La migration

Les lagunes, peu profondes, d’une salinité faible et marquées par le développement de nombreux herbiers, offrent un espace idéal pour la reproduction des brochets. La mer Baltique qui l’entoure, plus salée et plus profonde avec une belle population de harengs est un garde-manger infini pour les gros brochets. A la saison estival les brochets des archipels quittent les baies et les lacs connectés pour se nourrir de ses poissons gras. De fait, ils grossissent plus vite que des brochets sédentaires que l’on retrouve dans les lagunes tout au long de l’année.

En automne, les brochets partis en mer reviennent par vagues dans les lagunes pour préparer la fraie. La quantité de gros poissons augmente de semaine en semaine. Les brochets se rassemblent sur des zones précises en attente du début de la reproduction. C’est un résumé assez simpliste des mouvements migratoires. Ces derniers sont en réalité liés à bien des paramètres environnementaux tels que la salinité et les mouvements de marées versatiles notamment.

La recherche des herbiers

Le plus important dans la recherche des gros brochets des lagunes est la présence d’habitat. En l’occurrence nous cherchons les zones d’herbiers, plutôt battues par le vent, bien que des zones très calmes peuvent produire de jolis poissons.

Une chose est sûre, en wading : pas d’herbiers, pas de brochet (pour Rügen en automne en tout cas). Pour ce faire nous utilisons des vues aériennes, des cartes et les informations que les pêcheurs locaux nous donnent volontiers.

Après avoir trouvé les herbiers il faut choisir ceux que les poissons préfèrent. Ras et souples, hauts et durs, à proximité des cassures… Rechercher également la proximité du spot avec les embouchures, en début de migration particulièrement, est un gage de réussite.

Il ne faut pas hésiter à tenter, rouler, faire demi-tour pour refaire des zones jusqu’à trouver la bonne combinaison de paramètres. L’aide d’un guide est très appréciable sur cette étendue immense.

Le matériel

L’eau dans laquelle vous évoluerez est saumâtre, l’utilisation d’un matériel adapté à la mer, un bon rinçage et un entretien simple en cours de séjour vous éviteront bien des désagréments. Le choix des ensembles sera déterminé non pas par la taille des poissons ciblé mais bien par la taille des mouches que vous utiliserez. Commençons par la canne.

La canne

J’ai utilisé différents modèles, de puissances et de longueurs différentes durant mes séjours mais compte tenu des mouches plutôt volumineuses que j’utilisais j’ai opté pour une canne puissante en soie de #10 de manière à être confortable sur les phases de lancer.

Encore une fois, la canne seule ne vaut rien si elle n’est pas accordée à une soie et un moulinet convenant à son action et à son équilibrage. Des anneaux en inox ou au moins traités mer sont bienvenus. Pour la longueur privilégiez une canne capable de lancer avec des vents de travers souvent forts. Les cannes en 9′ et 8’6 sont les deux modèles que j’ai le plus sortis.

Le moulinet

Le moulinet, à part pour son rôle de contenance n’a pas vraiment d’importance sur les pêches de brochets en milieu ouvert, un frein fluide et assez puissant est agréable. Il devra absolument être conçus pour la pêche en mer. En association avec mes cannes j’utilise des modèles assez légers, de taille 9/10 permettant d’accueillir des soies volumineuses et du backing. Essayez le moulinet sur la canne choisie et non l’inverse, le rôle de la canne primant sur celui du moulinet.

La ligne

Partons du fond de la bobine. Un backing en 30 lbs, avec suffisamment de longueur pour qu’une fois rempli de votre soie, le moulinet soit bien garni. Ensuite, j’utilise une soie flottante dans la plupart des situations, étant donné la faible profondeur, et au maximum une soie intermédiaire quand je veux pécher très vite. Pour le leader je le compose en deux parties, un nylon ou un florocarbone en 45/100, de 9′ pour la discrétion puis 40 cm de 80/100 en fluorocarbone.

Pour finir je fais une boucle fine à l’aide d’un sleeve, sécurisé par un petit champignon fait au briquet. Une agrafe dans laquelle vous avez entièrement confiance et le tour est joué. Petite astuce : préparez des bas de lignes d’avance, quand celui sur votre canne est abîmé vous serez plus efficace pour le changer même sous le vent et la pluie.

Les mouches

Deux grandes possibilités s’offrent à vous. Vous pouvez la jouer locale avec des petites mouches noires imitant un gobie, soit plus classique, avec de gros streamers en variant les coloris.

Les mouches noires de petite taille sont redoutablement efficaces et faciles à lancer. Je les utilise très peu car j’aime pêcher gros et voir mon streamer. Cependant, elles offrent un confort de lancer en soie de #8, ce qui permet de se reposer un peu entre deux séquences de pêche avec de grosses mouches.

Pour les gros streamers choisissez un panel de tailles et de couleurs, avec ou sans wiggle tail, rattle et autres artifices.  Variez les animations, la vitesse et les axes de lancer. Le petit détail qui vous apportera du confort, choisissez des hameçons durables, facile à affûter s’ils s’émoussent. J’évite les hameçons inox qui sont peu durables en termes de piquant. Pour la pêche à la mouche sur ces zones les ardillons on très peu d’intérêt puisqu’il n’y a pas d’obstacle à l’horizon. Il n’y a donc pas de risque de décrochage particuliers, prenez seulement votre temps en gardant la tension. Vous assurerez vos poissons en limitant les dégâts d’un ardillon.

Équipement

En fonction de votre moyen de transport, et donc de la liberté de s’équiper plus ou moins complètement, voici un petit tour de l’essentiel à avoir avec soi :

Une bonne paire de waders, chauds et étanches (assurez-vous de leur intégrité avant le départ). Une trousse de secours avec des pansements pour les blessures de la soie sur vos doigts et les coupures des poissons. Une bonne paire de pince et une pierre à aiguiser pour assurer votre efficacité en pêche. Restez léger sur le matériel de pêche dans la valise, privilégiez de bons vêtements chauds et étanches pour profiter entièrement du lieu, des lumières, des oiseaux et des poissons de cette lagune où le temps s’arrête.

Hiver/Automne

Profitez de la fermeture pour parfaire votre équipement dans votre magasin spécialisé, montez quelques streamers et rêver à cet automne où vous visiterez un des plus beaux endroits pour pêcher le brochet à la mouche en wading. N’hésitez pas à contacter un guide dès a présent qui vous aiguillera lors de votre séjour.