Nous sommes fin août, alors que les chasses de thons sont intenses en Bretagne nord et en Normandie, la situation est plus difficile dans le Finistère sud et dans le Morbihan. Les thons sont peu présents et les signes d’activité sont rares et éparses, si bien que les chasses sont difficiles à exploiter et qu’il faut avoir la foi pour réaliser de longues dérives au vif dans des zones qui semblent désertiques. C’est dans ce contexte, que j’ai pris le parti, et bien m’en a pris, de prendre un peu plus de matériel qu’à l’accoutumée lorsque je pars traquer les géants rouges.
Des résultats aléatoires dans le Morbihan
Fin août, les signes d’activité sont très rares dans mon secteur dans le Morbihan, si bien que cela nous contraint à réaliser des pêches au vif en dérive dans des zones qui semblent dénuées de vies. Il se prend pourtant quelques poissons, mais les résultats sont très aléatoires et il est parfois difficile de garder la foi. Je prends donc la décision de rejoindre le Finistère où tous les ans explosent quelques chasses éparses mais exploitables autour des Glénan dans l’espoir de piquer un poisson aux leurres.
Cap sur le Finistère
Nous arrivons tôt sur la zone et trouvons une première zone d’activité où les oiseaux sont nombreux du fait de petites chasses dûes à des gros chinchards et maquereaux espagnols. Les thons rouges ne sont malheureusement pas présents sur zone et nous naviguons alors quelques milles vers un autre plateau concentrant habituellement la vie.
A notre arrivée seulement quelques dauphins et oiseaux travaillent et quelques bateaux sont déjà sur zones. Très rapidement des petites chasses explosent à droite et à gauche où nous pourrons observer et lancer nos leurres dans des gros poissons en chasse. Malheureusement, il est impossible pour nous comme pour les autres bateaux de piquer un thon.
Une belle chasse
C’est alors qu’une chasse bien plus conséquente explose non loin de là. Très rapidement nous sommes une dizaine d’équipages à lancer nos leurres au milieux des thons, des dauphins, des pétrels, mais aussi des pélamides clairement visibles.
Les thons demeurant indifférents aux leurres de tous les pêcheurs, nous prenons l’initiative Arnaud et moi de lancer nos casting jigs de 30gr en lieu et place de nos gros poppers et leurres souples.
A peine amerris, ils sont attaqués par les pélamides qui nous offrent des combats intenses sur du matériel léger.
La chasse durera une dizaine de minutes, laissant tous les pêcheurs de thons sur leur faim… Cependant, en ce qui nous concerne, nous en aurons profiter pour être opportunistes et piquer 4 jolis « bonites »
Du menu fretin
Une fois les pélamides au sec nous comprenons très vite pourquoi les thons rouges restent insensibles face à nos leurres. En effet, ils recrachent des sardines d’à peine 10cm sur lesquelles l’ensemble des prédateurs étaient focalisés.
Nous optons donc pour des Illex Nitro Slim Shad 110 coloris sardine montés sur des têtes « légères » de 50gr dans l’espoir de débloquer la situation. Malheureusement il est 10h, les oiseaux se calment, les dauphins disparaissent et les thons ne réapparaitront plus en surface.
Une dérive au vif
Convaincus de leur présence sur zone, nous partons vite à la recherche d’un vif (si possible pas trop gros…) pour tenter notre chance à l’aide d’un appât vivant. Nous sommes très rapidement en place et constatons au sondeur que notre présage est le bon. Les poissons sont présents encore dans le secteur et nous pourrons les observer au sondeur passer toutes les 5 minutes entres 10 et 20 mètres de profondeur.
Ce petit manège durera pendant une heure et demi sans malheureusement obtenir le moindre départ, malgré notre bas de ligne fin et nos essais à des profondeur et distances différentes.
Une pêche de bar en surface
Après un frugal pique-nique, parce que nous comptons bien optimiser notre journée malgré le manque de sensations fortes, nous décidons d’aller tenter notre chance sur les bars.
Nous choisissons alors stratégiquement un plateau rocheux très au large des Glénan qui donnent un accès direct à la profondeur dans l’espoir de croiser la route des thons pendant notre trajet.
Arrivés sur zone, au premier lancer, mon Fiiish Crazy Sand Eel 150 se fait intercepter dès les premiers mètres par un bar d’une cinquantaine de centimètres dans 20 mètres de fond. Nous interprétons cette action comme un signe flagrant d’activité et troquons immédiatement nos leurres souples pour des leurres de surface.
C’est alors que dès les premiers lancers malgré la profondeur importante, nos stickbaits se font attaquer sans ménagement par une horde de bars. Les poissons sont bien présents comme en témoigne le sondeur et surtout chaque prise est suivie d’une dizaine de congénères, jusqu’au bateau, dans l’espoir de lui voler son leurre.
Place aux poissons nageurs
Nous multiplions alors les dérives entre 10 et 20 mètres de profondeur sur les différents cailloux du secteur avec toujours autant de succès à chaque passage. Il s’agit en majorité de poissons de 50-55cm, mais quelques sujets allant jusqu’à 65cm sont aussi capturés.
L’activité devenant plus calme en surface après 1h30 de dérives fructueuses, nous décidons de les solliciter sous la surface aux poissons nageurs avec tout autant de résultats.
Nous réaliserons alors une pêche comme j’ai rarement vécu, avec une cinquantaine de poissons en 5 heures en surface ou aux leurres durs sans la moindre chasse visible.
Si ces scores sont possibles et effectués tous les ans par de nombreux pêcheurs sur des zones ciblées, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit là d’une sortie exceptionnelle que l’on ne vit que très rarement au cours d’une saison.
Bien nous en a pris de miser sur la polyvalence et l’opportunisme en cette période compliquée sur notre secteur. En nous focalisant uniquement sur les thons, nous serions passés à côté des pélamides et des bars et aurions fait choux blanc sur cette journée comme l’ensemble des autres bateaux présents sur zone.