Pêche en mer : comprendre les marées et la force des courants à travers la règle des 1/12èmes

Comprendre le fonctionnement des marées.
Pour ceux qui résident en bord de mer et s’y intéressent, les flux d’eau, les courants, les hauteurs d’eau et les coefficients de marées sont des notions maîtrisées et évidentes. Mais lorsque ce milieu ne fait pas partie de notre quotidien on ne peut qu’observer l’eau monter et descendre sans en comprendre réellement les fondements et les influences possibles sur la pêche.

Nombreux sont ceux qui savent que sous l’influence de la lune, l’océan monte et descend plusieurs fois dans la journée. Mais nombreux aussi ignorent que la force des courants varie au cours de la marée et d’un jour à l’autre en fonction des coefficients. Voici un article qui devrait vous permettre d’y voir un peu plus clair !

Le courant, en force en direction, varie plusieurs fois dans la journée au gré des marées, de leur moment et de leur coefficient.
Le courant, en force et en direction, varie plusieurs fois dans la journée au gré des marées, de leur moment et de leur coefficient.

Lune, soleil et coefficient

Sans entrer dans des explications scientifiques complexes, il faut comprendre que les coefficients de marée varient au cours du temps sur un cycle de 28 jours en fonction de la position de la lune par rapport à la terre mais aussi de celle du soleil.

Lors des pleines lunes et des lunes mortes, ces deux astres sont alignés et leurs influences s’additionnent, ce qui implique des coefficients de marée élevés. Au contraire, lors des quartiers de lune, l’influence de la lune est perpendiculaire à celle du soleil et ainsi elles se contrarient, ce qui implique des coefficients faibles.

Coefficient et marnage

Le coefficient de marée est une échelle de mesure qui s’échelonne de 20 à 120 et qui caractérise le volume d’eau déplacé au cours d’une marée. Un déplacement conséquent d’eau implique une grande différence entre la hauteur d’eau à marée haute et marée basse, c’est ce qu’on appelle le marnage.

Ainsi, pour résumer lors de grandes marées l’océan monte plus haut et descend plus bas que pendant la période des mortes eaux.

Un marégramme vous permet de connaître les hauteurs d'eau, le coefficient et moment de marée et le marnage.
Un marégramme vous permet de connaître les hauteurs d’eau, le coefficient, le moment de marée et le marnage.

Le volume d’eau déplacé et courants

Nous venons de voir que le coefficient caractérise donc le volume d’eau déplacé au cours d’une marée et un marnage associé.

La durée d’une marée étant une donnée fixe (grossièrement 6 heures pour faciliter la compréhension du phénomène), la quantité d’eau déplacée dans un même temps implique des courants d’intensités différentes. Ainsi, lors des grandes marées, les courants sont bien plus forts que lors des mortes eaux.

La force de ces derniers ne dépend pas que du marnage, qui est différent d’un secteur géographique à un autre, mais aussi du relief par exemple.

Le courant et la hauteur d'eau sont des éléments indispensables à prendre en compte pour la pêche.
Le courant et la hauteur d’eau sont des éléments indispensables à prendre en compte pour la pêche.

La règle des douzièmes

La règle des 1/12 est sans doute l’une des données les plus importantes à comprendre lorsque l’on est pêcheur et que l’on veut anticiper l’activité des poissons.

En effet, si les courants varient d’une marée à l’autre en fonction des coefficients, leur intensité n’est pas linéaire au sein de la marée. Elle est d’abord faible, augmente, faiblit puis redevient nulle avant la renverse, c’est-à-dire le passage du flot au jusant ou inversement.

Pour être plus précis, voici comment s’effectue ces variations :

Lors d’une marée, quel que soit son coefficient, la hauteur d’eau (et par conséquent le volume d’eau déplacé et donc la force du courant) varie :

  • 1/12 lors de la première heure de marée,
  • Puis de 2/12 lors de la seconde heure,
  • Et de 3/12 lors de la troisième heure.

Ensuite le phénomène s’inverse et la hauteur d’eau varie :

  • Une nouvelle fois de 3/12 lors de la quatrième heure,
  • Puis 2/12 lors de la cinquième heure,
  • Et enfin 1/12 lors de la dernière heure, avant de passer à une marée suivante.
Bien souvent l'activité correspond à un moment précis de la marée.
Bien souvent l’activité correspond à un moment précis de la marée.

Incidence des coefficients sur la pêche

Le bar et bien d’autres prédateurs sont sensibles au courant et leur activité dépend bien souvent de celui-ci. Cependant, si on imagine souvent que les courants importants, vecteurs de nourriture, sont des moments clefs, on ne peut être aussi catégorique et limiter la pêche à ces moments-là.

En effet, le cœur de la marée n’est pas le seul moment favorable et chaque spot possède un fonctionnement qui lui est propre. Certains seront productifs début montant, d’autre fin baissant et certains même, contre toute attente, lors de l’étale.

Pour aller plus loin, la plupart des spots sont productifs à une hauteur d’eau et un courant spécifique qui dépend donc du coefficient. C’est à dire qu’en dehors d’un créneau bien défini (par exemple pour certains cas extrêmes entre 100 et 120 de coefficient) ces spots ne délivreront pas tout leur potentiel.

Si l’on peut essayer d’anticiper ou de théoriser la valeur d’une zone que l’on ne connaît pas, il est évident que seul le temps passé au bord de l’eau et l’expérience permettent de saisir les subtilités de chaque spot et d’en tirer parti, mais cela demande du temps et il faut en avoir conscience.