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Pêche du brochet : conditions extrêmes et pêche au mental sur le lac Saint Michel !

Le réveil sonne mais le jour ne semble pas s’être levé. Derrière la fenêtre et les gouttes de pluie verglacée qui s’y écrasent, d’épais nuages gris défilent. Aller à la pêche, ou rester au chaud à contempler la cime de l’arbre que le vent chahute ? L’analyse inconsciente des chances de finir bredouille ne motive pas à se lever, tandis que le combo couette-oreiller, lui, est une valeur sûre ! Seulement voilà : comment savoir si le poisson d’une vie ne nous attendait pas, en restant chez soi ?

Dans notre quête pour devenir de meilleurs pêcheurs, nombreux sont les conseils techniques et les références matérielles. On ne finit pas d’étudier la vie des poissons de manière très intrusive : où sont-ils ? Que mangent-ils ? À quelle heure ? Préfèrent-ils les billes ou les paillettes ? Peut-être même les deux… Une chose est sûre, tous ces questionnements ne nous éviteront jamais les doutes lorsque rien ne mord, nous amenant à tout remettre en question ! Ce doit être la pleine lune, ou la faute aux cormorans ! Et si nous oubliions l’essentiel ? Et si, lorsque rien ne semble fonctionner, le secret était tout simplement de continuer à y croire ? Vous est-il déjà arrivé de prendre une touche ou un poisson mémorable au dernier lancer ? Vous est-il déjà arrivé d’en refaire dix après ce fameux « dernier lancer » ?

L’importance du mental en condition de pêche

De retour en France après six mois sous le soleil de Guyane, mon bronzage encore visible ne m’épargne pas les frissons et la maladie au moment de la première vague de froid automnale. J’ai retrouvé mes amis Alex et JB en Bretagne (pas la meilleure région pour avoir chaud, je suis bien d’accord !) Au programme, quatre jours de pêche intensive au brochet. Nous en sommes à la fin du troisième jour, et donc au troisième capot en ce qui me concerne… Alors que des vents froids à 80km/h sont annoncés pour m’achever le dernier jour, j’hésite entre une reconversion dans la pétanque ou un billet d’avion sans retour pour la Guyane !

La tête encore pleine des souvenirs de pêche en Guyane : on a connu pire !

Comme si cela ne suffisait pas, Alex tient à ce qu’on se lève tôt pour aller affronter le grand réservoir de Saint Michel. Il faut dire qu’il vient d’enchaîner deux poissons de 97 et 106cm sous nos nez, lors des deux derniers jours. Cette démonstration nous empêche de nous trouver des excuses, puisqu’il ne les a même pas faits grâce au LiveScope ! Non, je suis obligé de mettre mon ego de côté (je n’ai toujours pas fait mon métré) pour reconnaître que sa faculté à continuer la pêche en toutes circonstances m’impressionne.

Frigorifié et recroquevillé en boule sur mon float tube (en fait, c’est aussi son float tube, il me le prête), je l’observe. Rien ne semble affecter sa concentration, et j’en suis convaincu, c’est son mental qui fait la différence pour aller chercher ces gros brochets ! Ai-je perdu le mien à force de jouer avec les baby tarpons et les aïmaras
guyanais ?

Je refuse ce constat : dernière chance demain, à nous deux Saint Michel !

Alex, posant avec son 8ème brochet métré de l’année.

Conditions météo extrêmes et défiance des bredouilles passées

Après deux heures de route, nous voilà de bon matin devant la mise à l’eau : on se croirait en mer ! Les bourrasques de vents nous arrivent en pleine face et font friser la surface de l’eau par-dessus des vagues déjà bien formées : bienvenue sur le deuxième plus grand lac de Bretagne (450ha) ! Vingt minutes supplémentaires seront nécessaires pour manquer de nous embourber en gagnant une berge abritée du vent. Aujourd’hui, c’est JB qui semble le plus perplexe et avoir le plus de peine à gonfler son float tube. Cela paraît paradoxal, car c’est le seul d’entre nous à avoir déjà pêché cet endroit. Seulement, il lui arrive de connaître la bredouille comme tout le monde, et ce fut le cas sur cette vaste étendue d’eau sans relief et sans repère. Comme il devient plus difficile d’y croire après de mauvaises expériences, ma simple méconnaissance de l’endroit semble préférable. En plus, j’ai eu quelques échos des poissons records capturés ici, et m’en contente volontiers.

Une légère brise bretonne souffle sur le lac Saint Michel, mais il est trop tard pour reculer !

Un subterfuge pour tromper l’esprit et chasser les doutes

À la manière de chasseurs organisant une battue, nous espaçons nos float tubes d’une trentaine de mètres chacun et allons de l’avant, poussés par les vents violents. Une première heure passe, puis deux… L’horizon terrestre disparait par moments derrière l’épais crachin qui nous enveloppe. Nous sommes là, tout petits au milieu du chaos, tantôt plongés dans l’obscurité, tantôt aveuglés par des jeux de lumières orageuses. Le froid qui gagne progressivement le bout de mes doigts et les gouttelettes qui ruissellent sur mon visage commencent à éroder le mental que je me suis forgé. Le doute l’emporte sur la méconnaissance de l’endroit dans laquelle je me confortais
jusqu’à présent. C’est alors que je trouve un subterfuge pour tromper mon esprit : remplacer le lac Saint Michel par un plan d’eau similaire que j’aurais déjà pêché avec de bons résultats ! Je m’explique…

Carte des profondeurs du réservoir Saint Michel issue de l’étude bathymétrique du BRGM en
1991.

Ici, nous nous évertuons à « balancer » des gros leurres souples ramenés lentement en linéaire au-dessus d’épais tapis d’herbiers. Le lac, cerné par les landes et tourbières des monts d’Arrée, est relativement homogène. Nous pêchons des pentes douces atteignant 4m de fond, et ça tombe bien, j’ai déjà connu quelque chose de similaire !

En effet, cette situation m’évoque des sessions fructueuses réalisées sur un autre plan d’eau aux caractéristiques proches de celles que je viens d’évoquer. Tout d’un coup, c’est comme si je ne pêchais plus le lac Saint Michel, mais
l’étang de ma région que je connais bien (et où je détiens par ailleurs mon record avec un brochet de 97cm, retenez cela…) Ce petit tour d’auto-persuasion me donne le regain de confiance dont j’avais besoin pour relancer ma 4D Trout une fois de plus, la fois de plus qui s’avère être la bonne !

Ma fidèle CANNE CASTING TRAVEL TEAM DAIWA HD – DPSG 643 XXH
dompteuse d’aïmaras, qui m’accompagne désormais pour toutes les pêches fortes !

Un poisson peut tout changer !

Je reçois soudain une touche franche que je sanctionne immédiatement d’un ample ferrage, mais ce n’est pas le poisson qui vient à moi ! Au contraire, je me surprends à glisser sur mon siège en caoutchouc complètement trempé. Je me retrouve alors les fesses dans le vide, le coude gauche en appui contre la barre du float tube pour ne pas sombrer, et le bras droit levant la canne vers le ciel pour garder tant bien que mal le contact avec le poisson. Je parviens à me remettre d’aplomb dans le clapot incessant des vagues et en profite pour crier « c’est gros ! » à Alex, qui a bien vu toute la scène. Quelques secondes après, le poisson revient vers moi et passe entre mes palmes à toute vitesse, me donnant l’effroyable sensation de l’avoir perdu. Heureusement, Alex arrive avec sa grande épuisette pour abréger mes sueurs froides. Le leurre de 30cm paraît petit à côté de ce brochet auquel l’eau du lac a donné ses nuances de marron café. Serait-ce mon premier métré ?

Profil d’un brochet bien mérité : la confiance naît !

Avoir enfin confiance en sa pêche

Sans faire durer davantage le suspense, la caudale du poisson s’arrête à 97cm sur la toise. Cocasse d’égaler mon record précédemment établi sur l’étang que je m’imaginais être en train de pêcher pour me donner du courage ! Je vais pouvoir continuer à me faire chambrer, mais suis presque ravi que ma quête du brochet à trois chiffres reste entière. Inutile de vous préciser qu’une énorme confiance vient de naître de la prise de ce poisson. Plus besoin d’aucun subterfuge pour me motiver, je retrouve mes alignements* et me remets à « poncer » méthodiquement pour le reste de la session !

*Alignement : dans le vocabulaire du code bateau, un alignement consiste à prendre dans le
paysage deux points de repère alignés. Cela peut s’avérer utile pour naviguer ou pour se situer.

Si j’insiste sur ce récit de pêche, c’est que j’ai constaté de nombreuses fois le pouvoir immense qu’a la prise d’un poisson sur le déroulé et l’imaginaire d’une session. Même une simple touche, selon le moment où elle intervient, peut changer toute notre approche mentale et nous faire faire une chose ou son contraire. Une action de dernière minute nous fait insister plus longtemps avec un leurre alors qu’on s’apprêtait à le changer, nous fait rester sur une zone qu’on allait quitter, ou nous fait revenir sur un plan d’eau qu’on allait catégoriser comme inintéressant…

Vous reconnaîtrez certainement dans mes mots certaines de vos expériences passées, et c’est un travail de conscientisation que je vous propose. Je vous invite à garder en tête, dans les moments de pêche les plus difficiles, que tout cela ne tient qu’à très peu de chose. Le simple fait de se le rappeler permet d’acquérir une plus grande force mentale !

Et la chance dans tout ça ?

Le paradoxe du singe savant.

Et la chance dans tout ça ? Elle nous aide, c’est indéniable, mais peut-on la provoquer ? En fait, oui. Plus l’on s’attache à provoquer la chance, plus celle-ci devient une question de mathématiques probabilistes. J’ai retenu quelques démonstrations de mes trop longues années d’études, et celle-ci m’avait marqué : le paradoxe du singe savant. Laissez un singe taper aléatoirement à l’infini des suites de caractères sur les touches d’une machine à écrire, et il en sortira à coup sûr des textes intelligibles, voire savants ! En d’autres termes, un évènement extrêmement peu probable se réalise avec une probabilité certaine, à condition que l’on essaye un nombre infini de fois. Alors pêchez, pêchez comme vous voulez mais pêchez à l’infini, transformez chaque dernier lancer en avant-dernier lancer, et vous serez sûr de capturer le poisson de vos rêves !

PS : il ne me reste plus qu’à appliquer cela pour faire mon métré…

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