Pêche du brochet : 5 conseils pour sortir son épingle du jeu en hiver !

La saison hivernale, mise à part pour les pêcheurs de sandres en crue, n’est pas la saison la plus productive lorsque l’on recherche les carnassiers. Ajoutez à cela le fait que les conditions météo ne sont pas des plus engageantes et c’est logiquement que les pêcheurs de brochets ont tendance à déserter le bord de l’eau. Néanmoins, les brochets n’ont pas cessé de s’alimenter et en adaptant sa pêche il est toujours possible d’en prendre.

L’hiver est la saison la plus exigeante à la pêche. Tout d’abord, pour le pêcheur qui devra régulièrement mettre les mains dans ses poches pour les réchauffer lors des sessions les plus fraiches ! D’autre part, le mental a son importance car s’il est possible de faire de jolies pêches concernant le nombre de poissons, il est rare de faire de véritables cartons qui sont plutôt caractéristiques du printemps et de l’automne. La raison est physiologique. Les poissons sont des animaux à sang froid et par conséquent leur métabolisme sera directement conditionné par la température de l’eau. Plus celle-ci est froide, plus le métabolisme des poissons (quels qu’ils soient) est ralenti. Le temps de digestion des brochets va donc être plus long et par conséquent la fréquence de leurs phases alimentaires beaucoup plus faible. Voici quelques conseils qui pourront vous permettre de vous en sortir dans ces conditions.

1. Pêchez plus en profondeur

Dès lors que l’eau se refroidit significativement, les brochets vont avoir tendance à rechercher quelques confortables degrés supplémentaires en descendant plus en profondeur. Il est admis que ce phénomène est observé dès lors que la profondeur atteint 4 mètres. Cette recherche de confort thermique est donc très biotope dépendante car tous les poissons n’évoluent pas dans des biotopes observant cette hauteur d’eau.

Quoiqu’il arrive, même sur les biotopes moins profonds, les poissons seront à chercher proche du fond tout simplement parce qu’il s’agit de leur position de tenue lorsqu’ils sont inactifs. Pour résumer, dès lors que la profondeur est suffisante, ciblez les secteurs les plus creux en priorité.

Un brochet couvert de sangsues, un indice du faible niveau d’activité des brochets et de leur tenue, sur le fond.

Ceci étant dit, il ne faut pas pour autant dénigrer les zones peu profondes qui peuvent réserver de belles surprises aux moments les plus chauds (les moins froids) de la journée lorsque le soleil est bien présent. Assez logiquement, ces zones voient leur température varier plus rapidement.

2. Pêchez avec de plus gros leurres

Il est communément admis qu’il faille employer des leurres plus gros lorsque l’on pêche le brochet en hiver. Effectivement, cela répond à une autre règle physiologique implacable qui s’inscrit dans le prolongement de la logique métabolique énoncée plus haut. Les poissons engourdis par le froid vont avoir tendance à envisager leurs déplacements en considérant le ratio gain d’énergie/dépense d’énergie. Pêcher avec de gros leurre est une réponse à cette logique.

D’autre part, pêcher l’hiver avec de gros leurres qui déplacent de gros volumes d’eau répond à une autre logique qui est celle de capter de loin l’attention des poissons peu enclins à se déplacer. Une manière d’optimiser sa méthode de prospection en quelques sortes.

Néanmoins, le fait de pêcher plus en profondeur et d’employer des leurres plus imposants ne constitue pas les deux seules inconnues de l’équation. Une autre concerne la vitesse de récupération.

Gros brochet d’hiver pris à l’aide d’un shad de 20 cm animé en linéaire lent.

3. Pêchez plus lentement

Pêcher plus lentement en hiver est encore une fois être en phase avec le niveau d’activité des brochets et des poissons en général. Les poissons fourrage sont regroupés en bancs compacts et les déplacements de ces bancs sont à la fois moins fréquents et plus lents. On pourrait donc pêcher le brochet plus lentement simplement pour être mimétique vis-à-vis de leur environnement.

Pêcher lentement c’est également rester le plus longtemps possible dans le spectre visuel des carnassiers et donc d’augmenter d’autant la chance de réussir à les soudoyer. Une pêche lente ne se limite pas forcément à du linéaire lent avec des gros swimbaits hard ou soft, on peut aménager des pauses, faire prendre contact son leurre avec le fond, etc.

Cependant, lorsque les poissons sont vraiment difficiles à déclencher, pêcher lentement ne suffit plus, il faut parfois (souvent) réduire encore davantage la vitesse de récupération jusqu’à pêcher sur place, à l’arrêt. Une sorte de posé aux leurres ! Et pour cet exercice, les leurres restants pêchants ne sont pas légion.

4. Pêchez en Do Nothing

« Do nothing » signifie littéralement  » Ne rien faire » et c’est précisément ce qu’il convient de faire lorsque la situation est ardue : ne rien faire. 2 familles de leurres excellent dans cet art car ils restent totalement pêchants même à l’arrêt : les Jerkbaits minnow suspending et les Rubber Jig. Ils permettent donc de ralentir très fortement la vitesse de récupération grâce aux pauses qu’il est possible d’aménager au cours de leur récupération et dont on pourra facilement gérer la durée.

Brochet pris sur un jerkbait minnow (Rerange 130 SP) au terme d’une longue pause.

Les Jerkbaits minnow suspending sont caractérisés par une densité équivalente à celle de l’eau si bien qu’ils resteront immobiles en suspension dans la colonne d’eau.

Faire une pause avec un Rubber Jig signifie qu’on lui fait prendre contact avec le fond. A ce moment sa jupe va se déployer pendant plusieurs secondes alors que le montage est inerte sur le fond. Ensuite, pour lui redonner vie il suffira de l’animer par de légers tressautements de canne en Shaking.

Que ce soit avec un Jerkbait minnow suspending ou un Rubber Jig l’idée est donc d’effectuer de longues pauses, jusqu’à 15 secondes parfois. Les touches sont la plupart du temps assez subtiles (surtout au Rubber Jig). Il s’agit d’une approche qui mettra les nerfs des moins patients à rude épreuve mais elle vaut vraiment le coup !

Brochet que j’ai failli loupé tellement la touche fut discrète ! Jig ramassé sur le fond sur une longue pause.

5. Utilisez des coloris flashy

Autant le dire tout de suite, l’association eaux froides et claires et coloris flashy fait souvent bon ménage. Pêcher avec de tels coloris, que l’on peut qualifier d’agressifs, permet d’ajouter une composante incitative à ses leurres. Un critère qui est plutôt bienvenu lorsque l’on s’adresse à des poissons engourdis par le froid.

La dimension incitative d’un leurre ne se limite évidemment pas à l’utilisation de couleurs flashy, un gros jerkbait bruiteur est par essence un leurre incitatif de par le volume d’eau qu’il déplace et sa sonorité très agressive. En hiver, ajouter une touche d’agressivité supplémentaire grâce au coloris peut faire une vraie différence. En définitive, n’hésitez pas à être le plus incitatif possible !

Eaux froides et claires/leurres flashy, une association souvent efficace pour le brochet !
Eaux froides et claires/leurres flashy, une association souvent efficace pour le brochet !

Ces 5 conseils sont une bonne base de réflexion mais ne dispensent pas d’ajuster le curseur en fonction des types de biotopes pêchés, de la pression de pêche, des conditions météorologiques et surtout de l’humeur des poissons qui, par exemple, pourront être exceptionnellement réceptifs à des récupérations très rapides !

Quoiqu’il arrive, il y a de vraies belles pêches de brochet à faire l’hiver. Belles du point de vue des résultats mais aussi du point de vue de la technique. Se faire sanctionner un Jerkbait minnow suspending ou se faire ramasser son Rubber Jig au terme d’une pause de 10 secondes est quelque chose de particulièrement gratifiant !