Lors de mon passage au Québec, j’ai eu l’opportunité de pêcher l’achigan à petite bouche grâce aux précieuses informations de quelques locaux. Ainsi, j’ai pu être guidé sur un lac avec une petite population de « petites bouches » puis nous avons prospecté les rives du fleuve Saint Laurent à proximité de Montréal avant de reprendre l’avion, mais pour pêcher cette même espèce dans les courants cette fois-ci. Cela nous a donné un aperçu concret de ce que pouvait être cette pêche ludique et fun à souhait.
Découverte de la pêche du smallmouth en lac
Au cours de nos échanges avec mes différents contacts sur place, ce qui m’a surpris c’est le désintérêt avec lequel les locaux parlent du black-bass à petite bouche. C’est pour eux une espèce facile à capturer et de taille modeste, le challenge ne les passionne pas plus que cela. Dans les magasins de pêche, nous nous rendons compte que l’achigan a petite bouche intéresse beaucoup moins les foules que le musky et le doré, cousin du sandre.
Pourtant cette région abrite bien des smallmouth de taille XXL, de vrais trophées qui ravissent les compétiteurs lors des compétitions organisées autour de cette espèce.
Nous prévoyons donc de consacrer un peu de temps à la pêche de cette espèce au cours d’une journée de pêche au Musky en lac. Je prends donc du matériel léger en conséquence pour ajouter cette nouvelle espèce à ma bucket list.

Une approche discrète
Un seul pré-requis pour cette journée : avoir des worms et des montages wacky.
Le lac est assez particulier avec beaucoup de pentes douces et vaseuses puis un tombant en cailloux de quelques centaines de mètres. Nous sommes prévenus que les petites bouches ne se tiennent qu’à proximité des cailloux et sans cette information nous serions sûrement passés à côté de cette pêche.
L’approche des cailloux se fait donc discrètement depuis des kayaks et nous voyons déjà des juvéniles postés dans peu d’eau. Notre guide du jour nous montre comment procéder en ne négligeant aucune profondeur allant de 0 à 1,5m. La démonstration est vite concluante et Guillaume sort son premier achigan de la journée devant nos yeux émerveillés de petits frenchies.

Une pêche lente et précise
Je sors donc ma pochette de worms bien lourds et bien salés, j’en monte un rapidement en wacky, le pose plus ou moins discrètement dans l’ombre d’une pente de cailloux et la sanction ne se fait pas attendre. Un poisson de taille correcte vient se saisir discrètement de mon worm et le combat commence.
Je suis rapidement bluffé par la résistance du poisson par rapport à sa taille, cela n’est clairement pas comparable avec le black-bass à grande bouche.
L’espèce semble assez agressive. Pour preuve, on peut retirer plusieurs fois le worm de la bouche du poisson avant de finir par le capturer. Je pense également que le taux de recapture doit être assez élevé. Il faut bien avouer que ces poissons sont peu sollicités une grande partie de l’année.
Les smallmouth offrent des combats détonants
Dans un premier temps, une fois piqué le poisson cherche absolument à regagner le fond avec la tête inclinée vers le bas. L’espèce semble particulièrement puissante au niveau des pectorales pour dégager autant de résistance dans cette configuration. Il est compliqué de le déséquilibrer dans les premières secondes.
Au fur et à mesure du combat, le poisson se rapproche de la surface et tente alors des chandelles pour se décrocher. Puis il alterne à nouveau avec des rushs vers la profondeur. Je suis vraiment halluciné de la défense de cette espèce, même chez les juvéniles.
Dans la continuité de cette capture, je prendrai plusieurs poissons dont le plus joli sujet de mon séjour, toujours sur le même pattern. Sur une canne M, le combat aura duré presque 90 secondes et il m’aura fallu amener le poisson 5 fois au kayak pour finir par le saisir.
Découverte de la pêche en grande rivière du smallmouth
Ravis de cette première expérience de la pêche du black-bass à petite bouche en lac, nous nous laissons teaser par les locaux sur sa pêche en rivière : « Vous allez voir, dans les courants ça bastonne grave et vous allez en pogner quelques uns sans problème ! « .
Des étendues gigantesques
Le problème de la pêche en rivière au Québec, c’est qu’il y en a partout des rivières, et pas des petites ! Il faut donc établir une stratégie précise au préalable afin de prospecter les meilleurs spots du moment.
Comme de nombreuses rivières se jettent dans le fleuve, un gros jeu d’ouverture et fermeture de vannes de barrages rentre en compte. Un très bon spot peut être vide quelques heures plus tard après une fermeture de barrage. Tout comme un lâcher soudain de barrage peut représenter un danger de noyade. Il faut savoir être flexible et mobile pour constamment s’adapter aux conditions du moment.

La mobilité comme stratégie
Nous avons donc passé pas mal de temps à prospecter des zones qui n’en valaient pas vraiment la peine avant de comprendre qu’il fallait uniquement s’attarder que sur les zones où les poissons, davantage concentrés, répondaient rapidement.
Il ne faut alors pas compter le nombre de kilomètres de marche, ni le nombre de fois où l’on fait des sauts de puce avec la voiture. En effet, certains spots à petites bouches sont à plusieurs minutes de voiture les uns des autres.

Savoir insister sur les bonnes zones
Dès qu’on pense avoir trouvé une zone propice pouvant tenir plusieurs achigans à petite bouche, on prospecte minutieusement les différentes veines d’eau qui s’offrent à nous.
Le petite bouche ne fera pas un énorme écart pour venir se saisir de votre leurre, il faut donc passer à proximité de sa cachette. Cela s’apparente à une pêche de truite en grande rivière comme on pourrait la pratiquer en France, à ceci prêt qu’il est possible de prendre plusieurs poissons sur les mêmes postes.

Des casses inévitables
Les smallmouth vivent dans les blocs rocheux à la belle saison et les y déloger n’est pas sans risque. Bien que monté sur un fluorocarbone en 33/100 pour ne pas trop altérer la nage des petits leurres, plusieurs casses me feront perdre des jolis poissons. En effet, lorsque l’on capture une petite bouche à 30 mètres du bord dans moins d’un mètre d’eau, les premiers rushs sont bien souvent fatal pour nos bas de ligne.
Avec le recul, peut-être aurait-il fallu pêcher avec un petit bas de ligne acier de moins de 20cm ?
Pas tout seuls…
Au court de nos prospections, nous constatons la présence de plusieurs déchets de pêche comme du fil sur les bordures. A l’évidence ces poissons sont sollicités régulièrement.
Face à cette pression de pêche, il ne faut pas hésiter à sortir des sentiers battus. Ainsi, en wading les plus audacieux tenteront la traversée du fleuve à pied pour accéder à des secteurs davantage vierges. Tout comme il pourra être judicieux d’utiliser des leurres que les poissons n’ont pas l’habitude de voir.
Nous apercevons également un chasseur sous marin sortir de l’eau avec 4 beaux achigans morts à sa ceinture… La chasse sous marine est en effet autorisée ici et on peut se féliciter une nouvelle fois qu’elle ne le soit pas en France..

Un goût de reviens y
Clairement, le petite bouche semble être une espèce agressive qui répond très bien aux leurres, cela en faisant un super poisson de sport. Il ne fait nul doute que plus on pêche cette espèce dans des volumes d’eau conséquents, plus les combats deviennent épiques.
S’apparentant en rivière davantage à une pêche de salmonidés qu’une pêche de black-bass, l’achigan à petit bouche reste une formidable découverte halieutique pour un pêcheur européen et l’espèce vaut clairement le voyage à elle seule.
De part sa présence dans toute la région du Québec, l’espèce permet d’être pêchée à la fois en pleine nature comme dans les milieux urbains.
Si vous n’avez pas la chance d’avoir quelques informations précieuses en votre possession, n’hésitez pas à vous rapprocher d’un magasin de pêche qui saura largement vous guider afin de vous faire capturer vos premiers achigans à petite bouche tout seul comme un grand.