Pêche du bar : le bon endroit au bon moment, de la théorie à la pratique !

Un One Up 4 pouces tenu en laisse dans le bouillon décidera ce dernier poisson de la sortie.
En théorie tout est simple. Cependant, même lorsque l’on a établi une stratégie pour nos sorties de pêche sur la base de nos expériences, analyses et réflexions, le plan ne se déroule pas toujours comme prévu. Mais parfois, voire souvent pour les plus fins, les poissons sont là où on les attendait.

Les pêches estivales, particulièrement du bord, ne sont pas les plus simples et pour réussir ses sorties il faut parfois compter sur la chance et bien souvent sur une bonne analyse de la situation. Etablir cette stratégie demande cependant de l’expérience et une bonne connaissance de ses spots. Même si la pêche n’est pas une science exacte et que l’on ne peut pas systématiquement faire les bons choix, il existe nombre de sorties qui récompenseront toutes les heures passées au bord de l’eau.

Le marégramme permet de définir la hauteur d'eau à une heure spécifique et donc de préparer vos sorties.
Le marégramme permet de définir la hauteur d’eau à une heure spécifique et donc de préparer vos sorties.

Le contexte

Nous sommes fin juillet et comme chaque année la période estivale s’accompagne de l’afflux de touristes et de pêcheurs au bord de l’eau en journée. S’ajoute à cela, particulièrement cet été, la chaleur, le ciel bleu et l’absence régulière de vent. Des conditions optimales pour une belle bredouille !

Comme si cela ne suffisait pas, nous enchainons depuis 3-4 jours des coefficients très faibles, compris entre 40 et 50, qui ne favorisent pas l’activité des bars.

Les retours sur les réseaux sociaux, ceux de mes amis et mes sorties en journée confirment mes prévisions quant à la faible opportunité de réaliser des sorties fructueuses en Bretagne sud dans ce contexte et cette temporalité.

Un tombant en sortie de baie balayé par une belle veine de courant. Le spot idéal pour débuter cette sortie.
Un tombant, une sortie de baie balayée par une belle veine de courant. Le spot idéal pour débuter cette sortie.

Les coefficients montants

La suite logique des quelques jours de mortes eaux est la remontée des coefficients vers des valeurs plus normales, ce qui devrait avoir pour effet de relancer l’activité des prédateurs. A cela s’ajoute des marées descendantes qui coïncident avec la fin de soirée et le début de la nuit. Pour les sorties du bord, et particulièrement dans les estuaires de mon secteur (Morbihan), il s’agit d’un contexte particulièrement favorable. C’est pourquoi en ce jeudi 28 juillet, je pressens un coup du soir prolifique et prends alors la route de la Ria avec une canne et une boite de leurres souples dans la poche de mes waders.

Le choix des spots

La nuit tombe vers 22h30 et l’étale est prévue pour 00h30, j’ai donc devant moi un créneau favorable de 2 heures pour rentrer quelques poissons. Un coup d’œil sur le marégramme me renseigne sur les hauteurs d’eau prévues et me permet d’établir un parcours pour la soirée. J’identifie alors 4 spots aux profils différents que je peux enchaîner dans l’espoir de faire quelques poissons et peut être un gros.

Un premier poisson au premier lancer qui confirme le bon choix du créneau.
Un premier poisson au premier lancer qui confirme le bon choix du créneau.

Le tombant en sortie de baie

Le premier spot choisi est un tombant en bordure de parcs à huitres qui se situe à la sortie immédiate d’une grande baie. Lors du jusant, la baie se vidant, l’apport de nourriture se concentre à la sortie du chenal central. Par ailleurs, les parcs à huitres font office de DCP (dispositif de concentration de poissons) et la proximité du tombant profond (environ 4 mètres) assurent une certaine quiétude aux bars.

Cependant, le choix de ce spot pour cette sortie ne se résume pas à ces critères. En effet, une grande veine de courant longe le tombant, mais uniquement lors de coefficients spécifiques compris entre 70 et 80. Lorsque ces derniers sont plus élevés, la veine nourricière passe bien plus loin du bord et réduit considérablement l’intérêt de ce spot.

Un second dans la foulée, en traction avec un Blue Shad de Flashmer.
Un second dans la foulée, en traction avec un Blue Shad de Flashmer.

Une approche spécifique

Par expérience, je sais que sur ce spot, la pêche en traction en tapant volontairement le fond est souvent la meilleure approche. Il faut faire du bruit en cognant le sable et parfois ne pas hésiter à être surplombé.

Je me rends directement sur la zone la plus stratégique, correspondant à la sortie immédiate du chenal et lance mon Blue Shad de Flashmer (20g et 12cm) dans la veine d’eau. Je prends immédiatement une touche à la descente mais non concluante. Après un premier contact avec le fond, je réalise 3 animations et c’est pendu ! Après un joli combat dans le courant, c’est un bar de presque 70 cm qui glisse dans la paume de ma main.

Je réalise encore 3 lancers supplémentaires, exactement avec la même approche et l’action se reproduit à nouveau. Mon Blue Shad percute le fond. J’entame ensuite une animation lente et ample, contrôle la descente de mon leurre et sanctionne d’un ferrage efficace une touche franche.

Le combat prend la même tournure, entre rushs et coups de tête, et un nouveau poisson de plus de 65 cm apparait en surface.

J’insisterais alors encore un peu sur le spot, notamment en étendant ma zone de recherche, mais sans résultats supplémentaires.

Le point clef est souvent la jonction du courant principal et du contre courant, lorsqu'ils forment un bouillon conséquent.
Le point clé est souvent la jonction du courant principal et du contre courant, lorsqu’ils forment un bouillon conséquent.

La recherche d’un beau coup de ligne ou d’un gros poisson

J’ai pris un peu de retard dans mon planning et même si je sais que la hauteur d’eau n’est plus propice sur le spot convoité, je décide d’aller tout de même le visiter pour deux raisons. La première est que j’ai déjà pris des bars en dehors du créneau le plus favorable, et surtout que la pêche étant déjà faîte, je suis maintenant à la recherche du bonus.

Le second spot est un grand radier peu profond (1 mètre) balayé par un courant puissant. S’il s’agissait d’eau douce, on s’attendrait à y trouver des truites, mais ce sont bel et bien des bars qui y résident. J’aime énormément ce spot parce qu’il abrite de beaux sujets, et surtout parce que prendre un poisson dans ce fort courant est un coup de ligne magnifique. Et c’est maintenant ce que je recherche.

Je laisse donc mon shad monté sur une tête plombée de 7g dévaler les différentes veines de courant à la limite de la perte de contact dans l’espoir d’un coup de fusil… Qui n’arrivera pas malgré mes efforts !

J’enchainerais alors avec une autre zone particulièrement ingrate et irrégulière mais où je connais l’opportunité de faire un très gros poisson aux alentours de 80 cm. Il s’agit d’un plateau rocheux profond de 2 mètres situé en sortie de baie. Il est bordé d’une part d’un parc à huîtres et d’autre part par la veine principale de l’estuaire, puissante et profonde de 10 mètres. Le plateau est alors balayé par un grand contre-courant où de gros bars de passage viennent cueillir crabes et crevettes. Il faut croiser les doigts pour les rencontrer mais ce ne sera pas pour ce soir.

Un One Up 4 pouces tenu en laisse dans le bouillon décidera ce dernier poisson de la sortie.
Un shad de 4 pouces tenu en laisse dans le bouillon décidera ce dernier poisson de la sortie.

Dans le bouillon

Il me reste 30 minutes devant moi et je décide donc de finir mon parcours sur le 4ème spot prévu.

Sa physionomie est une nouvelle fois différente des précédents. Il s’agit d’une pointe de roche barrant le courant principal et créant alors un contre-courant, lui aussi puissant, avec un bouillon à la rencontre des deux. Cet endroit stratégique est profond mais les bars y sont souvent suspendus dans l’attente de nourriture que le courant amène naturellement.

Le pattern est de maintenir un leurre souple en laisse à la confluence des courants, le plus naturellement possible, tel une proie malmenée.

2 lancers sous la canne suffiront pour que mon shad trouve une nouvelle fois preneur. Dans ces courants marqués, les bars s’aident de ces derniers pour combattre en force et c’est toujours un réel plaisir de les capturer ainsi.

Ce dernier poisson de 65 cm clôturera alors cette sortie qui me conforte dans l’idée que lorsque la théorie précède la pratique, il est possible d’optimiser au mieux ses sorties. Il ne s’agit pas là d’une sortie exceptionnelle, mais prendre 3 bars de plus de 65cm en 2 heures du bord dans cette conjoncture est un bilan plutôt favorable.