La pêche du bar à vue en estuaire représente pour moi le summum des pêches légères. Cette pêche offre des sensations incroyables, tant en termes d’actions visuelles que de combats musclés sur des lignes fines. Mais ce qui fait la beauté de cette approche à mes yeux est aussi sa difficulté. Un gros bar sédentaire fait partie, selon moi, des poissons les plus difficiles à leurrer à vue, et cela encore plus si le spot est fréquemment pêché. Chaque étape de cette pêche a une importance cruciale et il ne faut rien laisser au hasard.

Première étape, trouver les bars
Qui dit pêche en estuaire dit longues explorations. En effet, ces milieux restent relativement grands et les bars ne peuvent pas être partout en même temps. Ce qu’il faut saisir, c’est que ces poissons vivent au rythme des marées. Ils remontent l’estuaire avec la mer et redescendent avec elle. Je n’ai pas encore trouvé de science exacte pour localiser les bars, mais je peux vous donner quelques informations utiles.
La puissance du courant
C’est une évidence pour les pêcheurs d’eau salée mais pas pour tout le monde. Il faut garder en tête que la mer ne monte ni ne descend à la même vitesse constamment. On appelle généralement « marée » un laps de temps d’environ 6h durant lequel l’eau passe de l’étale haute à l’étale basse ou inversement.
Pour faire simple : durant ces 6h, la 1ère et la 6ème heure connaissent une progression lente de la mer. La 2ème et la 5ème heure voient la vitesse de l’eau s’accentuer. Enfin la 3ème et 4ème heure, la mi-marée en somme, sont celles où l’eau progresse le plus vite.

Les coefficients de marées
Les coefficients de marées indiquent quant à eux la hauteur d’eau à chaque marée. Ce cycle dépend de celui de la lune. Plus le coefficient est élevé, plus l’écart de hauteur d’eau entre la basse mer et la pleine mer sera important.
En toute logique, si sur un coefficient de 100, l’eau doit monter plus haut et descendre plus bas que sur un coefficient de 40, mais que le temps de la marée (environ 6h) ne s’allonge pas, la mer progressera donc forcément plus vite.
Et si l’eau monte vite votre temps de pêche sur un spot précis est très court. De plus, ces coefficients ont un impact direct sur les déplacements des bars et de leur nourriture.

Pêche du bar à vue à marée montante
Lorsque la mer remonte, les poissons ont tendance à passer assez vite et s’attardent rarement très longtemps sur un spot si la hauteur d’eau leur permet d’avancer.
En observant la surface de l’eau, vous verrez souvent une ligne de démarcation, parfois un peu sale, entre le courant descendant l’estuaire et le niveau d’eau de la mer qui remonte. Cette ligne peut se déplacer très rapidement vers l’intérieur de l’estuaire lorsque vous êtes sur les heures où la mer remonte le plus vite. C’est un bon indicateur pour suivre la progression de la mer dans l’estuaire. Il y a toujours au moins quelques bars qui remontent en première ligne, généralement juste derrière les premiers mulets.
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Les bars retardataires
Il n’est pas forcement nécessaire de courir après ces poissons qui remontent à toute vitesse, d’autres individus moins pressés se nourrissent un peu partout dans l’estuaire et à tous les moments de la marée. Pour intercepter des bars il faut trouver, pour chaque spot potentiel, le niveau d’eau intéressant qui lui correspond.

Un exemple concret à marée montante
Admettons que vous avez repéré une bordure rocheuse dont la pente s’adoucit, parsemée de goémon (mélange d’algues caractéristique aussi appelé varech en Normandie), jusqu’à rejoindre une zone de vase dépourvue d’obstacle ou de végétation.
Si vous arrivez trop tôt, l’eau n’aura pas encore atteint les premiers goémons. Les poissons qui remontent sur la vase seront soit plus au milieu du lit, donc difficiles à voir, soit proches du bord mais en déplacement rapide constant, ce qui n’offre que très peu de temps pour présenter son leurre.
Si vous arrivez trop tard, le goémon sera recouvert depuis longtemps, et la roche abrupte qui plonge dans l’eau n’offre que très peu de visibilité puisqu’en s’éloignant du bord la profondeur augmente rapidement.
Le meilleur créneau est donc lorsque l’eau arrive à hauteur des premiers goémons et que l’intégralité de ces algues se situe à une profondeur où la visibilité est bonne. C’est l’instant où les crabes, tapis sous les algues, sortent de leur cachette pour rejoindre la mer. Les bars sont souvent au rendez-vous pour les cueillir et peuvent s’arrêter un peu plus longtemps sur la zone, quitte à parfois se poster en embuscade.

Pêche du bar à vue à marée descendante
Lorsque la mer redescend, les bars ont tendance à vagabonder plus longtemps sur les spots. Ils frôlent les bordures et cherchent à manger un maximum avant que l’eau ne se retire.
Certains individus vont descendre continuellement vers la mer en s’alimentant. D’autres vont s’installer à un poste précis durant quelques minutes avant d’en changer pour se reposter sur un autre un peu plus en aval.
Encore une fois, certaines zones de l’estuaire seront propices en début de descendante tandis que sur d’autres secteurs, vous ne verrez des poissons qu’en toute fin de marée.
La descendante à aussi l’avantage d’être moins inquiétante que la marée montante. Vous ne risquez pas de vous faire coincer par la mer sur un îlot ou dans une vasière.

L’étale
L’étale dure environ 20 minutes, c’est le moment où la mer ne monte ni de descend plus. Il y a donc une étale à marée haute et une a marée basse. Personnellement, pour la pêche à vue en estuaire, j’ai tendance à préférer l’étale basse à l’étale haute. Lorsque presque toute l’eau s’est retirée, il reste souvent quelques gros bars statiques qui attendent le début de la marée montante.