Si je raconte ce récit, c’est parce que nous avons été témoin de ce qui représentait, à nos yeux ce jour-là, un véritable moment de magie tel que nous en avons rarement vécu à la pêche. Dans la vie d’un pêcheur, les heures au bord de l’eau ne se comptent plus. Pourtant, nous espérons tous, consciemment ou non, vivre un moment exceptionnel marqué par la prise d’un poisson record ou tout simplement un moment de partage euphorique entre amis.
Un objectif précis
Apres quelques heures de routes, nous arrivons enfin sur les berges de cette rivière qui nous était inconnue. Pour un pêcheur du bord, le milieu était vaste et peu engageant, à première vue. La cible de cette escapade était claire, nous étions là pour tenter de capturer une ou plusieurs perches de plus de 40 cm.
Premiers pas dans l’inconnu
Les deux amis locaux que nous devions rejoindre et qui allaient nous guider sur ces spots inconnus n’étaient pas disponibles dès notre arrivée. Nous entamons donc la pêche seuls, un vendredi, aux alentours de 14h. Un peu déconcertés par le milieu, nous choisissons une berge plutôt monotone pour commencer cette partie de pêche en street-fishing. L’eau est claire et nous voyons très nettement qu’une cassure en pente descend vers le fond. Nous entamons donc une pêche à gratter au rubber jig et au shad le long de cette cassure mais aucun signe de la présence de perches.
Un indice et un début de piste
Cela fait déjà 20 bonnes minutes que nous prospectons sans résultat lorsque j’aperçois un bateau de pêcheurs bien équipés. Les deux pêcheurs ont les yeux rivés sur un écran. Soudain, ils arrêtent brusquement l’embarcation, à quelques mètres du bord, sur un spot que nous venons de pêcher. Aucun ne doute sur le fait qu’ils ont repéré quelque chose au sondeur. Ils insistent 10 minutes sans quitter l’électronique des yeux, puis s’en vont sans n’avoir sorti aucun poisson.
Après un bref échange avec mon binôme, nous retournons sur le spot pour en avoir le cœur net. Toujours rien au leurre souple, je décide de passer au leurre dur avec un petit longbill minnow. Un seul lancer suffira, en remontant la cassure une perche me suis jusqu’au bord dans 50cm d’eau. Deux coups de scion plus tard et la voilà qui attaque violemment le leurre ! La première perche de plus de 40 cm est dans la filoche.
Un premier moment d’euphorie
Mon ami passe donc lui aussi sur un jerkbait minnow à longue bavette, et pique immédiatement un second poisson qui passe les 45 cm. Mais derrière sa perche, de plus en plus de poissons du même calibre apparaissent. Les lancers s’enchaînent mais notre position en hauteur ne nous facilite pas les choses. Nous voila couchés à plat ventre sur le quai, en train d’animer canne basse pour compenser la hauteur et empêcher nos leurres de sortir trop vite de l’eau.
Les touches se succèdent et les rayures noires se mélangent sous nos yeux. Nous comptons une quinzaine d’individus entre 40 et 50 cm qui se battent pour nos leurres dans à peine 50cm d’eau. Si une perche se décroche, c’est une autre qui prend, cet instant est complètement dingue. La frénésie ne dure que quelques minutes et les poissons décrochés préviennent rapidement les autres du danger. Nous mettrons quand même 4 grosses perches à l’épuisette. Nous quittons ce premier spot le sourire aux lèvres, content d’avoir déjà vécu ce moment rêvé, à peine arrivés.
Un guide efficace
Nous avons rendez-vous avec un de nos amis locaux qui se reconnaîtra. Il a gentiment proposé de nous emmener pêcher sur son terrain de jeu et nous le suivons sur une berge plus sauvage. Le courant est puissant et devant nous, un plateau moins profond à portée de lancer crée une zone de repos pour les poissons.
L’habitué des lieux effectue un premier lancer là où il soupçonne la présence de perches. La touche est instantanée. Il l’annonce comme une petite et a l’air presque déçu. Mais pour mon binôme et moi, la perche de 40 cm qui crève la surface n’a rien d’un petit poisson si ce n’est qu’elle parait être un jeune individu en pleine santé.
Notre guide au grand cœur pose alors sa canne et nous lance « pêchez, elles sont droit devant vous » ! Ébahis, nous rions en lançant nos leurres. Quelques secondes plus tard ce sont deux autres magnifiques poissons qui nous rejoignent pour prendre la pose, la plus grosse accuse 47 cm.
Un véritable festival
Les poissons sont bien là, actifs, en grand nombre et d’une taille moyenne impressionnante. Un quatrième compère nous rejoint enfin et c’est un moment d’anthologie qui commence. Les perches s’enchaînent littéralement, chaque lancer est récompensé, occasionnant plusieurs doublés. Nous n’avons pas vraiment le temps pour les photos, nous ne voulons rien rater de l’instant présent. Les plus petites sont décrochées dans l’eau, à la hâte. On parle pourtant bien de très grosses perches puisque aucun des poissons prit ce jour-là ne fera moins de 40 cm… Rien que l’idée de qualifier de tels individus de « petits » me parait être prétentieux, et pourtant c’est la réalité de cet instant. Lorsque le spot ne donne plus rien, nous nous déplaçons de quelques mètres et c’est de nouveau la frénésie. Au total nous mettrons au sec plus de 40 perches avec une moyenne frôlant probablement les 45 cm.
Un peu de diversité pour le dessert
Après un tel moment de bonheur et de partage entre copains, les sourires sont sur tous les visages. Les perches se sont calmées et le soir approche. Nous retournons sur une zone dans l’espoir d’en faire encore quelques unes mais c’est un aspe qui vient sanctionner brutalement mon minnow dans le courant, mon premier sur cette rivière.
Quelques lancers plus tard, une touche à m’en arracher la canne me surprend et un joli sandre crève la surface, le leurre à bavette en travers de la gueule. Quoi de mieux qu’un peu de diversité pour conclure cette journée dont je me souviendrais probablement toute ma vie.