A la recherche des grosses truites farios des Pyrénées espagnoles au leurre !

De l'autre côté des Pyrénées, en Catalogne espagnole, des tronçons de rivières sont empoissonnés en truites fario avec de véritables trophées parmi ces poissons dont les tailles sont comprises entre cinquante et quatre-vingt centimètres. Découverte d'un parcours intensif des plus réputés, celui d'Alfarràs.
Pêche de la truite dans les Pyrénées espagnoles
  1. Pêche des truites farios sauvages en Espagne en nymphe au toc !
  2. A la recherche des grosses truites farios des Pyrénées espagnoles au leurre !

C’est dans la province de Lérida, en Catalogne, que coule la Noguera ribagorzana. Elle prend sa source dans le val d’Aran avant de marquer, sur une centaine de kilomètres, la frontière entre l’Aragon et la Catalogne. Affluent du Segre nous la pêcherons à Alfarràs, lieu réputé pour son parcours intensif en no-kill abritant des truites records affolant la toile. Au programme une pêche au leurre axée sur les gros poissons.

La rivière

Le premier contact avec la Noguera Ribagorzana me déçoit un peu. En effet, après avoir passé trois jours à pêcher sa grande sœur, la Noguera Pallaresa, je suis un peu désappointé par la taille, la profondeur et la dimension de la rivière. De plus, elle coule en plaine, entre des terres où sévit l’agriculture intensive. Fruitiers et cultures céréalières sont exploités ici à grande échelle. Qu’à cela ne tienne, c’est au lever du jour que je me fraye un chemin dans le dédale de roseaux pour poser mes chaussures de wadding dans le rio.

Mise à l’épuisette de l’une des nombreuses truites de la session.

Un point sur la réglementation

Pour éviter toute mauvaise surprise, d’autant que les contrôles sont fréquents, il faut savoir que sur le parcours intensif aménagé, seule l’utilisation de cuillères ondulantes et tournantes (armées d’hameçons simples sans ardillons) et de nymphes est autorisée. En dessous de ce parcours, la partie avale, qui débute à partir du pont d’Albesa est beaucoup plus sauvage, moins accessible et pêchable avec un panel plus large de leurres intégrant les poissons nageurs. Par respect pour les poissons et les efforts faits en faveur de l’halieutisme nous avons armé ces leurres d’hameçons simples sans ardillon.

Le parcours intensif

La ripisylve très dense forme souvent une arche au-dessus du cours d’eau renforçant ainsi le sentiment d’isolement et de lieu sauvage et préservé un peu terni par les cultures. A ma grande déception ce tronçon très linéaire est très peu profond. Dans ma tête je m’interroge sur le fait que des truites d’une si grande taille puissent vivre dans 50 cm d’eau au milieu des herbiers. Je décide d’opter pour une cuillère ondulante traversant mieux les herbes et fendant le courant. Cuillère interceptée au premier lancer par une fario de plus de soixante centimètres ! Le ton est donné, nous sommes bien dans un lieu d’exception.

Première fario de la journée prise sur une cuillère ondulante : 60 centimètres !

J’exulte de joie et appelle mon ami, qui n’avait pas encore débuté, pour immortaliser cet instant ! Il me taquinera d’un : « Et alors, tu râles plus maintenant ! »  En effet, je venais d’avoir la preuve absolue que des spécimens peuvent se cacher dans très peu d’eau. Voilà une bonne dose de confiance pour entamer la journée.

En même temps que le lever du jour, je découvrirais un parcours agréable alternant grands lisses caillouteux au courant soutenu et virages creusés en fosses profondes d’un à deux mètres, au débit plus lent.

Etant sur un parcours empoissonné, la rive droite est aménagée sur 5 kilomètres pour un accès facile à la rivière avec même des postes numérotés. En effet, il n’est pas rare de croiser des pêcheurs, une bonne dizaine lors de ma venue.

La seconde partie, en aval, est beaucoup plus sauvage, et par conséquent, plus difficile d’accès. De nombreux troncs d’arbres entravent la rivière et de longues et difficiles marches sont à prévoir pour traverser les ronces, orties et végétation en tout genre.

La partie aval du parcours est beaucoup plus sauvage, la progression plus difficile. Les postes se méritent !

Après ce prompt succès à l’ondulante j’insisterai une grande partie de la matinée avec. Elle n’a pas son pareil pour déclencher de violentes attaques sur les lisses. C’est sans nul doute la meilleure arme pour pêcher vite et faire du nombre. En effet, c’est plus d’une cinquantaine de touches pour trente truites mises à l’épuisette dans la demi-journée qui viendront prouver son efficacité ! En revanche, avec la montée du soleil seules les truites entre 20 et 35 centimètres se montrent actives.

Déjeuner et débrief autour d’un bocadillo de jambon idébrique !

Un debrief, autour d’un bocadillo de jamon iberico vite avalé, s’imposait. Bien que la cadence des touches et le nombre des poissons attrapés soit stratosphérique, nous n’étions clairement pas venu pour cela et la prise d’une truite trophée était le seul et unique objectif. Mais comment faire pour éviter les petites et tenter de sélectionner les grosses ? C’est en nous plongeant dans nos boîtes que la réponse est apparue évidente. Augmenter de manière significative la taille des leurres.

Le parcours sauvage

C’est donc galvanisé par la charcuterie espagnole que nous voilà prospectant les fosses du parcours sauvage aux poissons nageurs Smith D contact 110, Illex Rerange 130 SP ou aux swimbaits tels que le Deps Slide Swimmer 115.

Nous constatons stupéfaits que ces leurres volumineux ne découragent en rien les truites de trente centimètres qui les attaquent avec vigueur ! Très certainement plus par défense territoriale que pour se nourrir. En revanche, niveau réussite nous sommes loin du compte avec un fort pourcentage de ferrages dans le vide malgré la violence des attaques. Le fait de remplacer le simple « in line » par un « assist hook » n’y change pas grand-chose.

Smith D-Contact 110 au menu pour cette splendide truite fario.

A la sortie d’un trou d’eau, j’effectue une longue pause après un jerk de mon Smith D Contact 11O blanc quand tout à coup je vois surgir le poisson d’une vie qui fera malheureusement demi-tour juste avant de saisir le leurre !… Il manque quelque chose, les gros poissons bougent mais ne mordent pas. Pas étonnant vu la pression de pêche. Il faut dire qu’ils en voient passer des leurres 365 jours par an (ici, il n’y a pas de fermeture). Un mois plus tard, lors d’un autre séjours, je trouverai sur le même spot une truite morte échouée sur la berge. Elle mesurait 82 centimètres !

Le Black Minnow de Fiiish, un leurre à ne pas négliger pour rechercher la truite, en Espagne comme en France !

La suite de l’après-midi s’effectuera en prospectant tantôt avec des gros leurres souples (Keitech Easy Shiner et Sawamura One Up Shad 5 pouces, Fiiish Black Minnow, One Up Slug 6 pouces sur tête 3 grammes, etc), poissons nageurs, cuillères ondulantes, tournantes, crankbaits, etc. Mais le constat est le même, énormément de touches et de poissons calibrés mais rien au-dessus de cinquante. La journée avait pourtant si bien commencé…

C’est mon partenaire qui trouvera enfin la solution avec un gros poisson nageur articulé, le Smith TS Joint Minnow 110.

Magnifique fario dépassant les soixante centimètres au coup du soir.

Plusieurs farios de tailles modestes en guise d’échauffement il magnifiera le coup du soir par la prise puis la perte de deux poissons trophées. En effet, c’est dans le « Money Time », sur un spot tout à fait banal, une accélération de courant à la sortie d’un virage avec un gros rocher immergé, qu’il leurrera une splendide fario dépassant allégrement les 60 centimètres. Après avoir hurlé, trépigné, pris le temps pour une séance photo, j’aurais juré que le poste était mort. Que nenni, sur le premier lancer suivant ce barouf du diable, un poisson bien plus gros que le précédent est attelé ! Après 10 minutes de combat il finira par casser la ligne en faisant le tour d’une branche. Fin cruelle venant achever une journée de rêve. Il fait désormais nuit noire et il est temps de rentrer.

Le matériel pour la pêche de la truite au leurre

Face à de tels poissons vous comprendrez aisément qu’il faut un matériel adapté. Premièrement pour brider ces torpilles, deuxièmement pour lancer des swimbaits et gros poissons nageurs. Pour cela j’utilise deux ensembles.

Le premier pour les pêches light au leurre souple et surtout pour l’ondulante. J’associe une Tenryu SP 64 ML d’une plage de puissance de 3,5 à 14 grammes à un Shimano Vanquish 2500. Les 89 cm de récupération par tour de manivelle sont appréciables pour récupérer la bannière dans les courants puissants sur les pêches amont sans faire de perruque.

Des livrées splendides pour ces truites espagnoles.

Le second, plus puissant, pour les swimbaits et autres gros poissons nageurs est composé d’une canne Smith Dragonbait Trout Large Stream combinée à un Moulinet ABu Garcia Revo mgXtreme. D’action semi parabolique cette canne vous évitera les casses au ferrage ou les décrochés durant le combat.

Pour la tresse je privilégie une 8 brins en 10 ou 12 centièmes. Une tresse plus fine génère trop de perruques, surtout lors des pêches amont. Concernant le fluorocarbone, rien ne sert à mon goût d’être trop discret sur ce genre de leurres de réaction. J’opte donc pour la sécurité avec un Varivas Seabass en 10 livres.

A noter que les petits émerillons rolling sont de rigueur pour les cuillères ondulantes et tournantes au risque autrement de rapidement vriller sa tresse.

La cuillère ondulante, tellement efficace !

Si cela vous tente !

A moins d’1h30 de la frontière française, le parcours d’Alfarràs offre une pêche divertissante et une réelle probabilité d’attraper le poisson de vos rêves. Il ne faudra tout de même pas perdre de vue que ce sont des poissons lâchés. Contrairement à ce que l’on veut nous faire croire, la quasi-totalité des truites présentes sur les parcours intensifs proviennent de piscicultures. Les plus grosses étant des géniteurs et génitrices. Il est donc très facile de prendre du poisson en nombre, ce qui fait de ce parcours un excellent endroit pour débuter la pêche au leurre ou en nymphe.

La réglementation étant très stricte et les contrôles fréquents, je vous invite donc à suivre les règles.

Attention il n’y a pas d’hôtel à Alfarràs mais de nombreuse possibilité d’hébergement sont possibles sur Lérida. En plus, les Paradores (restaurants ouvert 24h/24h) vous régalerons de tapas, paella et viandes grillées. Viva Espana !