Voyage de pêche Exo multi-espèces au Brésil sur le Rio Trombetas !

On a tendance historiquement à associer voyage de pêche au Brésil avec pêche exclusive du peacock bass mais c'est faire abstraction de toute la diversité que peut proposer l'Amazonie. Il existe en effet quelques affluents du fleuve Amazone qui proposent de pêcher plusieurs espèces d'eau douce aux leurres, offrant à votre voyage de pêche une note de diversité non négligeable. C'est le cas du rio Trombetas !
Pêche sportive sur le Rio Trombetas au Brésil
  1. Voyage de pêche Exo multi-espèces au Brésil sur le Rio Trombetas !
  2. Conseils et matériel pour partir pêcher le Peacock Bass Cichla Thyrorus du rio Trombetas au Brésil !

J’ai eu la chance de pêcher, il y a de ça quelques années, le rio Trombetas, une rivière brésilienne très particulière qui propose un format de pêche multi-espèces. Depuis, d’autres groupes de pêcheurs francophones s’y sont rendus et ont pu se rendre compte de la richesse et de la beauté de celle-ci. Les piraibas, amaira, picubas ou encore piranhas côtoient le poisson d’eau douce emblématique du Brésil : le peacock bass ! Partons à la découverte de ce milieu exceptionnel !

Le cichla thyrorus est endémique du Rio Trombetas

Une rivière bien cachée…

L’histoire de la pêche aux leurres sur le Rio Trombetas est complètement contemporaine. La rivière étant entravée par de grandes chutes d’eau au niveau du village de Cachoeira Porteira, ce n’est que vers 2010 qu’une piste fut créée sur plusieurs kilomètres à travers la jungle, permettant de rejoindre la partie amont de ce cours d’eau, en camion puis en pirogue.

Anciennement, il fallait plusieurs jours de voyage pour se rendre sur ce camp de pêche en passant par de longues heures de bateau entre Porto Trombetas et Cachoeira Porteira. Mais aujourd’hui, une piste d’aviation a été construite sur Cachoeira Porteira et il est possible de s’y rendre directement depuis Manaus en gagnant une bonne journée de voyage.

Depuis une décennie donc, la partie amont des chutes du Rio Trombetas est pêchée une partie de l’année avec deux camps de pêche installés dont un géré par la société Brésilienne et sérieuse 3H FISHING. Le côté vierge de cette rivière a permis pendant plusieurs années de réaliser de belles pêches de poissons qui ont eu le temps de vieillir loin de toute pression de pêche. Avec le temps, les organisations sur place proposent de plus en plus de monter en amont de la rivière pour conserver cette qualité de pêche.

Le trombetas coule en grande partie dans une réserve naturelle, ici il faut montrer patte blanche

…et pas comme les autres

Ceux qui sont déjà allés plusieurs fois en Amazonie peuvent en attester, le Trombetas est une rivière à part. Constitué de roches volcaniques, l’amont du fleuve est une succession de rapides plus ou moins puissants avec de grandes zones de calmes qui peuvent être très profondes.

Au cours de mon voyage j’ai pu prendre en surface des peacocks bass cachés comme des truites dans des remous tout comme au shad par 16 mètres de profondeur. J’ai également pu prendre plusieurs peacocks bass en pêchant depuis le bord lors des soirées de bivouac. Les grandes zones shallow où résident plusieurs espèces permettent d’avoir des attaques à vue de toute beauté et croyez moi, voir un tucunaré de 6kg suivre votre leurre dans une eau cristalline avant de s’en emparer violemment, ce sont des images que l’on garde à vie ! Le rio Trombetas a aussi cet énorme avantage de ne pas abriter une population de moustiques conséquente, ce qui rend le voyage d’autant plus agréable.

Le rio Trombetas est composé de nombreux courants alternés de calmes

Une pêche de saison

Généralement on se rend sur le Trombetas de septembre à décembre pour pêcher aux leurres. Le niveau de l’eau est alors relativement bas et le débit pas trop élevé. Cela permet d’être assez mobile dans les courants le long de la rivière et de trouver les poissons dans peu d’eau. A cette période il est toutefois compliqué de trouver facilement des silures qui ont tendance à se déplacer énormément. Aussi, à cette saison, si quelques orages de fin de journée peuvent être assez violents, la pluviométrie reste faible.

Si l’on souhaite pêcher les siluridés sur ce fleuve, alors il est préférable de s’y rendre plus tôt en saison. La pêche des silures se pratiquent beaucoup à la calée avec des appâts carnés et des gros hameçons circle, la pêche aux leurres s’y prête nettement moins à cette saison.

Selon la configuration ou la saisonnalité, il faut savoir s’arrêter et pêcher les fosses à la calée

Un hymne à la diversité

Le Rio Trombetas se situe en partie dans une réserve biologique, ne rentre pas comme ça qui veut. La rivière et ses environs sont donc grandement protégés et on en prend rapidement plein les yeux tant la biodiversité de la forêt amazonienne qui s’offre à vous est foisonnante ! Ce qui est tout de suite surprenant c’est la densité de la forêt et la quantité d’insectes et reptiles qu’elle abrite. Ici, la vie grouille de partout ! Au cours de notre voyage nous avons pu observer une grosse quantité de aras, des caïmans, des tortues, des tapirs, des loutres géantes… et même entendre feuler un léopard ! Un grand, très grand spectacle pour les amoureux de la nature. J’avais à peine posé mes valises sur la terre d’Amazonie que j’en étais déjà complètement conquis.

Des loutres géantes jouent et nous observent paisiblement pêcher, grandiose…

Les différentes espèces à pêcher

Cette diversité se prolonge dans l’eau, une eau de rivière bien souvent à plus de 30 degrés ce qui a pour effet de déboussoler n’importe quel européen. Ici tous les poissons ont des dents. Selon la taille, tout le monde peut manger tout le monde. Sous l’eau c’est la guerre en permanence !

Le cichla Thyrorus

L’espèce de peacock bass endémique du rio Trombetas, le cichla thyrorus, est assez mythique puisqu’elle semble être la deuxième espèce la plus grosse après le cichla temensis. Sur la partie en amont des chutes, plusieurs poissons autour des 10kg ont été capturés dont le supposé record du monde (qu’on a un peu de mal à identifier au milieu de toutes les revendications).

Le Thyrorus est comme le Temensis dans ses robes, il passe par un moment de sa vie sous sa robe paca avant d’obtenir sa robe définitive et caractéristique avec des gros points en forme de pixels. Le cichla thyrorus semble avoir plusieurs types de comportements en fonction du contexte dans lequel il se trouve. J’ai pris des petits thyrorus sur des attaques très violentes et j’ai pris des gros sujets sur des attaques discrètes en profondeur. Sur cette rivière il est possible de les pêcher avec des leurres armés d’hameçons triples mais il est préconisé de tous les relâcher.

Avec ses tâches pixelisées, le cichla thyrorus se différencie très bien du cichla temensis qui possède lui, 3 bandes bien distinctes

L’aimara

Le Trombetas est un des rares affluents brésilien de l’Amazone qui abrite des aimaras de très belle taille et cela peut être un sacré bonus pour ce voyage. J’ai trouvé les aimaras du Trombetas beaucoup plus lunatiques que peuvent l’être leurs cousins de Guyane. Ces poissons affectionnent se cacher par petits groupes dans quelques centimètres d’eau dans la forêt, dans des endroits appelés « igarapés » mais on les trouve également dans les grandes profondeurs. Ils sont assez peu réactifs aux leurres et beaucoup plus capturables avec des appâts. L’approche aux leurres consiste à matraquer le supposé poste pendant de longues minutes au même endroit avant qu’un poisson ne finisse par craquer. Tout ceci fait que j’ai été quelque peu déçu par la découverte ce poisson.

Des gros sujets d’aimara hantent les profondeurs du Rio Trombetas

Le Bicuda

A l’instar de l’aimara, le Trombetas fait grandir des bicudas de très belle taille comme sur le rio Xingu. On trouve ces poissons notamment dans la section la plus en amont de la rivière. Les bicudas ont une tête très osseuse et on arrive à en capturer un peu par hasard en pêchant le peacock avec une branche du triple qui s’est planté au bon endroit. C’est un combattant formidable qui n’hésite pas à faire de multiples sauts pour sauver sa peau. Le problème du bicuda, hélas, comme pour nos aloses françaises, c’est que c’est un poisson vraiment très fragile que l’on ne peut pas se permettre de sortir de l’eau sans risque. Un poisson pris en photo aura de grandes chance d’être condamné.

La chance de pouvoir capturer un poisson d’exception : un bicuda de près du mètre !

Le Payara

Espèce devenue phare dans les émissions de pêche à sensation de la TNT, le poisson vampire, appelé également cachorra ou payara, est aussi présent dans les profondeurs du Trombetas et je ne pourrai malheureusement pas vous préciser avec exactitude quelles sous espèces de payara nagent dans ces eaux. Le hot spot de la rivière pour ce poisson étant clairement les chutes en aval de Cachoeira Porteira. Il faut donc souvent dédier une journée de pêche à ce poisson sur le chemin de l’aller ou du retour mais il est toutefois possible d’en capturer dans la partie amont, davantage à l’appât qu’aux leurres.

Les Siluridés

Côté silures, le Rio Trombetas a également une réputation solide dans le monde de la pêche au Brésil. Certains brésiliens s’y rendent uniquement pour cela. Il est possible de capturer dans ces eaux de jolis pirararas, jaus, piraibas ou encore surubis. Si le surubi semblent être particulièrement réceptif aux leurres, ses cousins le sont beaucoup moins et une pêche à l’appât s’impose alors. Même hors saison, il serait dommage de ne pas avoir avec soit une canne dédiée au silure car cela peut être un véritable plus à apporter à votre voyage quand le soir, après 18h00, la pêche aux leurres devient impossible.

Le piranha noir est le plus gros piranha d’Amazonie

Les autres espèces…

Je ne m’y attendais pas et pourtant je garde d’excellents souvenirs de pêche mémorables sur des bancs énormes d’acoupas pélagiques dans les grandes fosses. Les touches à la descente sont violentes et les poissons peuvent vite s’enchaîner.

Les différentes espèces de pacus ont été aussi de formidables adversaires sur des ensembles légers avec des fruits ou des imitations de fruits en appâts.

Et comment ne pas parler des multiples espèces de piranhas qui se feront un vilain plaisir de couper votre fluoro ou de taillader vos leurres ! Les piranhas noirs peuvent ici atteindre 2kg et sont de vrais bons bagarreurs ! Attention les yeux et attention les doigts !

Un bivouac en pleine jungle où nous aurons délogé un serpent mortel à notre arrivée, rien que ça…

Le format

Le service en lodge proposé par les structures sur place est de qualité, il n’y a vraiment rien à redire. Toutefois, si la pêche le nécessite, il sera nécessaire de partir du camp plusieurs jours durant et monter un bivouac en pleine jungle, l’immersion dans la nature est alors à son paroxysme. Il ne faut pas avoir peur des petites bêtes pour passer de bonnes nuits en hamac.

La logistique pour ce type d’expédition est conséquente, le prix élevé est donc globalement justifié

Le budget

L’inflation faisant, voyager en Amérique du sud n’a jamais été aussi onéreux. Qui plus est, cette destination demande une logistique conséquente avec plusieurs personnes pour être en autonomie pendant plusieurs jours en pleine forêt. Ce n’est absolument pas une destination que l’on peut envisager effectuer par ses propres moyens, la rivière appartient aux locaux et il faut passer par eux pour avoir le droit de pêche « moral » sur ces eaux. En 2023, il faut donc compter plus de 4500 euros pour pouvoir partir sur le Trombetas selon la durée de votre séjour. Mais le Rio Trombetas reste une destination d’eau douce exceptionnelle, immersive à souhait et particulièrement envoutante.