Aurigny, ou Alderney en anglais, est une des îles qui constituent l’archipel anglo-normand ou « bailliage » de Guernesey situé à l’ouest du Cotentin. Distante de 8 milles du petit port de Goury, elle vous offrira des possibilités de pêches variées avec une belle population de bars et de lieus, turbots et pagres sont également présents. C’est une zone que j’affectionne pêcher tout au long de l’année avec une préférence pour la fin de saison. A cette époque-là, de très grosses concentrations de bars sont présentes permettant de réaliser de belles sorties. Embarquons pour découvrir ce spot qui peut vous réserver de très belles surprises.
Naviguer dans le Raz Blanchard
Moins connu que le fameux Raz de Sein situé à l’extrémité de la pointe bretonne, le Raz Blanchard est l’un des courants les plus forts d’Europe. Il se situe entre Aurigny et les côtes de La Hague. Par fort coefficient, la vitesse du courant peut atteindre la vitesse folle de 11 nœuds.
Aller à Aurigny vous demandera de choisir une météo adaptée. Ici, encore plus qu’ailleurs, la mer ne pardonne pas. Le fort courant du Raz Blanchard, cumulé à un vent soutenu, rendra la mer très agitée. Cela pourrait vous mettre dans une situation plus qu’inconfortable.
Pour limiter cela j’évite de m’y rendre par coefficient supérieur à 90 et je m’assure que le vent soit faible voire nul.
Le départ se fait depuis le port de Goury, Dielette ou encore Omonville-la-Rogue. Ainsi, en optant pour l’un plutôt que l’autre vous pourrez bénéficier de l’aide du courant pour naviguer.
Pour pêcher sur l’île d’Aurigny il faut composer avec les forts courants
Vous l’aurez compris, la complexité de cette zone est de réussir à pêcher au bon moment, lorsque le courant n’est pas au plus fort.
Même par coefficient moyen, certaines zones très exposées vous apporteront une vitesse de dérive de plus de 4 nœuds.
Et pourtant j’apprécie tout particulièrement cette zone lorsque la pêche est rendue compliquée en raison du courant. L’intérêt est qu’en connaissant en amont la force du courant, je tourne autour de l’île de façon à être le plus possible dans les zones où celui-ci est modéré. Finalement, j’arrive continuellement à pêcher une zone qui n’est pas trop exposée.
Coup d’œil sur la zone de pêche
Là-bas vous trouverez forcément une secteur adapté à votre technique favorite. Épaves, plateaux rocheux plus ou moins profonds, bancs de sable et ridins ou encore têtes de roche affleurantes dans peu d’eau pour cibler des poissons postés. Il y en a pour tout le monde.
Les abords de l’île sont peu profonds (moins de 20 mètres de fond). C’est cette zone-là que j’affectionne le plus pour la diversité d’espèces rencontrées. Vous trouverez une succession de plateaux rocheux, plus ou moins exposés au courant. Les poissons se postent souvent sur les têtes de roches. Le shad est l’un des leurre qui m’apporte les meilleurs résultats.
Plombé selon la force du courant, je le laisse planer au-dessus du fond tout en contrôlant la descente. Une récupération linéaire, perpendiculaire au sens de la dérive est aussi une méthode efficace. Malheureusement, ces zones sont celles où le courant est le plus fort.
En vous écartant de la côte, vous trouverez de suite plus de profondeur et des secteurs avec un courant plus modéré. Quelques plateaux isolé abritent de jolis pagres ou lieus jaunes. Vous aurez la chance de croiser des Saint-Pierres. Sur ces zones au-delà des 30 mètres, c’est la technique de la verticale qui est la plus appropriée.
Sur les zones de sable, les amateurs de pêche au turbot seront servis. Que ce soit au leurre souple imitant un lançon ou au vif, ces pêche estivales sont l’occasion d’initier les novices. Travaillez sur les cartes marines avec les outils comme le Sonar Chart Shading ou les cartes de nature des fonds pour identifier ces zones.
Enfin, à quelques miles au nord de l’île vous trouverez rapidement des grandes profondeurs pouvant dépasser les 100 mètres avec de très belles épaves à prospecter. La pêche y est compliquée en raison du courant et de la profondeur. Mais de très beaux poissons s’y cachent notamment des lieus jaunes !
Le bon matériel pour pêcher l’île d’Aurigny
Dès le printemps il est possible de pêcher les bordures dans peu d’eau avec de petits leurres souples ou aux leurres durs (poissons nageurs ou leurres de surface). Pour ce faire, j’emploie une canne résonante, de puissance 5/15 grammes et d’une longueur comprise entre 2,10 et 2,25 m. Un moulinet taille 3000 garni de tresse en PE 1 vient compléter cet ensemble.
Vous ne serez pas à l’abris de tomber sur un très joli lieu jaune calé dans peu d’eau. Pensez à bien régler le frein, faute de quoi il parviendra à se faufiler dans les laminaires là où il sera impossible de le déloger.
Pour les amateurs de pêche en traction, vous serez au bon endroit ! Le fort courant offre une multitude de spots qui s’y prêtent. J’emploie rarement des ensembles en dessous des 40 grammes c’est pourquoi je sélectionne une canne de puissance 30/80 gr.
Elle me permet ainsi d’animer des leurres de 12 à 15 cm montés sur des têtes plombées de 30 à 60 grammes. Ici, je l’équipe d’un moulinet taille 4000.
Les pêches profondes ou au vif, si vous les pratiquez, sont réalisées avec une canne casting. C’est un choix personnel. Ici, je sélectionne une canne assez courte aux alentours des 2 mètres. Vous pouvez aussi opter pour un modèle spinning, de 1,90 à 2,10 m. Un moulinet taille 4000 ou 5000 conviendra. Pour ce type de pêche j’apprécie employer une tresse multicolore.
Les leurres ne sortent pas de l’ordinaire. En surface, les Xorus Asturie 110 ou 130 ainsi que le Heddon Super Spook 125 ainsi que le Bonnie 128 d’Illex sont des valeurs sûres.
Pour les leurres souples, je fais confiance au même leurres que d’habitude : Illex Nitro Shad 120, 150 et Nitro Slim Shad 150 et 180 ou Fiiish Black Minnow 120, 140 et 160. Les coloris naturels sont parfaits pour cette zone.
Pensez à sortir les jigs de temps à autre. Maquereaux, dorades ou pagres réagissent très bien à ces leurres animés près du fond.
L’île d’Aurigny, le royaume du bar et du lieu
A Aurigny, vous pourrez réaliser de très belles pêches de bars et de lieus jaunes, le tout dans très peu d’eau.
Les lieus jaunes de belle taille sont pêchables dans une quinzaine de mètres de profondeur. Cela rend possible le no-kill. De tels poissons pêchés sur des cannes légères est un vrai plaisir. Le combat est puissant et les poissons jouent du courant pour vous compliquer la tâche.
En fin de saison, de belles concentrations de bars sont présentes. Vous trouverez des chasses en surface en pleine eau au milieu de nul part. Suivez les oiseaux pour vous aiguiller.
Certains plateaux sont littéralement colonisés par les bars qui se regroupent avant la période de fraie. Cela se produit souvent tard dans la saison.
Ici les prises peuvent s’enchainer assez facilement. Les poissons sont généralement calibrés.
Aurigny, un secteur exigeant mais riche
Vous l’aurez compris, pêcher ce secteur ne s’improvise pas. Si vous n’êtes pas habitués à pratiquer des zones à fort courant, vous risquez d’être surpris. Il faut composer avec celui-ci.
La multitude d’espèces rend ce secteur très intéressant et permet de pratiquer certaines techniques que l’on emploie moins couramment. À cela, ajoutez une forte densité de poissons et vous avez tous les éléments pour réussir de belles sorties.