Salut Gaël, avant d’entrer dans la dimension « matériel » de cette entrevue, peux-tu, dans un premier temps, nous dire pour quelles raisons le printemps est-elle une bonne saison pour la pêche du brochet selon toi ?
Gaël Even – Pour moi ce n’est pas une bonne saison, c’est LA meilleure saison. Il s’agit de la saison pour avoir des émotions au broc. Ce qui est également très sympa au printemps c’est que du jour au lendemain, tout change. On peut avoir des poissons décalés et les retrouver dans le bord le lendemain. Ce n’est pas comme à l’automne où l’on va retrouver les poissons sur un plateau pendant 3 semaines/1 mois. Au printemps, 1 degré de plus et la donne change. On passe des leurres souples aux leurres durs, de la surface au spinner à fond les gamelles, etc. C’est génial. Il y a le côté visuel et le côté « roulette russe ».
De plus, le printemps est une saison pour faire du nombre et reste une belle saison pour faire des gros, notamment parce que les poissons n’ont pas été sollicités pendant plusieurs mois. Au printemps, les brochets mangent des grenouilles, des écrevisses. Il est tout à fait possible de faire des gros poissons très régulièrement sur des leurres de taille raisonnable.
Justement, entrons maintenant dans le vif du sujet. Quelle est ta sélection de leurres incontournables pour la pêche du brochet en début de saison et pourquoi ?
Gaël Even – Mes incontournables se divisent en 2 types de leurres : ceux pour pêcher les bordures et ceux pour pêcher décalé de la bordure. Si l’eau est chaude alors j’envisage facilement une pêche de bordures. Et si les bordures sont encombrées je sélectionne dans ce cas un spinnerbait (Illex Crusher), un Jig (Jungle Blaster Illex) associé à une écrevisse (Illex Magic Craw 80) ou un shad (Dexter Shad ou Dead Slowler) en trailer. Ces leurres permettent d’aller chercher les poissons au plus proche des berges.
Peux-tu nous parler plus en détails de l’intérêt de ces deux leurres dans ce cas de figure ?
Gaël Even – L’utilisation du Jig va en outre permettre de faire des posés discrets. La principale problématique sera effectivement le peu d’eau et donc la nécessité de faire le moins de bruit possible au moment de l’impact du leurre sur la surface.
Le spinnerbait, au-delà de pouvoir pêcher les bordures encombrées, est un leurre que je vais sortir lorsque les blancs frayent. Si les gardons frayent, je vais sortir un spinnerbait double palette argent pour retrouver cet effet « banc de poissons » avec une jupe blanche reflets bleus. Mais ce ne sera pas la seule composante qui me fera utiliser un spinnerbait. Lorsque ça ne fraye pas, ce sera également un très bon leurre pour aller chercher le sommet des herbiers, pêcher dans les branches, créer des touches de réaction. Ce qui m’intéresse dans le spinnerbait c’est son côté volumineux, la multitude des signaux qu’il va émettre et son côté 4X4. Et le petit plus du spinnerbait en début de saison est que c’est souvent le leurre qui permet de faire une grosse perche.
Et dans le cas où tu souhaites pêcher des bordures moins encombrées, sur quels leurres se portent tes choix ?
Gaël Even – Sur trois leurres principalement. Un jerkbait minnow et particulièrement le Rerange 110 SP ou le nouveau Mag Squad 115 F. Le caractère flottant de ce dernier est particulièrement intéressant pour ces pêches de bordures car il pourra remonter vers la surface en cas de contact avec des herbiers ou des branches.
Aussi, je suis un adepte du Freddy 130 CW qui reste un de mes grands classiques de début de saison. Je l’utilise beaucoup comme leurre de surface. Au début de la récupération je l’utilise en lui faisant sortir la tête de l’eau, comme un Bonnie. Ensuite, je le laisse couler dès qu’il y a un peu plus d’eau pour l’utiliser comme un glide bait classique. J’aime beaucoup cette polyvalence du leurre.
Enfin, ce n’est un secret pour personne, le Deraball. Il s’agit d’un leure qui bouge beaucoup d’eau et qui nage lentement. C’est une proie facile. Pour moi le Deraball c’est ça, une proie facile. Le fait de pouvoir pêcher doucement met vraiment les poissons en confiance.
L’autre intérêt du Deraball est son armement. D’une part, il est protégé par le corps du leurre en lui-même. Au printemps, en fonction des biotopes on aura soit des branches dans l’eau, soit des herbiers qui émergent et on pêche parfois dans 20 cm d’eau. Le Deraball passe partout. D’autre part, son armement « en ligne » fait qu’on décroche peu de poissons. Et puis il est compact et dense, donc se lance loin ! Lorsque les eaux sont claires il est important d’aborder les poissons de loin.
Qu’en est-il de ta sélection de leurres pour pêcher décalé de la bordure ?
Gaël Even – On retrouve une nouvelle fois le Deraball qui va me permettre de pêcher en bordure mais également décalé en lui associant un plomb balle en tête. C’est mon leurre N°1 lorsque l’eau est encore un peu froide pour les mêmes raisons qu’évoquées juste avant. Ce leurre déplace beaucoup d’eau et pêche lentement.
Ensuite j’utilise le Dunkle 7 et le Freddy 170 CW pour pêcher vraiment décalé et faire monter les poissons positionnés dans 2-3 mètres d’eau.
Enfin, un autre leurre que j’affectionne particulièrement si les eaux sont claires et froides, c’est le Gantia. Une nage et une silhouette naturelles, une capacité à nager lentement. Il a tout pour plaire !
Hormis en trailer de Jig, tu n’as aucun shad dans ta sélection ?
Gaël Even – Je ne pêche pas trop shad en début de saison. Je ne le fais que lorsque c’est nécessaire. En général on sort de l’automne et de l’hiver au shad. Au printemps je préfère des pêches aux leurres durs où les poissons montent chercher mon leurre. Pour moi le printemps c’est la pêche plaisir par excellence.
De plus, au printemps le plancton ne s’est pas encore développé, on a de l’eau claire, des poissons positionnés dans peu d’eau. Si on passe au travers de l’utilisation des leurres durs à cette saison, des pêches visuelles, des pêches rapides lorsque l’eau est chaude et des touches brutales, on retombe directement dans les pêches au shad ensuite, c’est dommage. Du shad, je sais que je vais en faire à outrance dès les premières grosses chaleurs et jusqu’à l’automne. Je n’ai pas trop envie de me passer des pêches aux leurres durs au printemps.
En complément des types de leurres, as-tu des coloris incontournables pour le printemps ?
Gaël Even – En général, je fais simple. Un coloris grenouille est incontournable en bordure. Ensuite, les coloris perche et fire tiger sont des classiques pour le brochet. Si j’ai de l’eau claire, des herbiers et un grand soleil je sortirais facilement un coloris ayu. Enfin, si toutefois je remarque la présence de brèmes ou de tanches, un ton un peu brun sera de rigueur. Même si j’ai des idées bien arrêtées, je ne suis pas un grand théoricien. Je pars du principe qu’il faut essayer pour savoir. J’ai eu trop de surprises donc je fais simple. Au début de saison je prends un leurre métallique, un poisson nageur, un leurre souple et je sélectionne pour chacun un coloris naturel, un coloris fluo et un coloris perche.
Pour finir, peux-tu nous parler des postes que tu vas prospecter en priorité au printemps et dans quel ordre ?
Gaël Even – En premier, les anses, si possible à l’abris du vent et ensoleillées. S’il y a de l’herbe c’est encore mieux. Ensuite, les bordures ensoleillées avec des arbres immergés. Enfin, des bordures de plateaux ou des plateaux un peu plus profonds avec de préférence des herbiers.
Ce qu’il faut comprendre c’est qu’au printemps, les herbiers c’est ce qui apporte la nourriture, c’est le lieu de fraye des blancs donc en général il se passe toujours quelque chose soit en périphérie, soit sur les herbiers.
