La pêche du thon rouge au leurre connaît un engouement important de la part des pêcheurs de loisir. Chaque année de nouveaux pêcheurs se lancent aux trousses de ces géants des mers qui sont les seuls poissons au monde capables de mener des combats aussi violents en utilisant du matériel spinning. Réussir à amener son premier poisson le long du bateau ne s’improvise pas. Certaines erreurs doivent être évitées à tout prix. Après en avoir fait plusieurs durant mes premières années, je vous les partage. J’espère que ce retour d’expérience vous sera utile.
Ne pas lésiner sur la qualité du matériel
Se lancer dans la pêche du thon rouge demande un investissement financier pour l’achat du matériel.
Je vous en parlais à travers cet article.
J’ai appris de mes erreurs qu’un bon matériel de qualité est nécessaire. Faute de quoi, vous pourriez rapidement vous trouver embêtés dans certaines situations. Outre l’ensemble canne/moulinet, la pince à anneaux brisés devra être de bonne facture pour ouvrir sans mal les anneaux brisés de 300 lbs. Oubliez votre petite pince à pêche traditionnelle.
Certains accessoires comme les baudriers ou encore la pince à thon sont indispensables. La pince à thon, quant à elle, permet de maintenir le poisson le long du bateau, le temps de décrocher le leurre, de prendre quelques photos et de le laisser s’oxygéner avant de repartir.
Le baudrier préservera votre dos des mauvaises positions lors des longs combats.
D’autres accessoires comme les ciseaux à tresse, les gants pour les combats ou encore les anneaux brisés et émerillons rolling sont à sélectionner avec attention sous peine de ne pas réussir à mener à bien le combat.
J’opte pour des modèles d’une résistance minimum de 250 lbs.
Pas de Popper dans les grosses chasses
Lorsque l’on évoque la pêche du thon rouge au leurre, l’image de la magnifique attaque en surface est présente.
Dans certaines situations, cela sera le cas, sur des chasses de petite ou moyenne taille ou encore face à des poissons qui rôdent après qu’une chasse soit terminée.
Il vous arrivera de tomber sur des chasses hors normes, de véritables jacuzzis comme nous les nommons.
Dans ce cas-là, la densité de poisson est telle que le taux de casse est très élevé. Lors du rush initial du poisson, la tresse risque fortement de croiser la route d’un autre congénère entrainant instantanément la casse.
Alors, face à cette situation, j’emploie des leurres souples. Cela est moins visuel, c’est certain, mais je vous garantis que dans ces bouillons vous ne verrez de toute façon pas l’attaque.
Côté financier, la perte d’un combo leurre souple armé de sa tête plombée sera bien moins onéreuse que celle d’un popper.
Sur ces chasses, et comme la majorité du temps, mon leurre fétiche reste le Crazy Sand Eel Rose de Fiiish en taille 220 monté sur sa tête plombée X-Strong
Utiliser une tresse et un shock leader très résistants
Face à ces poissons de taille hors norme, les tresses employées sont généralement de PE 10 ou 12 ce qui équivaut à des résistances entre 130 et 180 lbs. En guise de bas de ligne, un shock leader de résistance importante est raccordé directement au corps de ligne.
Ne lésinez pas sur la résistance de ce dernier. Lors des combats qui peuvent durer très longtemps, les dents des thons finissent par l’user pouvant entraîner la casse.
À cela s’ajoute l’opération critique du lignage qui consiste à maintenir le poisson à la surface en saisissant le bas de ligne. À ce moment-là, la tension sur le shock leader est la plus forte, la canne n’absorbant plus aucun rush ou coup de tête du poisson.
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Si votre bas de ligne est usé et de faible résistance, la casse sera quasiment inévitable. Personnellement, après avoir perdu plusieurs poissons lors de cette étape, j’emploie à présent un bas de ligne en 170 à 220 lbs.
Un ensemble canne et moulinet adapté
Cette pêche demande un matériel spécifique, vous l’aurez compris. Le choix de la canne et moulinet devra répondre à un cahier des charges simple et complexe à la fois, à savoir, lancer des leurres entre 70 et 150 grammes suffisamment loin pour atteindre les chasses et être en mesure de mener à terme des combats avec des poisons qui peuvent dépasser les 250 kilos.
En fonction de votre zone de pêche, les poissons ne seront pas tous de la même taille. Dans le sud-ouest de la France, ils sont généralement plus petits. Une canne en 80 lbs est adaptée. Ici, je vous parle des poissons bien plus gros.
Votre canne devra avoir une longueur suffisante, idéalement 2,20 m afin de pouvoir lancer aisément vos leurres.
Mais pas trop longue pour limiter l’effet de bras de levier en combat qui deviendra un gros désavantage. Ne tentez pas de vous lancer avec une canne trop light. Vous ne ferez qu’éterniser le combat, fatiguant ainsi le poisson ce qui peut fortement compromettre sa relâche.
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Le moulinet devra être en mesure de recevoir une quantité suffisante de tresses de gros diamètre.
Un minimum de 300 m est raisonnable. Tournez-vous vers les modèles taille 20000 à 30000.
Muscler le combat
C’est lors des premières sorties en 2017 que j’ai eu la chance de piquer mes tous premiers thons rouges. A l’époque, je n’osais pas tirer trop fort dessus. Ma crainte était de casser la ligne ou le matériel. Cela avait pour conséquence de faire durer les combats, épuisant ainsi le poisson et le pêcheur. Très vite, je me suis rendu compte que ce n’était pas la meilleure méthode.
À présent, je procède différemment en mettant un frein réglé à 10 kilos à la touche. Je mesure cela en prenant un peson et en tirant avec en linéaire. Une fois le rush initial effectué, j’augmente rapidement le frein. Certes, le poisson est frais et combattra violemment.
Mais retenez que vous, pêcheurs, serez également en forme, non épuisé par le combat. Votre matériel et surtout la tresse et le bas de ligne seront préservés. La tresse n’aura pas encore trop vrillé (plus elle vrille et plus elle perd en résistance et devient cassante) et le bas de ligne sera encore épargné par les dents du poisson.
Le poisson, monté rapidement au bateau, pourra être relâché dans de meilleures conditions.
Avoir un équipage expérimenté
L’idéal est de partir à 3. Chacun aura un rôle lors du combat. Le skipper sera chargé de manœuvrer le bateau afin de permettre aux pêcheurs de se retrouver dans les meilleures conditions possibles pour le combat, mais aussi lors de l’approche de la chasse.
Deux pêcheurs lancent leur ligne. Dès qu’un poisson est piqué, le second pêcheur restera en retrait pour assister celui qui combat en cas de besoin.
Si vous avez la chance d’embarquer avec un équipage déjà expérimenté, votre apprentissage ne sera que plus rapide. Essayez autant que possible d’éviter de partir avec un équipage totalement novice.
Sortez en sécurité
Cela n’est pas valable uniquement pour la pêche du thon rouge, mais dès lors que vous prenez la mer. La particularité de cette pêche est qu’elle se déroule souvent au large, loin des côtes à plusieurs dizaines de milles nautiques.
Là-bas, sur les zones de pêche, le réseau téléphonique est souvent indisponible. Il faudra employer la VHF pour communiquer. Sélectionnez une antenne assez haute. Plus elle est haute et plus vous porterez loin.
Assurez-vous de disposer d’assez de carburant pour couvrir de grandes distances. Il arrive que, pris par l’excitation des chasses qui se déplacent, nous ne nous rendons pas compte de la distance parcourue. Partez avec le plein et si besoin un bidon en plus.
Essayez de sortir à 2 bateaux minimum et cela pour 2 raisons. La première, pour vous faciliter la recherche des chasses sur ces zones qui sont très vastes. La seconde, pour la sécurité. En cas d’avarie, vous serez plus facilement assistés.
Enfin, assurez-vous bien sûr des conditions météo. Au large, à plus de 30 milles des côtes, si le temps se gatte, le retour sera périlleux !
Prévenez toujours un proche de votre zone de pêche ainsi que de l’horaire approximatif de retour.