De nombreux pêcheurs à la mouche recherchent les bars à vue dans les estuaires, en bord de plage, depuis les roches ou au milieu des parcs ostréicoles. Cette pêche est captivante : voir les bars se nourrir et leur proposer notre imitation fait monter l’adrénaline. Cependant, il existe une autre technique tout aussi spectaculaire : la pêche du bar chassant en surface. Avec cette approche, les bars peuvent être très sélectifs et les chasses sont parfois tellement furtives que nous n’avons que quelques secondes pour propulser notre mouche dans le bouillon.
Savoir garder son sang-froid
Devant une chasse de bar, il faut tout d’abord garder son sang-froid. Observer les explosions de petits poissons essayant de fuir les prédateurs est un moment très fort en émotion. Je connais plusieurs pêcheurs qui ont loupé leur partie de pêche parce qu’ils ont paniqué à la vue des chasses.
Le posé était catastrophique : soie emmêlée dans les pieds, bas de ligne qui se pose à la surface en boule ou bien, dans la précipitation, ils ont marché sur la soie et la mouche a fini dans leurs pieds. J’ai même eu l’occasion de voir un ami exécuté un shoot parfait, puis me regarder d’un air dépité : il n’avait pas attaché sa mouche à l’extrémité de son bas de ligne ! Quelle frustration…
La saison propice
Selon moi, les meilleures périodes s’étendent de fin août à fin octobre, voire novembre à condition que la température de l’eau ne soit pas trop basse. Les bars n’aiment pas les eaux trop froides, cela a pour effet de les faire descendre dans une couche d’eau beaucoup plus profonde.
À partir de fin août, les plagistes ont quitté les lieux, il y a moins d’activité nautique sur l’eau ce qui rend les spots de pêche beaucoup plus calmes.
En septembre et octobre, les petits poissons se regroupent en bancs très compacts. Les bars chassent alors les sprats, petites sardines, lançons… Ces proies sont très riches en protéines, vitamines et les bars en ont besoin pour passer l’hiver.
Privilégier les extrémités du jour
Pêchez de préférence au lever du jour ou quelques heures avant la tombée de la nuit. En règle générale, il y a moins de vent, la mer est donc beaucoup plus calme et on peut repérer plus facilement les mouvements de poissons se nourrissant en surface. De plus, les lancers sont beaucoup plus faciles à réaliser avec une canne à mouche.
Marée et coefficient
Privilégiez l’étale de la pleine mer ou de la basse mer. Ce sont de bonnes périodes car le courant est moins fort et les petits poissons se rassemblent en bancs compacts.
Les coefficients de marée ont une influence sur le comportement des bars. Les marées de mortes-eaux, jusqu’à un coefficient de 70, sont les plus appropriées. Au-delà, les choses se compliquent : les poissons se déplacent vite et il est parfois compliqué de trouver de bonnes circonstances.
Repérer les chasses de bars
On entend très souvent les pêcheurs parler du sens de l’eau, mais de quoi parle-t-on exactement ?
Apprendre à déchiffrer les indices que la nature laisse pour déterminer où se trouvent les poissons peut paraître compliqué pour un pêcheur débutant.
Les bars ont leurs propres codes quand ils chassent. Ils ne sautent que très rarement hors de l’eau, donc le premier moyen de déceler leur présence est d’observer le mouvement des oiseaux marins. Ils ont une bien meilleure vue que nous et nous préviennent quant à la présence de poissons par leurs attroupements, leurs cris ou leurs plongeons. Les oiseaux sont donc de précieux alliés pour le pêcheur.
D’autres indices sont plus compliqués et demandent du temps passé au bord de l’eau, beaucoup d’observations : compréhension du comportement du bar en fonction des marées, du vent, des courants …
Le cas de la chasse furtive
La situation la plus complexe est la chasse furtive. Ce cas de figure est vraiment le plus dur nerveusement pour le pêcheur à la mouche. Les poissons trahissent leur présence par quelques signaux à la surface : une légère éclaboussure provoquée par la caudale ou par un léger bouillonnement quand ils se retournent juste au-dessous de la couche d’eau.
Très souvent, ce sont des poissons qui chassent dans de tous petits groupes d’alevins. Dans ce cas, le mieux est de repérer un petit groupe d’alevins est de le suivre en espérant que la chasse se produise devant vous. Quand elle se produit, à vous d’être très réactif pour pouvoir capturer un bar car vous n’aurez qu’une seule chance !
La chasse « classique »
Enfin il y a « LA CHASSE », celle dont tous les pêcheurs rêvent, celle qui dure plusieurs minutes, qui nous procure le plus d’émotions, celle qui fait que la pêche est palpitante. Dans ce cas de figure, toutes les conditions sont réunies pour nous permette de lancer notre mouche sans trop se poser de questions, à condition de ne pas être surexcité.
Le matériel à utiliser pour cette technique
Je vous conseillerais de prévoir un équipement très léger, de bonnes chaussures de wading, des waders et une veste respirante car, du bord, il est parfois nécessaire de courir en direction des chasses ou de marcher pendant de longues heures.
Une canne légère en soie de 8 d’action rapide avec une soie intermédiaire avec un fuseau court sont idéales : les lancers seront plus faciles en cas de vent. Pour ma part, j’ai opté pour une soie munie d’un fuseau transparent qui a l’avantage d’être beaucoup plus discret, les bars peuvent être très réticents à prendre votre mouche à la vue de votre fuseau de soie.
Choisissez une longueur de bas de ligne compris entre 2 m et 2,50 m avec une pointe en 13 lbs.
Pour conclure, sachez qu’il n’y pas de recette miracle dans cette pratique, vous devez à chaque instant vous adapter à la situation et être très réactif face au comportement des poissons. Parfois vous devrez être discrets dans votre approche et dans d’autres situations, vous devrez être rapides et précis tout en adoptant une zen attitude.
