Si la dimension exceptionnelle de ces captures est directement liée à l’expérience de ces vieux poissons devenus méfiants avec l’âge, elle est avant tout due à la rareté de ces spécimens en eux-mêmes. Deux facteurs influencent cette rareté : l’âge et la croissance. Plus les individus sont vieux moins ils sont nombreux, c’est la sélection naturelle. Mais leur taille est aussi due à leur rythme de croissance. On sait également que tous les individus d’une même espèce n’ont pas toujours le bagage génétique pour atteindre une taille record.

Les milieux propices à la présences des grosses perches
Comme pour d’autres espèces, la croissance d’une perche dépend essentiellement de la productivité des milieux et donc de la quantité de nourriture à laquelle elle à accès. La concurrence alimentaire avec ses congénères ou avec d’autres espèces ainsi que la prédation qu’elle subit aux différents stades de sa croissance sont deux autres paramètres influençant la croissance de la perche.
Un grand milieu riche aura toujours tendance à produire de gros poissons mais ce paramètre n’est pas exclusif. Les fleuves et les grands lacs offrent souvent l’asile à ces grandes zébrées mais de petites gravières très productives peuvent également produire de gros individus, dans une étendue d’eau moins déconcertante pour le pécheur.

Observez pour mieux comprendre
Beaucoup d’indices et de réponses se trouvent sous nos yeux sans même qu’on ne les voit. La régularité d’un pêcheur n’est due qu’à l’interprétation de différentes informations récoltées au fil des sessions. Ainsi, en arrivant au bord d’un lac par exemple, observez les berges. Si vous voyez des débris de carapaces, ou mieux des écrevisses vivantes, alors des poissons ont probablement tiré profit de cette nourriture abondante.
Si le spot abrite une population de black-bass importante, eux aussi raffolent des écrevisses, et la concurrence alimentaire sera donc rude pour notre grosse perche en devenir. En revanche, si le black-bass n’est pas présent et que le prédateur principal est le brochet, il est fort probable que quelques perches géantes nagent dans ces eaux.

L’importance des chaines alimentaires
L’équilibre de la biodiversité aquatique est très régulièrement bouleversé et modifié par l’implantation de nouvelles espèces et la disparition de quelques autres. Si ces invasions sont généralement sources d’inquiétude pour les scientifiques, elles permettent parfois la prolifération de certains poissons.
De la même façon que l’écrevisse de Louisiane fait le bonheur de nos carnassiers, d’autres espèces envahissent nos rivières et permettent aux grosses perches de se multiplier. Ainsi, si au cours de votre partie de pêche vous vous retrouvez avec quelques moules zébrés sur votre hameçon, c’est un indice à prendre en considération. En effet ce petit mollusque envahisseur tapisse de plus en plus le fond de nos cours d’eau. Sa prolifération va souvent de paire avec celle de petits gobies d’eau douce, qui vivent et se nourrissent au milieu des moules.
Cet écosystème nouveau offre une abondance de nourriture aux perches qui voient leur rythme de croissance exploser à partir du moment où elles sont assez grosses pour manger les gobies. D’autres carnassiers comme les sandres peuvent profiter de cette nouvelle manne alimentaire.

Bien observer un poisson avant de le relâcher
Le poisson que vous pêchez est un véritable concentré d’informations, ne passez pas à coté. Bien sûr, les différents facteurs à l’origine de cette capture, comme la météo ou le leurre utilisé, sont des éléments à retenir. Mais ça ne s’arrête pas là, l’aspect du poisson a une importance cruciale dans la compréhension du milieu.
La couleur de sa robe peut vous donner la nature de l’habitat où il était embusqué. La texture de son ventre peut vous révéler la présence de carapaces de crustacés à l’intérieur, et donc vous informer sur la nature de son alimentation. Si une perche ou un sandre à le menton usé, parfois même adjoint d’une petite boule osseuse, vous pourrez en déduire qu’il se nourrit en tapant dans le fond, généralement pour faire sortir les fameux gobies invasifs dont nous parlions précédemment.

Les marques de la vie
N’oubliez pas de regarder l’aspect général du poisson. Une perche de 40 cm toute abîmée est souvent synonyme d’une croissance lente et difficile. Il s’agit certainement d’un très vieux poisson dont il est rare de croiser le chemin. A l’inverse un poisson de 45 cm sur un autre milieu pourra être « parfait ». Une grosse perche bien portante sans la moindre cicatrice est probablement un individu jeune qui a connu une croissance rapide. Il est donc plus probable que cette capture ne soit pas un coup de chance et que d’autres perches encore plus grosses vivent sur ce spot. Enfin, vérifiez si le poisson présente des traces d’hameçon autour et dans la gueule. Celles-ci peuvent témoigner de captures antérieures plus ou moins récentes par d’autre pêcheurs. Cela vous donnera une information sur la pression de pêche exercée sur le lieu où vous vous trouvez.