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Découverte de la pêche du Musky sur le fleuve Saint-Laurent

Réussir à capturer un musky de plus de 50 pouces est réservé à peu de pêcheurs d'Amérique du nord. Mais c'est sans prétention que nous avons essayé de nous atteler à cette tâche en tant qu'européens.
La pêche du musky au Québec
  1. Voyage de pêche au Québec à la recherche du musky
  2. Découverte de la pêche du Musky sur le fleuve Saint-Laurent

Dès que nous sortons de l’aéroport de Montréal, l’immensité du Québec s’offre à nous. Les premiers ponts qui surplombent le fleuve Saint-Laurent apparaissent comme de véritables autoroutes de plusieurs kilomètres de long. Comment arriver à trouver des maskinongés dans toute cette immensité ? Nous nous rendons bien compte que c’est mission impossible dans l’aide des locaux.

Objectif : capture d’un Musky trophée sur le Saint-Laurent

Cette dernière journée de notre séjour sera donc consacrée à un baroud d’honneur : la tentative de capturer un musky trophée. Pour cette journée nous avons l’immense chance d’être accueillis très gentiment par JP qui n’est autre qu’un ancien guide au musky du Saint-Laurent n’étant plus en activité aujourd’hui.

JP connait la rivière et les dérives comme sa poche, jusqu’au dernier moment il n’hésitera pas à changer le plan en fonction du débit et de la turbidité du Saint-Laurent. Nous comprenons alors qu’il est possible de bloquer une semaine au musky sur le fleuve à l’avance et de tomber sur des conditions très peu propices à sa pêche. La dure loi de la rivière. Après avoir hésité à pêcher le lac Saint-Louis puis le lac des deux rivières, nous nous rendrons finalement sur le fleuve Saint-Laurent.

Pour cette journée de pêche du musky, suivons le guide !

Nous mettons à l’eau sur un bief amont de Montréal, la rivière me parait immense. Elle fait régulièrement plus de 2km de large. Malgré cette immensité, les dérives clé pour capturer un gros musky ne sont pas légion et plusieurs fois nous pêcherons à proximité d’autres équipes en guidage. Les walleyes boats ainsi que les gros leurres défilent, nous sommes bien au Québec tabernacle !

On nous explique vite que le premier problème, et pas des moindre, c’est l’accès aux mises à l’eau, notamment autour de Montréal, qui semblent de plus en plus réglementés. Les municipalités québécoises défendent leur pêche patrimoniale et rendent les accès de plus en plus compliqués pour les non-résidents. Ainsi, pour pouvoir accéder à une mise à l’eau, il faut bien souvent se délester de prêt de 500 $CA annuellement. Tout semble étudié pour que le tourisme pêche se développe tout en restant soigneusement encadré par les municipalités et les guides de pêche.

De notre côté, avec de la chance et pas mal d’huile de coude, nous évitons une grosse amende de justesse et devons bouger notre voiture plusieurs kilomètres en aval sur une mise à l’eau à 40$CA la journée.

La configuration de la pêche du musky sur le Saint-Laurent

JP nous explique rapidement comment nous allons dériver et je saisis assez vite que la configuration est très proche voir identique à ce que j’ai l’habitude de pratiquer en Hollande. Une pêche en frontière d’herbiers. Ici, ce qu’on recherche avant tout autre chose se sont des potamots. Des potamots plutôt aérés avec une profondeur avoisinant les 3 mètres : un pur schéma à gros brochet hollandais.

En effet, à cette époque les gros muskies affectionnent les eaux chaudes et il n’est pas forcément pertinent de les chercher sur les cassures.

Ici c’est le paradis des Walleye boats !

Le matériel pour pêcher le musky sur le Saint-Laurent

Pour cette journée de pêche, nous aurons rangé nos modestes cannes travel au fond de nos sacs. On se contentera de pêcher avec des cannes spécifiques et adaptés aux gros muskies. Les moulinets casting Shimano Tranx à hauts ratios ainsi que les cannes XXXH sont de sortie. De la corde faisant office de tresse et de véritables hameçons triple de boucher en 4/0. Point de vue « tackle » le dépaysement est bien là.

Le chatterbait dragon

Sélection de cannes pour pêcher le musky :

ST CROIX LEGEND TOURNAMENT MUSKY (tous les modèles)

ILLEX NIGHT SHADOWS B 265 XXXH WAR DOG

EVERGREEN KALEIDO INSPIRARE 611 XXXHR THE GIANT DIRE WOLF RS

ZENAQ GLANZ CASTING (tous les modèles)

BFT LIZZARD X HEAVY POWER

DEPS HUGE CUSTOM CASTING (tous les modèles)

WOLFCREEK DAMN YOU ROD CASTING (tous les modèles)

TENRYU INJECTION BC 85 XXH

La technique

JP sait que nous sommes français et non familiarisés à cette pêche de « bourrin », il prend donc le temps de bien nous expliquer comment nous devons pêcher et ce à quoi il faut vraiment nous appliquer.

Il nous laisse toutefois choisir nos leurres car pour lui ce qui prime c’est la vitesse de récupération et la hauteur de nage du leurre avant tout. Ce sont les facteurs principaux qui déclencheront l’attaque du poisson.

La fameuse « figure en 8 », indissociable de la pêche du musky

Nous partons également du principe que les poissons sont suiveurs plus que mordeurs et en ce sens il insiste pour que nous fassions systématiquement un « eight trap » à la fin de chaque lancer (la fameuse figure en 8).

Je m’étais fait à cette idée avant cette journée mais je n’avais pas anticipé le fait que le « figure eight » se doit d’être très ample pour ne pas perdre/semer le poisson en cas de suivi. A chaque fin de lancer, il faut donc arrêter le leurre à 40cm du scion et mettre un bon tiers de la canne dans l’eau, une main sur le moulinet une autre sur le talon et s’employer à faire la figure en 8 en pliant les genoux vers l’avant.

J’ai l’impression à chaque fin de lancer de remuer un aligot géant avec une cuillère géante, on est clairement sur une pêche physique, les dorsaux sont plus que mis à contribution.

Cette pêche est tellement mentale et physique pour de l’eau douce que l’on saisit rapidement que de nombreux pêcheurs vont être limités dans la capture d’un joli musky. Comme gravir un sommet bien classé n’est pas à la portée de tous. Je suis donc dans mon pur élément, c’est tout ce que j’aime.

Ici vous ne trouverez aucune finesse

Les leurres qui ont fonctionné pour la pêche du musky sur le Saint-Laurent

Les lancers se succèdent à bord et nous échangeons avec JP. Nous assimilons leur approche de cette pêche et émettons des hypothèses techniques sur ce qui pourrait également fonctionner.

JP nous indique que les leurres types bucktail (qui sont en fait constitués d’une double colorado avec un flashabou) sont très réguliers à la belle saison. Les leurres avec des nages plus séquencées comme les gros jerks où les bulldawgs et autres tubes auxquels on fait faire des bonds sont eux plus efficaces à l’automne.

NB : les gammes de leurres des marques américaines MUSKY INNOVATIONS ou BEAVER’S BAITS proposées en exclusivité européenne par DPSG sont spécialement conçues pour la pêche du musky en Amérique.

Je ne cherche donc pas à réinventer la poudre et aussi dans l’intérêt de l’immersion dans leur culture halieutique, je ne lâcherai pratiquement pas ma bucktail noire de la journée.

LA fameuse bucktail avec ses triples 4/0

Un souvenir à part

Les heures passent et les centaines de lancers qui vont avec continuent de défiler. Je ne cherche rien, j’ai déjà posé mon cerveau depuis un moment, j’attends juste que la foudre d’une touche me délivre comme je sais le faire au grand brochet.

Croire en son étoile

Malgré les croyances, la médisance des uns ou encore la bienveillance des autres, si la nature veut me récompenser, elle le fera, je n’en ai aucun doute. A moi d’être assez digne pour elle.

Nous avons déjà pris un musky métré dans la matinée en pêchant très rapidement au Fox Rage Replicant Jointed 23cm. Ce fut la seule action en 4h de pêche. Nous savons que c’est une journée compliquée mais qu’il y a tout de même moyen de décider quelques sujets.

Musky métré au Replicant Jointed 23cm 😎

JP s’assure que nous ne passons pas derrière d’autres équipes qui ont l’air de ratisser autant que nous avec des gros leurres et puis, sur une dérive vraiment belle de par sa configuration, il surgit là, dans mes pieds, à quelques mètres devant moi.

La délivrance

Je vois une tête énorme rattraper mon leurre et j’ai à peine le temps de réaliser ce qui m’arrive que je suis déjà en train d’effectuer un ferrage à la hanche par réflexe.

Ce poisson s’est saisit de mon leurre alors que j’allais me préparer à amorcer mon « figure eight« . Autrement dit, à quelques dixièmes de secondes, ma canne n’est plus bien placée pour envoyer un gros ferrage. Il semblerait que la nature a trouvé que j’étais assez digne pour m’offrir un de ses trésors.

Le combat est brutal mais pas exceptionnel non plus. Les muskies sont des poissons qui montent très vite dans les acides lactiques et s’épuisent vraiment rapidement.

Les deux cros de boucher en fer forgés sont bien plantés dans la gueule du poisson. Guillaume se fait aider par JP pour les découper à la pince coupante tous les deux.

La séance photo se veut brève et JP insiste pour que le poisson retourne très vite à l’eau. Je relâche ce rêve à nageoires inespéré. Je vois le sentiment de réussite dans les yeux de mes complices québécois. Compte tenu du peu de touches auxquelles on peut prétendre, la pêche du musky reste un sport d’équipe avant tout.

Une vraie robe de brochet de l’Amour ce musky

Une autre culture

Pour les canadiens, laisser des ardillons démesurés dans la chaire du poisson est moins dommageable que de chercher à extraire les hameçons. C’est un point de vue que j’arrive difficilement à critiquer par manque de recul et de preuves scientifiques.

Nous restons toutefois assez critiques sur le manque d’évolution du matériel par les pêcheurs de Musky. Quand on regarde ce qui continue de se vendre en magasin, on dirait qu’ils sont resté bloqués dans les années 90. C’est assez remarquable car en termes de bonne pratique du catch and release, ils avaient 20 ans d’avance sur nous, les européens. Ici, pas d’hameçon à affûtage chimique téfloné ni de tresse haut de gamme récente. Le terminal tackle est démesuré et dénué de toute discrétion. Seuls les moulinets sont à peu près à la page.

Pas là pour faire dans la finesse !

Le fait que nous ayons validé que le Fox Rage Replicant Jointed fonctionne sur cette espèce est assez satisfaisant également. Un leurre avec des vibrations différentes et qui passe très vite au-dessus des poissons. Nous avions plus ou moins cerné un des patterns depuis la France.

Planifier un voyage autour du Musky au Québec

Nous repartons du Québec, riches de cette courte expérience de la pêche du maskinongé. Avec le regret de n’être pas tombés sur une journée « normale » où d’habitude les suivis sont légion.

Mettre de l’eau dans son « french vine »

Il ne fait nul doute que nous n’aurions jamais réussi ces captures sans l’aide des locaux qui se sont pliés en quatre pour nous. Le prêt du matériel a aussi été crucial. Ce dernier jour, nous avons commencé à pêcher vers 08h00 du matin jusque 17h00 quasi non stop pour seulement deux actions pour 4 pêcheurs. La marge d’erreur est faible et il ne faut jamais rien lâcher, c’est une pêche d’équipe avant tout.

Difficile donc d’ajouter un musky à sa bucket list sans contacter un guide de pêche sur place afin de maximiser ses chances de réussite. Hélas nous sommes en Amérique du nord et les prestations risquent d’être assez chères.

A la revoyure mes chums !

Les Canadiens avaient des décennies d’avance sur nous dans les années 2000 dans la recherche des grands esoxidés, aujourd’hui nous avons largement comblé notre retard en termes d’approche et de matériel. Toutefois, ils continuent d’avoir une pratique et une science du no kill qui surclasse encore la notre, et de loin. C’est une autre culture et les pêcheurs n’ont ici pas le même ego. Pour un pêcheur de musky passionné, une photo ne vaudra jamais la vie d’un poisson.

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